Ce n'était pas la première fois que Lydia Martin frôlait la mort : mais celle-ci avait vraisemblablement décidé de lui offrir une seconde chance un peu particulière. En tout cas, c'était ce dont la jeune femme était convaincue.
Parce que la présence de cette forêt tout autour d'elle, aussi étonnante soit-elle, lui paraissait bien réelle. Bien sûr, Lydia doutait : elle qui se savait blessée et qui se souvenait parfaitement bien de la manière dont cela s'était passé malgré le choc et le sang qu'elle avait perdu, trouvait très étonnant le fait de ne souffrir de rien. Elle se tâta, alla jusqu'à soulever un peu le haut qu'elle portait. Sa peau était immaculée, vierge de la présence de toute balle. Techniquement, le fait qu'elle soit indemne était impossible et elle en avait bien conscience.
Mais tous ces arbres et cette atmosphère si particulière... Elle ne pouvait pas les inventer. Puis elle sentait le vent frais qui courait sur sa peau étrangement sensible – trop pour que cela soit un simple hasard.
Alors, même si tout ceci la déroutait profondément, elle décida de ne pas rester plantée là, au beau milieu de cet espace à la végétation luxuriante qui s'assombrissait petit à petit. Elle crut d'ailleurs le rêver tant la chose était légère, progressive. De toute façon, ce paysage entier lui paraissait à la fois réel et onirique, alors un peu plus ou un peu moins...
Lydia marcha longuement et s'arrêta au moment où elle crut entendre quelque chose... Des sons s'apparentant à une voix. Elle tenta d'en apprendre davantage en se concentrant sur le ton qu'elle employait, ses mots... Mais elle était trop loin. Alors, la jeune femme décida de suivre ce son qui parfois s'arrêtait – pour son plus grand malheur. Elle attendit chaque fois patiemment qu'il reprenne, de sorte à pouvoir suivre sa piste le plus efficacement possible. Il serait bête qu'elle passe si près d'une présence humaine et qu'elle se perde en si bon chemin... Alors qu'elle était persuadée qu'en la trouvant, elle pourrait répondre à quelques-unes de ses questions au moins – notamment lui donner des preuves quant à la véracité de ce paysage, s'il y en avait une. La banshee s'engagea donc dans un chemin un peu étroit et fort sombre. Les arbres semblaient former une sorte de pont au-dessus de sa tête et le ciel, qu'elle entrapercevait au travers des feuillages, était rempli d'étoiles à tel point qu'elle pouvait compter sur les doigts d'une main les fois où elle en avait vu un pareil. L'endroit était réellement dépourvu de toute pollution lumineuse, comme si l'être humain avait laissé cet endroit à l'abandon – ce qui n'était pas plus mal.
Lydia avait toujours aimé les espaces naturels vierges ou du moins, ceux qu'on laissait vivre, que l'on ne bétonnait pas pour le profit. Les endroits tels que celui-ci la faisaient rêver.
D'ailleurs, il lui faisait grandement penser à la forêt de Beacon Hills. Elle secoua la tête et se rabroua : elle divaguait et c'était exactement ce qu'il ne lui fallait pas faire. Si elle continuait, la voix allait lui échapper. Elle risquait donc de ce perdre, ce qui était inenvisageable pour elle, qui, malgré la beauté du paysage, ne désirait pas y rester indéfiniment.
Peu à peu, grâce à sa ténacité, elle réussit à se rapprocher, à entendre un peu mieux : elle put donc discerner le fait qu'il s'agissait d'une voix masculine. Pas la plus grave qui soit, mais pas la plus aigüe non plus. Puis, au fur et à mesure qu'elle avançait – elle manqua de tomber à plusieurs reprises tant elle marchait vite –, elle perçut des accents familiers. La voix lui disait vraiment quelque chose. Elle lui trouva l'air pressé, un peu désespéré... Le genre de chose qu'elle n'avait pas l'habitude de percevoir chez lui. Son inconscient avait déjà résolu le mystère, contrairement à sa conscience qui, elle ramait. Car si Lydia avançait sans difficulté, son corps ne faisant montre d'aucune fatigue, sa tête montrait quelques difficultés d'adaptation. Elle était limitée dans ses réflexions et dans ce qu'elle pouvait faire intellectuellement parlant.
