27 | 𝔹𝕚𝕖𝕟𝕧𝕖𝕟𝕦𝕖 𝕔𝕙𝕖𝕫 𝕥𝕠𝕚

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𝕌ne fois de plus, je suis convoqué dans le bureau du proviseur à cause d'une bagarre. Les autres élèves trouvent marrant de m'emmerder à longueur de journée, mais c'est moi qui suis obligé d'écouter un énième discours à la mords-moi-le-nœud sur les règles de ce foutu lycée.

C'est vraiment le monde à l'envers !

Je quitte des yeux les égratignures sur le dos de ma main pour jeter un regard blasé vers mes vieux. Assis droit dans leurs chaises, ils opinent sagement, tentant de faire bonne figure. Je sais pourtant qu'ils sont loin d'être jouasses de se retrouver dans cette situation. N'empêche, c'est quand même de leur faute si on traverse toute cette merde ! Enfin... À moitié. Après ce que m'a fait Monsieur Día, j'avais besoin que mes parents me rassurent. Qu'ils me disent que rien ne clochait chez moi. Mais je ne pouvais pas leur parler d'Eliakim, ni de ce qui s'était passé chez lui avec son père. Tout ce que j'ai trouvé le courage de leur avouer, c'est que j'étais tombé amoureux. Et que c'était d'un garçon.

S'ils n'avaient pas réagi comme si je les couvrait de la pire des honte, j'aurais pas pris à cœur de leur faire comprendre à quoi ressemble vraiment ce sentiment !

Je dois quand même admettre que je regrette d'avoir chauffé mon ex le lendemain, jusqu'à le convaincre de me rouler une pelle derrière l'église après la messe. Il m'intéresse même plus, en vrai. Je l'ai fait par pure provocation, sans penser aux répercutions si on se faisait choper. Maintenant, toute la congrégation est au courant, et aussi tout le lycée.

Si je peux rien faire pour fermer le clapet aux adultes, c'est différent au bahut. Je suis plutôt balèze pour mon âge. Un regard assassin suffit généralement à faire taire les mauvaises langues. Sauf qu'avec les mecs plus costaud que moi, ça marche pas toujours.

Je me retiens de lâcher un soupir qui ne ferait qu'alimenter les reproches que je me prends depuis dix longues minutes. J'essaie de me tenir tranquille, de laisser le coach Martin parler à ma place. Il a insisté auprès du proviseur pour être là, et c'est bien le seul qui prenne ma défense. Mais je finis par craquer en entendant l'autre petit blanc s'acharner à faire ce que lui et ses semblables savent faire le mieux : jouer les victimes après avoir tout provoqué.

— Coach, Beauchamp nous a attaqués comme une vraie brute ! Vous l'avez bien vu.

— Seulement après que tu m'aies giflé et traité de "sale petite lopette" ! répliqué-je en me redressant dans mon siège.

— Mais je ne le pensais pas, pleurniche-t-il.

Il ne pensait surtout pas que je lui tiendrait enfin tête aujourd'hui. Son regard faussement navré s'arrête tour à tour sur le proviseur puis sur mes parents.

— En plus, c'était juste une petite claque de rien du tout, pour rigoler.

— Et c'était juste un petit coup de poing dans ta tronche de con. Maintenant, c'est toi qui chouine comme une lopette.

— Séraphin ! Tais-toi immédiatement !

Comme toujours, ma mère pince super fort pour me réprimander. Contraint au silence, je ronge mon frein et frotte la peau douloureuse de mon bras.

— Nous avons bien conscience que Séraphin est sujet de nombreuses brimades depuis le début des rumeurs sur... ses préférences amoureuses, articule difficilement le proviseur. Des mesures éducatives ont été prises avec les élèves concernés. Mais votre fils se montre particulièrement belliqueux et se bat à la moindre occasion. C'est déjà la seconde fois. Je vous rappelle que notre établissement ne cautionne en aucun cas la violence. Cela dit, compte tenu de la situation, nous sommes prêts à fermer les yeux une dernière fois s'il consent à s'excuser auprès de tous les camarades qu'il a agressés à ce jour.

Séraphin en mission [MxM | 🔞]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant