Mysterious Eyes - En cours de réécriture (Dispo en Broché et Ebook sur Amazon)

Part 44 : Brûlure

Je me réveille sous un épais amas de couvertures. Aden a dû m'en couvrir alors que je dormais, mais je me demande s'il n'a pas voulu que je meure de chaud.

La vision un peu floue, je regarde autour de moi. Sur une commode, je constate qu'il y a une nouvelle assiette garnie de viande et autre chose que je ne connais pas. Seraient-ce des fruits cuits au feu ? Quelle odeur écoeurante... Est-ce la grossesse qui me donne mes premiers symptômes du dégoût ?

Nauséeuse, je sors du lit, descends les escaliers en m'accrochant au garde corps et me dirige vers la porte d'entrée. J'ai besoin d'air.

J'ouvre le battant en grand et je suis surprise de trouver Aden sous le porche. Il est assis contre le pilier, les jambes allongées devant lui et j'ai le sentiment qu'il dormait avant que j'arrive.

Il y a tant d'endroits et d'espace dans une maison, pourquoi s'obstine-t-il à coucher dehors ?

Il se redresse en ramenant ses pieds sur les marches.

C'est évident que la tension entre nous ne va pas disparaître comme ça, mais elle s'accentue de jour en jour.

Je m'assieds au milieu des escaliers et incline la tête en arrière pour laisser le vent apaiser la chaleur qui s'est emparée de ma peau depuis mon réveil. J'ouvre la bouche pour mieux respirer, et très vite, je sens son regard sur moi.

— Je ne vais pas bien, l'informé-je.

— Tu as mangé ?

Aden est du genre à tout résoudre avec de la nourriture.

— Non, mais merci.

Du coin de l'oeil, je le vois détourner le regard vers la forêt.

— Force-toi.

Alors que je suis écœurée ? 

Sans un regard, il me tend une gourde que j'accepte et bois à petite gorgée.

Je jette un coup d'œil plus bas, sur ses mains, celles qui ont servi à tuer l'animal pour le repas. Des mains fermes, capables d'autant de douceur qu'elles peuvent tuer de sang froid. Malgré tout, Aden a ce côté rassurant que je n'ai trouvé chez personne. Sa femme ne manquera de rien.

Comme j'aimerais ne jamais manquer de rien...

Son visage tourne dans ma direction. S'il a déchiffré mes émotions, il a dû deviner que suis envieuse et surtout infiniment triste.

Mais ce n'est rien. Ça va passer...

Il m'analyse encore, étrangement. Bientôt, je kidnappe son regard dans le mien. Mais il détourne aussitôt les yeux. Il positionne son pied sur une marche plus haute, prêt à déguerpir, j'en suis sûre.

— Nous ne devons pas nous attarder. Dès que le jour sera levé, nous partirons, soulève-t-il en réponse à mes pensées.

— D'accord.

Il fait encore comme si nous n'avions pas couché ensemble. Je ne demande pas d'explications, encore moins des excuses pour son comportement froid et distant. Je comprends cette barrière. C'est moi qui est initié les choses une fois encore, alors je l'assume. Mais je déteste qu'il se sente gêné avec moi. J'ai compris le message, après tout.

Je refuse de me laisser abattre et de ne pas profiter de ces instants seul à seule avec lui. Ce seront peut-être les derniers.

Je baisse le menton, pose les coudes sur mes cuisses et l'observe à la dérobée. Les dernières lueurs de la lune éclairent son profil, ses larges épaules et ses mains d'homme qu'il a croisées entre ses jambes.