Ainsi donc, ce n'est qu'en débarquant dans une espèce de plaine un peu étrange qu'elle comprit que la pipelette désespérée qui ne cessait de parler depuis un moment déjà, c'était Stiles. Alors qu'elle avait jusque-là marché vite, Lydia ralentit le rythme à cause du choc qui la prit. Non seulement Stiles était là, à quelques dizaines de mètres d'elles mais en plus, il n'était pas seul. Il marchait – vite – à côté d'un homme à peine plus grand que lui... Un homme dont elle connaissait bien la silhouette et dont elle vit le visage lorsqu'il se mit à tourner la tête à droite et à gauche dans un mouvement lent. Il observait son environnement.
Elle n'avait jamais vu un Derek aussi perdu de sa vie.
- Putain de Sourwolf de merde ! Qu'est-ce que je dois faire pour que tu réagisses ?!
Contrairement à ce que laissaient entendre ses mots et son ton, Stiles n'était pas vraiment énervé. Il avait juste l'air... Désespéré. Profondément désespéré. Et il n'arrêta pas de parler, de dire des grossièretés, de déclamer des choses sans queue ni tête... Ce qu'il lâchait n'avait effectivement pas toujours de sens, mais Lydia comprit rapidement qu'il ne savait que faire.
- Qu'est-ce que... Qu'est-ce qui se passe ? Balbutia-t-elle.
Et alors qu'elle n'avait pas parlé particulièrement fort, deux têtes se tournèrent d'un même mouvement dans sa direction comme si elle s'était trouvée tout près d'eux. Stiles semblait on ne peut plus surpris, presque autant que Derek. Lui, il avait vraiment l'air choqué comme s'il avait vu un mort. L'un comme l'autre se mirent à marcher dans sa direction d'un pas pressé.
- Lydia ! S'était exclamé Stiles.
- Lydia... ? Tu as l'air d'aller bien, avait soufflé Derek.
Les deux jeunes hommes avaient parlé en même temps, sans se soucier de l'autre... Et Lydia, complètement perdue, les regarda l'un après l'autre. Qu'était-elle censée dire, faire... ? Et que signifiait leur attitude ? Pourquoi Derek n'avait-il pas jeté un regard à l'hyperactif et pourquoi ce dernier n'avait-il pas réussi à attirer son attention malgré ses tentatives ?
- Attendez, attendez, demanda-t-elle en secouant les mains devant elle et en faisant un pas en arrière.
Il fallait qu'elle se concentre et qu'elle fasse le point. La voilà qui débarquait dans un endroit qu'elle ne connaissait pas – même s'il ressemblait à s'y méprendre à la forêt de Beacon Hills. Stiles et Derek s'y trouvaient aussi mais le second ne semblait pas faire cas du premier. Lydia se pinça l'arête du nez. Tout ce qu'elle voyait pouvait très bien être une rêverie à cause de l'état dans lequel elle se trouvait. Disons que si elle ne se souvenait pas exactement de ce qui lui était arrivé, elle savait que c'était important, grave.
Quelque chose qui avait peut-être manqué de l'envoyer dans l'autre monde. Et elle frissonna en imaginant que cet endroit... Pouvait être l'autre monde en question.
- Attendez ? Répéta bêtement Derek, un sourcil haussé.
Il fit un pas en avant et approcha sa main de la jeune femme avant de suspendre son geste, comme s'il n'était pas sûr de lui... La voyait-il seulement vraiment ?
Lydia, de son côté, tourna la tête vers Stiles. Il était complètement immobile, le regard particulièrement inquiet.
- Je ne t'ai jamais vue aussi blanche, commenta-t-il simplement.
Il la trouvait pâle comme la mort mais trouvait que cette formulation manquait de tact. Et vu la tête qu'elle faisait, il préférait la ménager.
- Lydia, qu'est-ce que tu regardes ? Lui demanda alors Derek, les sourcils froncés. Qu'est-ce qui t'arrive ?
- Elle me regarde, elle, fit Stiles sur un ton de reproche, les bras croisés sur son torse.
Mais Derek avait véritablement l'air perdu : il avait beau suivre la direction des yeux de Lydia, il ne voyait rien... Et le visage de la banshee sembla se décomposer au fur et à mesure qu'elle se mettait à réaliser quelque chose.
- Je ne sais pas, souffla la jeune femme, complètement perturbée. Je n'en sais rien...
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L'Emissaire Primordial
FanfictionLa meute s'accorde des vacances bien méritées qui vont virer au cauchemar. L'état de santé de Stiles se dégrade rapidement et Deaton commence à comprendre que l'hyperactif est plus important pour la meute qu'il n'y paraît. Car Stiles est un émissair...