Séraphin en mission [MxM | 🔞]

53 | ℂ𝕠û𝕥𝕖 𝕢𝕦𝕖 𝕔𝕠û𝕥𝕖

𝕁'aurais conduit une bonne heure et demie pour arriver dans ce quartier hypé de la ville de Waco.

Garé dans une des rares allées non éclairées, je soulève la banquette arrière de mon RAM pour accéder à mes armes. À mes côtés, Nehemiah lâche un long sifflet d'admiration devant le plateau bien rempli où elles sont rangées.

« Se balader avec un petit arsenal dans son pick-up, c'est le truc le plus américano qui soit. »

— Loué soit le Second amendement, ironisé-je d'une voix morne.

Attentif à mon environnement, je replace le siège après avoir inspecté et chargé mon Smith & Wesson. Je le glisse ensuite dans mon holster, habituellement réservé à l'arme de service qui trône à ma ceinture au côté de mon étoile de ranger.

Ce soir, aucune des deux n'est de mise. Je n'ai pourtant pas le droit à l'erreur, puisque je risque de les perdre si mon intervention se déroule mal.

Ravalant la boule d'angoisse qui tente de se former dans ma gorge, j'avise Nehemiah d'un regard pragmatique.

— T'as toujours le plan d'action en tête ?

« Oui, chef, soupire-t-elle en roulant des yeux, bras croisés sur son buste. Je suis tes yeux là où tu ne vois pas. Je dois fouiller les lieux. Ne pas faire de siennes, et bla bla bla, jusqu'à ton signal. »

J'opine, sans rien répondre. On en a discuté toute l'après-midi, après que j'ai passé en revue mes éléments d'enquête, puis tout le trajet jusqu'à Waco. Je tiens tout de même à m'assurer qu'elle ait bien compris que partir en vrille à la moindre contrariété ne jouera pas en notre faveur.

Une fois mon RAM verrouillé, je glisse ma clé dans ma poche et remonte la capuche de mon sweatshirt par-dessus le bonnet noir qui couvre mes locks. Je remonte ensuite l'allée à pas lents, les mains enfouies dans les poches de mon survêtement et le regard porté au loin sur la voie principale.

Nehemiah m'emboîte le pas. Chose aussi inhabituelle que compréhensible, elle ne prononce pas le moindre mot. La situation la rend tellement tendue que sa présence à mes côtés me cause de légers frissons. Les poings serrés dans mes poches, je me fais violence pour ignorer cette lourde charge émotionnelle qui s'ajoute à la mienne.

Je traverse la rue principale d'un pas cadencé, puis rejoins le trottoir qui borde la route. Tout en le longeant, j'observe les quelques personnes qui se baladent ou courent à petites foulées dans l'espace vert qui forme une sorte de parc. Les activités des ombres qui s'étirent et se succèdent sous les lampadaires aux lumières jaunies m'intéressent toutefois assez peu. Le club privé où est censée se dérouler la vente aux enchères n'est qu'à quelques mètres. L'enseigne éteinte indique que ce dernier est fermé. Il n'ouvrira pas au public aujourd'hui, il n'y a donc aucun employé chargé de gérer la clientèle à l'extérieur. Je m'arrête non loin d'un arbre qui me sert de brise-vue tandis que j'épie d'un œil discret la circulation des voitures et des gens qui vont dans cette direction. Je reste posté assez longtemps pour apercevoir trois voitures s'engouffrer dans le parking adjacent et tout autant d'individus marcher tour à tour le long du trottoir qui borde l'entrée du club jusqu'à ce qu'ils bifurquent vers la porte de service.

Grâce à Nehemiah, qui fait quelques allers-retours à l'intérieur, j'ai la confirmation que ce sont bien de potentiels acheteurs.

Capuche remontée sur ma tête, je traverse à nouveau la rue lorsqu'une quatrième voiture disparaît dans le parking. Le regard alerte, je me dirige nonchalamment vers la façade du club après un coup d'œil à ma coéquipière fantôme. Je me gratte le front et m'assure que mon visage soit dissimulé par ma main lorsque je lève la tête pour vérifier l'absence de caméra à l'angle où je compte me poster. Je m'y appuie ensuite dans une position nonchalante. Le dos et un pied à plat contre le mur, je fais mine d'être concentré sur mon téléphone tandis que Nehemiah tourne en rond en se rongeant les ongles.