33 | 𝕁𝕖 𝕤𝕦𝕚𝕤 𝕥𝕒 𝕞𝕖̀𝕣𝕖

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ℂonsciente de son ingérence incessante malgré mes avertissements, Améthyste commence par se pincer les lèvres avant d'approcher, les mains sur la poitrine et la mine concernée.

« Des années durant, j'ai regardé nos parents se languir de toi en pensant que ton départ et ton indifférence leur avait brisé le cœur. J'étais loin d'imaginer à quel point je me trompais... Être un fantôme m'aura au moins permis d'ouvrir les yeux sur les côtés les moins reluisants des personnes que j'aime. »

— Et de mieux les manipuler ! m'emporté-je aussi bas que possible, les yeux rivés à ceux de ma sœur.

Même si je suis dorénavant seul à la cuisine, Eliakim et ma mère restent à portée de voix. Je dois prendre garde à ne pas attirer leur attention. Mais d'un coup, je comprends beaucoup mieux pourquoi Améthyste a décidé de s'éclipser hier soir. Elle voulait simplement influencer notre mère en lui chuchotant aux oreilles. Une fois de plus ! Par-dessus le marché, elle m'a embobiné pour que je pense qu'elle me laissait de l'espace.

C'est surtout ce qui me reste en travers de la gorge.

« Ne le prends pas ainsi, Séraphin. Je ne souhaite que t'aider à panser tes blessures d'enfant. »

— Je t'ai expressément demandé de ne plus t'interposer de cette façon dans mes relations. Quelles qu'elles soient.

Son regard larmoyant est loin de suffire à me calmer. Elle se bute à sa vision naïve et optimiste du monde, sans rien piger aux aberrations de celui dans lequel je gravite.

À court de patience, je choisis de me réfugier à l'étage. Plus pour m'épargner un face à face désagréable que pour enfin me débarrasser de cette farine qui s'incruste à mes pores, mais ça fera une bonne excuse.

— Entrez, je vous en prie. Installez-vous, entends-je Eliakim lancer.

Je jette un œil dans l'entrée en passant et constate que ma mère n'est pas venue seule. Odessa, la tante d'Akim, l'accompagne.

Manquait plus que ça.

— Vous auriez dû prévenir de votre visite, reprend ce dernier. Je me serais rendu plus présentable.

Son ton se veut détendu, presque badin. Mais en réalité, Akim est mal à l'aise. Pourtant, rien ne cloche avec sa chemise en lin et son short en coton. Sauf qu'il est du genre à penser qu'il doit absolument être sous son meilleur jour pour satisfaire les attentes de sa famille.

Au lycée déjà, quand je l'aidais à remettre la cravate de notre foutu uniforme, la moindre imperfection lui causait une montagne de stress. Je n'ai jamais compris son besoin de se conformer à des cases bien définies, dans l'unique but de faire plaisir à des personnes qui sont finalement incapables de l'accepter tel qu'il est. Cette simple idée me fout encore plus en rogne. Je grimpe les escaliers deux par deux, sans m'attarder sur la voix de ma mère qui m'a aperçu et me salue depuis le séjour.

Têtue, ma sœur avance dans mon sillage et continue d'insister d'une voix suppliante.

« Je me doute que tu n'as pas envie de lui parler, mais tu devrais tout au moins écouter ce que Mummy a à te dire. »

— Fous moi la paix, Améthyste, finis-je par cracher.

Je m'arrête devant la porte de la salle d'eau, la fusille du regard et assène, le visage plus fermé que jamais :

— Là, sérieusement, c'est mieux que tu disparaisses.

Thys hoquette de surprise, affichant la même expression interdite que ma servit notre mère pas plus tard qu'hier. À croire que c'est toujours moi qui dépasse les bornes.

Séraphin en mission [MxM | 🔞]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant