51 | ℂœ𝕦𝕣 𝕖𝕟 𝕝𝕒𝕞𝕓𝕖𝕒𝕦𝕩

230 20 16
                                        

Lorsque le voile du sommeil glisse de mon esprit, je dégage l'oreiller de sous ma tête d'un revers de la main sans même penser à ouvrir les yeux. À la place, je me retourne à plat ventre dans mon lit en poussant un grognement fatigué.

Quand une soif intense me fait prendre conscience que j'ai la bouche sèche, un nouveau grondement m'échappe.

Je n'ai absolument aucune envie de bouger de mon lit.

Je pense à faire un peu de résistance, mais la soif s'avère plus forte que mon envie de grasse matinée. Je roule encore une fois dans mes draps, sur le dos, ce coup-ci, et tente d'ouvrir les yeux après avoir repoussé mes cheveux de mon visage. Mes paupières me paraissent d'abord peser une tonne, puis s'ensuit cette désagréable impression d'avoir du sable dans les yeux. La légère migraine qui se réveille à son tour des deux côtés de ma tête confirme que je me tape une gueule de bois royale. Je me frotte machinalement les yeux d'une main, tout en massant mon trapèze raidit de l'autre, quand une voix inopinée me fait sursauter.

— Si tu penses ton mal de crâne insoutenable, imagines-toi te réveiller couvert de ton vomi.

Le ton est plus réprobateur qu'humoristique. Je plisse le front pour mieux distinguer le visage d'Eliakim à travers les éclats du jour, qui filtrent de la fenêtre ouverte.

Je me demande d'abord si son départ n'était qu'un horrible cauchemar, mais je ne me souviens que trop bien de mon entretien avec Sandoval et de ce qui a causé mon passage au bar irlandais...

Debout non loin de la table de chevet, les traits stoïques, Akim me tend patiemment une petite bouteille. Lorsque je la récupère, il me présente sa seconde main, au creux de laquelle trône un cachet ovale. De par sa posture rigide et son attitude détachée, il aimerait sans doute montrer combien il reste indifférent. Sa présence et ces simples attentions à mon égard révèlent toutefois qu'il n'y parvient pas.

— Merci, murmuré-je du bout des lèvres.

Je me redresse avec précaution, et une infime grimace, pour m'asseoir en tailleur. Je gobe ensuite le cacheton sans attendre, avant de vider la bouteille d'eau d'une traite. J'abandonne ensuite cette dernière entre mes jambes, prêt à plonger le visage dans mes mains pour étouffer le soupir qui remonte dans ma poitrine. Seulement, le regard insistant d'Elikiam me pèse et me pousse à lever la tête.

Nos regards se croisent. L'embarras règne, et...

— Comment te sens-tu ? s'enquiert-il après un moment de flottement.

— Aussi déphasé qu'après avoir fait un truc con dont j'aurais pu m'abstenir.

Ma réponse s'articule aussi après un court délai de traitement. Un silence gênant retombe dans la pièce. Il dure quelques instants, puis Akim se détourne de moi.

— Je vais te préparer quelque chose à manger.

— Ne te sens pas obligé, marmonné-je par réflexe.

— Ce n'est pas le cas, réfute-t-il d'un ton sec, sans même prendre la peine de me regarder. Je le fais simplement par altruisme. Ensuite, je m'en irai.

Les yeux écarquillés par son annonce glaciale, je me lève en vitesse.

— Akim, attends !

La tête m'en tourne. Je me prends les pieds dans la bassine posée au sol, trébuche, mais parviens à m'asseoir au pied du lit sans me vautrer par terre.

Une main sur le front, je ferme fortement les paupières pour faire passer mon vertige. Quand je rouvre les yeux, Eliakim est toujours là, devant la porte. Incertain quant au fait de la franchir ou de rester à mes côtés.

Séraphin en mission [MxM | 🔞]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant