48 | 𝕃'𝕖𝕗𝕗𝕖𝕥 𝕕'𝕦𝕟𝕖 𝕘𝕚𝕗𝕝𝕖

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Ma question fuse malgré moi. D'autant plus abrupte, elle semble avoir l'effet d'une gifle. Eliakim secoue la tête et cligne des yeux, comme s'il essayait de débugger. Il n'y a absolument aucun doute sur le fait qu'il ait vu ce qu'il n'aurait jamais dû voir.

Je me lève en vitesse, à la recherche de mon t-shirt à défaut de pouvoir creuser un trou où m'enterrer. Sawyer, lui, se rhabille en silence. Ses yeux expectatifs font des allers-retours entre Akim et moi. Je sens aussi ceux d'Eliakim brûler ma peau nue et, avant que je puisse retrouver ce satané bout de tissu, il s'engage vers la porte. Sans le moindre mot.

Son air sidéré a laissé place à une fureur muette, marquée de pas déterminés qui le portent vers la sortie. Les pires scénarios se bousculent dans ma tête, et mon cœur loupe un battement alors qu'Akim passe devant moi comme une fusée.

Je crève de peur qu'il fasse une connerie, comme se précipiter dans le premier magasin qu'il croise pour acheter de quoi oublier ce qu'il vient de voir. Je l'intercepte alors d'une poigne assez ferme.

- Akim...

- Ne me touche pas !

Faisant volte face, il se dégage de ma prise d'un geste beaucoup trop aisé.

Il me repousse, avec une force que je ne lui soupçonnais pas, et sa violente réaction ne surprend pas que moi. Sawyer se lève sur le coup, prêt à intervenir si nécessaire.

Le souffle court, Eliakim recule de quelques pas. Les mains levées, comme pour établir un mur infranchissable entre nous, il reprend d'un ton plus froid :

- Je m'en vais. Je t'interdis de me toucher.

Dépité, j'acquiesce.

Akim n'est pas une menace physiquement parlant. Mais lorsqu'il se renferme ainsi, il devient difficile de prévoir ce qu'il va dire ou faire. Il a déjà prouvé qu'il pouvait être dangereux pour lui-même, et pour les autres par la même occasion. J'essaie donc de garder un discours aussi neutre que possible pour éviter de rendre la situation plus chaotique qu'elle ne l'est déjà.

- D'accord. Dis-moi juste où tu vas.

- Ailleurs, crache-t-il. Je suis de trop, visiblement.

Il m'accroche d'un regard sévère, auparavant fuyant. Ses yeux rougis brillent d'émotion contenue.

Bon sang ! Je suis vraiment trop con.

Ma volonté d'une gestion de crise en bonne et due forme s'évapore face à sa froideur piquante. Un profond soupir m'échappe et je dois refouler mon envie de l'attirer de force dans mes bras pour me confondre en excuses.

Ces dernières ne sont toutefois pas une option.

J'aimerais réussir à m'y lancer à corps perdu. Malheureusement, je suis tout juste capable d'aligner quelques mots pitoyables.

- Je suis vraiment désolé, Akim. Je ne pensais pas que-

- Que j'étais là ? m'interrompt-il, l'irritation soulevée par ce constat devenue très palpable. Je l'ai bien compris... Et j'ai aussi compris autre chose, figure-toi.

Il croise les bras sur son buste, les traits de plus en plus durs.

- Depuis tout ce temps, mon père avait raison... Tu n'es animé que par le vice. Cela explique mieux tes moments de frustration. J'imagine à quel point il t'est pénible de te coltiner un boulet qui t'empêche de vivre librement ta petite vie de débauche.

- Eh ! intervient sèchement Sawyer. Je veux pas me mêler de vos histoires, mais gaffe à ce que tu dis, Padre.

- Tu as raison, rétorque Eliakim en le toisant. Tu ferais mieux de fermer ta gueule, pour une fois. Vous êtes tout bonnement répugnants.

Séraphin en mission [MxM | 🔞]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant