Chapitre 17

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Le décor était toujours le même et la forêt, morte, cette fois. Derek décida de suivre son instinct même si les arbres étaient noirs comme la nuit et nus. Pas une feuille ne les habillait. Ils étaient morts, morts, morts. Le corps immatériel du loup avança, passa à travers les mêmes chemins que la fois précédente. Il courait et gardait en mémoire le parcours qui l'avait conduit au premier Nemeton, où il avait trouvé Stiles recroquevillé sur lui-même, dans un état déplorable.

Sauf que lorsque Derek arriva, le tronc était vide de tout occupant. Un frisson d'horreur le parcourut et son loup intérieur s'affola. Où ? Où ? Où ? Ne cessa-t-il de se demander. Il regarda partout, tourna sur lui-même dans une frénésie indéniable. Si Stiles n'était pas ici, où pouvait-il se trouver ? La réponse lui vint tout naturellement.

L'autre Nemeton.

Au même moment, un hurlement glaçant fendit le silence avec une violence telle que Derek en eut le souffle coupé. Ses oreilles, déjà, saignaient. Le loup sentit le liquide chaud couler, tant et si bien que, perplexe, il amena sa main droite à son lobe et... Il se figea. Rouge. Choqué, il se força néanmoins à recentrer ses priorités. D'où venait ce hurlement ? Son instinct parla et il sortit de cette clairière qui n'avait de clair que le nom, s'enfonça entre les piliers sombres de la mort. Il courut, courut, courut. Les muscles bandés, Derek ne sentait pas la fatigue et accéléra la cadence, oubliant totalement qu'il s'agissait d'un rêve.

Réalité ou non, il sentait le venin de l'urgence fuser dans ses veines.

Derek se concentra. A droite. Ce qui le frappa alors qu'il courait plus vite que jamais, c'était ce silence des plus glaçants. Dans cette forêt née de ses rêves, rien ne vivait, pas même la végétation, pas même le moindre animal. Tout cet endroit qui bruissait de bruit et de vie la fois dernière... Nouveau hurlement. A gauche, maintenant. Profondément mal à l'aise, Derek passait entre les arbres avec une rapidité folle mais le regard incertain. Cette fois, il n'avait plus l'impression de connaître la forêt. En fait, elle ne lui était plus familière, sans doute à cause de cette ambiance de mort omniprésente. Le cœur battant à tout rompre, Derek faillit s'arrêter et se figer tant le cri qui fut poussé, le troisième, lui glaça le sang.

Parce qu'il était plus faible et plus déchirant que les autres.

Le quatrième fut quasiment inaudible.

Mais ce n'était pas grave. Derek savait qu'il se rapprochait parce qu'enfin, l'effluve si particulier de Stiles commença à lui parvenir. La peur coulant dans ses veines tout autant que l'urgence, il fut incapable d'essayer de l'appeler, de simplement... Tenter le contact. D'abord, il devait le trouver. Le voir. D'un coup, Derek oublia qu'il se trouvait dans un rêve commun, un rêve connu de lui seul... Et de Stiles. Pour lui, la situation était atrocement réelle. Tangible, elle l'était... Dans un sens. Allant à une vitesse impressionnante, c'est à peine si Derek sentit les branches des arbres l'érafler. La végétation morte semblait se resserrer autour de lui, mais il n'en avait que faire. Il allait en sortir et retrouver Stiles. Il n'en avait aucun doute, mais... Dans quel état allait-il le trouver ? La peur sembla décupler l'énergie imaginaire de Derek qui, sans trop savoir comment, comprit où il devait aller.

Quelque chose, de bien plus fort que son instinct, parlait à sa place dans sa tête. Il entendit une voix, jeune. Brisée. Derek s'arrêta un instant. Tourna sur lui-même. Tenta de déployer ses sens olfactifs à leur maximum.

Rien. Personne.

Mais cette voix, toujours.

Un appel à l'aide. Un souffle ténu. Des mots difficilement prononcés. Un nom, à peine plus articulé que les autres palabres.

L'Emissaire PrimordialOù les histoires vivent. Découvrez maintenant