Séraphin en mission [MxM | 🔞]

56 | ℂ𝕙𝕖𝕧𝕖𝕦 𝕤𝕦𝕣 𝕝𝕒 𝕤𝕠𝕦𝕡𝕖

𝕁e grimace devant le miroir de la salle de bains en terminant d'enfiler ma chemise par-dessus mon t-shirt. À en croire Akim et Sawyer, j'ai repris des couleurs depuis que je me suis réveillé. J'ai pourtant l'impression d'être blême comme un mort. Un rappel insistant de ce à quoi j'ai échappé.

Selon le médecin qui m'a opéré, j'ai eu beaucoup de chance que cette balle se soit logée dans ma ceinture abdominale sans toucher d'organes vitaux. Lors de ma visite de contrôle de ce matin, il m'a encore recommandé de longues semaines de repos pour permettre à mon corps de s'en remettre. Évidemment j'ai opiné, mais je lui ai bien fait comprendre que je sortirais aujourd'hui quelque soit son avis. Je suis cloîtré dans cette chambre à tourner en rond depuis trois jours sous couvert de "repos". Si j'y passe un de plus, je vais péter une durite. C'est certain. Alors je sortirai avec ou sans son accord. Après tout, je ne suis plus à l'article de la mort ! Je tiens debout sur mes jambes. Je me sens capable d'assurer mes tâches quotidiennes. J'ai mon aide à domicile pour le ménage, une infirmière se pointera chez moi dès demain pour changer mes pansements et vérifier que tout guérit bien dans les semaines qui viennent. Rien ne justifie que je reste ici plus longtemps, si ce n'est l'excès de prudence.

La main posée sur mon ventre par réflexe, je dégage mes cheveux de mon cou pour vérifier les bords du pansement qui y est collé. Mon nom aurait à coup sûr allongé la liste des morts du Juicy Dolls si ce deuxième tir ne m'avait pas simplement éraflé...

Des bruits de pas me tirent de ces réflexions lugubres. Je rafle en vitesse ma trousse de toilette du meuble-lavabo. Ce qui me vaut une nouvelle grimace. Voilà la seule ombre au tableau. Étant passé de perfusions de morphine à de simples cachets, le moindre de mes gestes ravive la douleur qui irradie de mon abdomen. Seulement, je déteste les traitements opioïdés. Je préfère encore serrer les dents et embrasser mon mal plutôt que de les avaler comme des bonbecs. C'est donc à grands pas crispés que je retourne dans la chambre.

— Je suis prêt ! On peut-

Ma phrase s'arrête net lorsque mes yeux se posent sur mon visiteur, qui n'a absolument rien à voir avec Eliakim. Ses yeux noirs perçants se verrouillent sur ma position et un sourire, sans aucun doute alimenté par ma surprise, étire ses lèvres pleines.

— Vous ? Ici... craché-je entre mes dents serrées.

Mon Sig-Sauer est dans mon holster, rangé dans mon sac, qui lui est posé sur la table de chevet installée à la tête du lit. Sans lâcher l'intru du regard, je passe mentalement en revue tout ce qui pourrait me servir d'alternative comme arme dans cette fichue chambre. C'est-à-dire, pas grand-chose ! D'autant plus que je ne suis pas sûr de parvenir à lui balancer une chaise sans finir au sol, tordu de douleur.

— Du calme, Ranger, commence-t-il d'une voix impérieuse.

Son sourire narquois toujours en place, il avance de quelques pas. Attentif quant à ma réaction. Tout aussi vigilant, je tiens ma position tandis qu'il poursuit en croisant les bras sur son torse.

— Vous étiez bien plus détendu lorsqu'il s'agissait de vous pavaner sur mon territoire. Je me suis dit que j'allais rendre la pareille, mais vous ne risquez pas de retourner sur le terrain avant que votre vilaine blessure ne soit guérie et je me voyais mal débarquer sous votre porche.

Un pistolet trône à sa ceinture, enfermé dans son holster. Je me prépare à me défendre quand il bouge la main. Il en a bien conscience, donc il ralentit son geste. C'est dans la poche arrière de son jean qu'il fourre sa main. Il en sort tout aussi lentement un étui noir, qu'il ouvre sous mes yeux méfiants.

— Agent Wahowen Greenwood. Ravi d'enfin me présenter à vous dans les règles de l'art, Ranger Beauchamp.

Mon regard reste quelques instants bloqué sur sa plaque. Cet homme n'a rien à voir avec les mecs en costume qu'on s'imagine en rencontrant un agent fédéral. Lorsqu'il range sa plaque, je regagne assez de contenance pour lancer :