54 | ℂ𝕠𝕞𝕞𝕖 𝕕𝕖𝕤 𝕡𝕝𝕦𝕞𝕖𝕤 𝕕'𝕠𝕚𝕤𝕖𝕒𝕦

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ℙénétrer un repère de malfrats sans arme ni moyen d'appeler des renforts n'est pas le meilleur cas de figure qui s'offre à moi. Je l'avais cependant prévu. Je n'ai gardé ces objets que pour sauver les apparences.

Concentré, je scrute chaque recoin de l'endroit dès que j'arrive à l'intérieur. La déco n'est pas différente de ce que j'ai pu voir du Whispers sur les photos que Sawyer a réussi à prendre le soir où il y est allé en reconnaissance. L'aménagement est chic, se veut glamour, mais reste dans le style de la plupart des clubs de striptease aisés. Je salue cordialement les autres personnes présentes en me dirigeant lentement vers le bar. Je compte une bonne quinzaine d'invités, parmi lesquels seules deux potentielles acheteuses détonnent dans le paysage typiquement masculin. Rappel que le crime n'a ni genre ni couleur.

J'appelle la barmaid en tenue affriolante d'une main levée et m'accoude au comptoir pour évaluer les lieux. En attendant ma commande, je prends bonne note de la poignée d'hommes armés postés à des endroits stratégiques tels que l'issue de secours, le pied de l'estrade ou encore le couloir menant aux espaces réservés au personnel. Sans doute l'endroit où sont enfermées les victimes en attendant le début de la vente. Je repère aussi l'hôte de la soirée, occupé à converser avec ses convives à tour de bras. Il s'agit d'un de ces collaborateurs avec qui Roy Daniels forme le réseau de clubs hypothétiquement impliqués dans les enlèvements. Ce dernier ne semble malheureusement pas être de la partie aujourd'hui.

Mon regard tombe soudain sur un homme qui capte toute mon attention. Un des gardes. Debout au pied de l'estrade centrale dans une posture quasi militaire, il semble m'étudier d'un œil tout aussi stratégique. Ses traits typés et le tatouage tribal qui orne son avant-bras gauche achèvent de porter ma déduction sur le fait qu'il soit plutôt amérindien que latino. Je hoche poliment la tête à son attention, ce à quoi il se garde bien de réagir. Son visage allongé, encadré de longs cheveux noirs et raides qui chutent dans son dos jusqu'à ses hanches, reste aussi stoïque que sa mâchoire anguleuse.

De toute évidence, l'impassibilité faisait partie des critères d'embauche privilégiés pour cette soirée privée.

L'ombre de suspicion qui flotte dans le son regard sombre de ce garde me pousse à détourner les yeux. Non sans une nouvelle certitude : il me tient à l'œil. Je vais devoir m'en méfier.

Je me détourne complètement de la salle lorsque la barmaid me sert mon Gin Tonic. Histoire de repasser sous le radar. Nehemiah récupère mon attention en apparaissant soudain à mes côtés.

« Lui ! Je le reconnais. »

Je refreine un léger juron. Bien que cette manie de disparaître et réapparaître d'un coup soit inhérente aux esprits, ils parviennent encore à le faire quand je m'y attends le moins ! Les coudes posés sur le comptoir, je tourne la tête dans la direction qu'elle pointe d'un doigt insistant.

Évidemment, il fallait qu'il s'agisse du type aux cheveux longs.

— T'es sûre de toi ? murmuré-je contre le rebord de mon verre.

« À 100 % ! Quand j'ai entendu l'autre connard parler de la vente, il était avec le grand manie-tout de ce soir et ce mec leur collait au train comme un chien de garde. Je m'en souviens bien, parce que je l'ai trouvé muy guapo. J'aimerais comprendre pourquoi les mauvais garçons sont toujours les plus sexy, marmonne-t-elle d'un air pensif. Enfin, bref... Il était hyper discret et silencieux, en restant en retrait tout du long, mais jamais à plus d'un mètre. On aurait dit un homme de main, ou un truc du genre. Et s'il est toujours collé au sale type qui gère les enchères ce soir, alors il doit savoir un paquet de choses sur toutes les horreurs dans lesquelles il trempe ! »

Séraphin en mission [MxM | 🔞]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant