28| ℍ𝕠𝕞𝕞𝕖 𝕕𝕖 𝕗𝕠𝕚

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𝕃a délicieuse odeur qui s'infiltre dans mes narines titille mes sens et achève de me tirer du sommeil. D'un geste nonchalant, je repousse la couverture, m'étire avec la grâce d'un ogre, puis glisse une main sous ma tête. L'autre dégage mollement mes locks de mon visage tandis que je hume ce parfum sucré.

Même après toutes ces années, je reconnaîtrais entre mille l'arôme subtil des beignets au sucre glace. Rien qu'à l'idée d'en croquer un, ma bouche se met à saliver. Mais je prends le temps de sortir du coaltar et ne descends au rez-de-chaussée qu'après un passage rapide par la salle de bains.

En bas, je trouve Akim en pleine action dans la cuisine. Concentré sur le plan de travail, il s'active avec une précision presque maniaque. Des bols remplis d'ingrédients, et d'autres débordant de beignets bien dorés, entourent une assiette qu'il saupoudre méticuleusement de sucre.

Malgré sa concentration, il dodeline légèrement de la tête en suivant le rythme de la louange diffusée par son téléphone. Je m'arrête dans l'encadrement de la porte et croise les bras en esquissant un sourire face à ce spectacle rare.

- Salut.

Akim sursaute. Pris au dépourvu, il me jette un regard un peu penaud, puis s'essuie les mains sur son tablier avant de baisser le volume de son téléphone.

- Séraphin, bonjour ! Je ne t'ai pas entendu descendre. J'espère ne pas t'avoir réveillé.

- C'était plutôt l'odeur des beignets, ce qui n'est pas forcément une mauvaise chose.

- Oh, vas-y, je t'en prie.

Il me tend une assiette vide et m'enjoint à me servir. Je suis conquis à la première bouchée.

- Ils sont délicieux.

- La recette de ma mère ne rate jamais, se réjouit-il. Au départ, je voulais en faire pour le petit-déjeuner. Puis je me suis dit qu'on pourrait aussi en ramener chez tes parents. Ils ne seront jamais de trop.

En effet, ces petites douceurs locales font toujours fureur. Mais vu l'heure matinale et la quantité qui s'amoncelle autour de lui, il a dû se lever aux aurores.

- T'as réussi à dormir un peu ? m'enquiers-je en m'appuyant à ses côtés contre le plan de travail.

Il lève à nouveau la tête vers moi, un frêle sourire accroché aux lèvres.

- Oui, ne t'en fais pas.

Ses cernes disent tout le contraire.

La veille, mes parents se sont imposés au dîner. Un moment mémorable, mêlant gêne ambiante et langue de bois. Par chance, ils sont partis assez tôt pour boucler les préparatifs de Juneteenth. Akim m'a alors demandé de l'aider à déplacer quelques-uns des cartons contenant les affaires de Thys. Il a prétendu vouloir faire le tri immédiatement, dans l'idée de rapporter certains objets à ma mère et d'en donner d'autres à la communauté.

J'ignore où il en est dans ce tri, mais, étant dans la chambre voisine, je sais qu'il a veillé tard et que ses larmes ont coulé plus d'une fois.

***

Nous arrivons chez mes parents sur les coups de dix heures. La maison familiale, fidèle à mes souvenirs, est décorée aux couleurs de Juneteenth. Des guirlandes rouges, vertes et noires serpentent autour des poutres, enjambent les arbres du jardin et ornent la grande cour.

Ralentis par des convives, tous plus enjoués les uns que les autres, nous progressons péniblement le long du buffet généreux qui nourrit bien des discussions. Consciente de combien ces bienséances m'insupportent, Améthyste me couvre d'un regard compatissant et m'encourage à tenir bon.

Séraphin en mission [MxM | 🔞]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant