Chapitre 6 : « Can you please take your hand off my daughter's posterior. »

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« Chère April.

Je suppose que si tu lis cette lettre, c'est que je suis mort. J'ai longtemps pensé à ne rien te léguer d'autre que ce bout de papier, car ton âme est si pure que j'aurais peur de la corrompre en te laissant trop de choses superflues. Puis j'ai compris que tu étais probablement la seule personne au monde que je ne saurais corrompre, de quelque manière que ce soit. C'est moi qui ai écrit ton discours, et excuse-moi si cela te vexe, c'était mon ultime test. Je vois que tu as refusé ce que j'ai écrit pour toi, et bien que j'ignore ce que tu as dit à la place, je suis très fier de toi. Ne sois pas énervée par ta famille, leurs cœurs n'étaient pas assez purs pour supporter la célébrité et la richesse ; cela ne fait pas d'eux de mauvaises personnes. De plus, Elinor et son Hélène ne sont pas si corrompus. Ils te recontacteront bientôt, tu sais ; ne perds pas espoir. J'aurais adoré t'aider dans ses jeux de piste, mais elle y tient tellement... Et je pense que tu y arriveras. Tu es loin d'être la plus bête des Anderson, même si tu tiens toujours à essayer de nous persuader du contraire.

Concernant la clé qu'on t'a donnée, elle ouvre la pièce secrète que Eli et toi avez toujours nié avoir découverte. Allez, April, j'ai toujours su que vous l'aviez trouvée ! Et si non... C'est le moment de t'y mettre. Parce que ce qui est caché dedans devrait te plaire.

Je t'aime, April. Et je suis fier de toi, toujours, et à jamais. Quoi que tu fasses, quoi qu'ils essaient de te faire dire. Et reste toi-même, quoi qu'il arrive, car tu es une personne merveilleuse. »

Ce message était certes mignon tout plein, mais je n'y comprenais rien. Déjà parce que j'ignorais toujours pas qui était cette satané Hélène. Il semblait que, depuis que j'avais brûlé la lettre d'Elinor, j'en avais plus besoin que jamais... Je regrettais d'avoir obéis à ma sœur. D'autant plus que depuis qu'elle m'avait ordonné de brûler ce que je considérais comme sa relique, elle ne m'avait pas envoyé un seul nouveau signe de vie, alors qu'elle avait dit qu'elle m'enverrait des indices dès que j'aurais obéis à cet ordre...

Et puis, d'un autre côté, j'étais perdue car je ne m'attendais absolument pas à ce que mon grand-père juge sa propre famille aussi sévèrement. Après tout, il avait toujours invité tout le monde en Suisse, même si l'ambiance n'était pas vraiment au beau fixe. Je m'étais toujours dit qu'il les aimait tous, et qu'il espérait que quelque chose changerait un jour...

De plus, j'avais un petit problème. La clé dont il parlait se trouvait effectivement dans l'enveloppe, avec la lettre, seulement... Elinor et moi n'avions pas « juste » nié avoir trouvé la pièce secrète durant toute notre enfance : nous n'y avions vraiment jamais mis les pieds. J'étais vraiment nulle pour tous ces jeux de piste. Je ne trouvais pas Hélène, ni les pièces secrètes, j'étais incapable de comprendre les indices...

Depuis la première fois qu'il nous avait accusées d'avoir trouvé la pièce secrète, je m'étais dit qu'on y accédait en sortant un livre de la bibliothèque, comme dans les films ; j'avais été confortée dans ma théorie en apprenant ce qu'il m'avait légué : la moitié des livres de mon grand-père se trouvaient ici, dans les Hamptons, et il avait bien précisé qu'il me léguait les livres, la maison et tout ce qu'il y avait dedans... Pourtant, la redondance, initialement, ce n'était pas dans ses pratiques. C'est pour cela que j'avais aussitôt traîné Clément dans cette salle, afin qu'il m'aide à sortir chacun des livres de son étagère, un par un. Ce dernier chantonnait une chanson inconnue de mon répertoire musical en accomplissant sa tâche : il savait pertinemment que je ne le laisserais pas arrêter avant d'avoir trouvé ma pièce imaginaire, et que je n'avais pas spécialement envie de parler ; il respectait mes choix dans la bonne humeur, ce que j'appréciais énormément.

Il y avait une pièce, dans l'appartement que je partageais avec le trio infernal, qui était restée vide un bon moment. La géographie de notre étage était très étrange : le salon était immense, et il n'y avait aucune démarcation entre la cuisine, la salle à manger, et le salon à proprement parler (à savoir l'endroit où étaient regroupés la télévision, le canapé, les fauteuils et la table basse). Cette pièce centrale était tellement immense que nous avions décidé que la moitié serait transformée en dancefloor – cette décision avait réveillé la folle furieuse qui sommeillait en Chloé, qui nous avait alors annoncé que si elle loupait son année à cause de nos soirées intempestives, elle tuerait chacun de nous dans notre sommeil. Ce à quoi Elaine avait répondu qu'au moins, morte, elle n'aurait plus à supporter la coloc la plus rabat-joie du monde, et elles avaient fini par se taper dessus à coup de chaussures à talons. Enfin, bref. Passons. Chacun d'entre nous avait une chambre et un dressing immense, et il y avaient deux salle de bain : je partageais la première avec Chloé (officiellement parce qu'elle se lavait le soir et moi le matin, officieusement parce qu'aucune de nous deux ne voulait partager la salle de bain d'Elaine : elle pour la raison évidente que les deux charmantes demoiselles ne se supportaient pas, et moi parce que la mannequin de la colocation possédait tellement de produit de beauté que je n'aurais pas été capable de retrouver ma brosse à dent au milieu de son bazar), la deuxième était occupée par Elaine et Léo. Il me semblait que ce dernier était très heureux de sa situation, et qu'il tentait par tous les moyens de rentrer lorsque sa coloc était plus ou moins dénudée.

April By NightOù les histoires vivent. Découvrez maintenant