Mysterious Eyes - En cours de réécriture (Dispo en Broché et Ebook sur Amazon)

Part 43 : La relève

AVA

Je suis réveillée par une chaleur étouffante avec l'impression que quelque chose me comprime le buste et l'abdomen. Quand j'ouvre les yeux, il fait jour et je constate que je suis complètement enroulée dans la veste d'Aden tel un rouleau de printemps. Je respire cette odeur devenue familière de cuir avant de m'en dégager. Elle pèse si lourd.

Comment fait-il pour la supporter au quotidien ? Je pensais qu'elles étaient légères !

Mon corps est fourbu et j'ai la nette impression qu'un bulldozer m'est passé dessus.

Je lève un œil sur le plâtre craquelé au plafond. Les murs jadis d'un blanc immaculé sont veinés par la végétation. Encore une fois, les araignées ont pris d'assaut ce lieu abandonné. Plusieurs, gigantesques et velues, trônent aux coins de la pièce. Leurs toiles s'étendent partout. Certains de leurs fils gagnent le sofa comme des ponts suspendus ; chemin direct à mes cheveux et mon cou. Doux Jésus !

Je me relève sur un coude, frissonne puis m'ébroue. Sincèrement, si j'avais vu l'état de la maison en plein jour, sûr que j'aurais soigné Aden sous la pluie.

Aden...

Aden !

Nous avons fait l'amour !

Attends... Avons-nous fait l'amour ou avons-nous baisé ?

Je ne sais plus quoi penser. Pour être tout à fait sincère, je n'ai pas envie de me faire des nœuds au cerveau. Je dois prendre les choses avec détachement. C'est mon nouveau mantra. Plus je serai dans l'affect, plus je le ferai fuir. Aden est finalement le plus sensible de nous deux. Je l'ai constaté hier à sa manière de me faire l'amour ou me baiser...

Bon, sérieux, on a baisé ou fait l'amour ?!

Ava ! On se détend. L'un ou l'autre, cela me convient. Pour le moment...

Je saisis mon t-shirt froissé qui gît sur le côté, mes doigts partent en quête de mon pantalon que je trouve au pied du canapé. Je l'enfile lentement pour ne pas perdre l'équilibre. Je me sens encore faible.

Alors que quelques heures auparavant, j'aurais eu peur qu'Aden m'ait laissée seule, à présent, je suis certaine qu'il traîne dans les parages.

Mes doigts de pied touchent les carreaux tièdes et avec effort, je me lève. Je fais gaffe à ne pas marcher sur une des sœurs des grosses bêtes qui m'observent dans tous les coins.

Je renifle, car l'odeur de poussière se mélange à celle d'une viande grillée. Mais, peut-être que je me trompe. C'est brumeux dans ma tête et mon odorat doit me jouer des tours. Je remarque qu'une chaise a été rapprochée.

Je me penche pour jauger son assise et une assiette recouverte d'un tissu y est déposée.

J'y découvre du manioc grillé et de la viande rouge. Je m'empare du plat pour l'engloutir pratiquement en deux minutes. C'est tellement bon de sentir la nourriture dévaler ma gorge et grossir mon ventre vide. Ma gourde d'eau est là aussi, je la saisis et me désaltère. Ma tête tourne un peu. Je ne suis pas certaine d'être complètement guérie.

Je dois me soutenir sur le dossier de la chaise un instant avant de m'élancer dans la pièce. Je me dirige dans le couloir puis monte à l'étage. L'ambiance spéciale de cette maison sale et déserte pourrait m'angoisser quelque peu, mais le soleil et le mélodieux chant des oiseaux à des effets salvateurs.

La pluie a cessé. Je regarde ma montre, il est plus de midi. Je devais être épuisée pour dormir autant. Peut-être que j'étais aussi... comblée. Cette nuit a été agitée. Et vraiment très bonne. Très... très bonne.