Séraphin en mission [MxM | 🔞]

55 | 𝕃𝕦𝕞𝕚𝕖̀𝕣𝕖 𝕓𝕝𝕒𝕟𝕔𝕙𝕖

𝕃a lumière blanche qui m'aveugle me force à me protéger les yeux en pliant mon bras par-dessus mon visage.

Où je suis ?

Je n'en ai foutrement aucune idée !

Privé de ma vue, j'essaie de me fier à mon ouïe pour me situer. D'abord, un silence complet règne autour de moi. Puis des bruits indistincts le percent progressivement. De légers bips, il me semble, étouffés par un bourdonnement qui reste indéfinissable. Je me retourne, sourcils froncés, sans rien voir d'autre que cette lueur éblouissante. Elle se dissipe quelques secondes plus tard, laissant place aux contours grossiers d'un des décors que je hais le plus : une chambre d'hôpital.

L'odeur aseptisée ambiante est peut-être bien la seule chose que je perçois parfaitement. Tout le reste me paraît flou. Comme si mes yeux étaient incapables de faire leur mise au point. Je les frotte et cligne des paupières plusieurs fois. Rien y fait. Résigné à observer les alentours en détail malgré cet inconvénient, je parviens à repérer quelques personnes dans la pièce. L'une d'entre elles est installée non loin de la porte, au fond du fauteuil adossé au mur, la tête tombant sur son épaule. Position assez peu confortable pour que son sommeil ne soit réparateur. La deuxième silhouette me tourne le dos, assise sur une chaise placée à côté du lit médical sur lequel le haut de son corps est avachi.

Après m'être approché de quelques pas, je distingue enfin le visage du patient au chevet duquel ces deux personnes veillent. Mon cœur dégringole d'au moins trois étages lorsque je reconnais l'homme allongé inerte, branché à la machine responsable des bips répétitifs qui me tapent sur le système.

Je comprends enfin pourquoi tout est flou. Pourquoi je ne perçois que des échos lointains de ce qui m'entoure... C'est évident, maintenant. Mon esprit n'est plus ancré au monde des vivants.

Hébété, je recule d'un pas machinal. Incapable de traiter cette information avec le sang-froid que n'importe qui attendrait de la part d'un Texas Ranger médium.

Mon souffle devient soudain erratique. Je me penche tout de suite en avant. Sans doute par réflexe. Appuyé sur mes genoux dans une vaine tentative de reprendre contenance, je me surprends à me demander quelle logique il y a à faire de l'hyperventilation alors qu'on n'est même pas dans son enveloppe physique !

Je fais volte-face quand un grand coup sec atterrit sur mon bras.

— Cela ne sert plus à rien de paniquer.

Encore abasourdi par cette réalisation désolante, je peine à articuler une réponse. Seule vision nette au milieu de tout ce flou, Améthyste me toise, les mains dorénavant posées sur ses hanches.

— Quel autre résultat imaginais-tu en allant là-bas seul ?

— Je... Je suis mourant ? haleté-je, désabusé.

Ses traits mécontents s'adoucissent face à mon désarroi. Elle porte à son tour son regard attristé sur mon corps immobile, me replongeant dans le silence étouffé d'un monde que je ne ressens plus qu'en arrière-plan.

Bon sang... Je n'ai pas le moindre souvenir d'avoir quitté mon corps la dernière fois que j'ai frôlé la mort. La simple idée d'être ce coup-ci condamné à la fin me fait froid dans le dos. Aussi puéril cela puisse-t-il sonner, je n'ai aucune envie de mourir !

— Améthyste, coassé-je. Est-ce que... Est-ce que je...

— Je crois que ta sœur est encore sous le choc.

Mes yeux s'arrondissent de stupeur lorsque Nehemiah m'accroche l'avant-bras. Je baisse le regard vers elle. Sa frimousse on ne peut plus joviale tranche avec l'inquiétude qui transpire sur mon visage. Mon air contrit tire d'ailleurs un rire franc à l'ancienne étudiante.