J'ouvris les yeux sur le plafond blanc du ma chambre. L'espace d'un instant, je me sentis bien, si bien ! Puis les récents événements me revinrent en mémoire ; je me souvins que mon grand-père était mort, que ma sœur était une psychopathe, que j'avais invité l'un de mes cousin que je portais le moins dans mon cœur à venir chez moi quand il le désirait, que j'avais vendu mon héritage à un total inconnu – sûrement un milliardaire chinois, puisque la plupart des nouveaux riches viennent de Chine ou de Russie – que la maison dans laquelle j'avais passé les moments les plus précieux de mon enfance était désormais à moi...
Je pris mon iPhone, avec ce vieux réflexe visant à vérifier si j'avais des nouveaux messages. J'en avais un, de Léo. Celui-ci me demandait si j'avais des idées de cadeaux pour ce soir, parce qu'il était en retard, et qu'il n'avait aucune idée.
J'ouvris de grands yeux. Je ne comprenais absolument pas de quoi il parlait, pourquoi fallait-il des cadeaux pour ce soir ? Et alors, ça me revint. Avec tous les événements de dimanche, j'avais complètement oublié l'anniversaire d'Elaine. Elle nous cassait les oreilles depuis plus d'un mois car elle organisait « LA soirée de l'année » dans l'appartement ; elle avait invité tous ceux qu'elle appelait ses « meilleures rencontres » depuis sa naissance (c'est-à-dire pas Chloé, mais comme elle aussi habitait ici, la blonde avait décidé de s'imposer) et acheté des litres d'alcool. Ce ne serait pas une de ces soirées mortellement ennuyantes auxquelles nous avions souvent le droit, c'était le genre de soirée à laquelle les parents prient pour que leurs enfants ne soient jamais invités. Encore la semaine précédente, je ne priais que pour que le temps passe plus vite et qu'on célèbre l'anniversaire de la mannequin... J'avais alors tellement hâte d'être à ce soir ! Mais maintenant... Maintenant tout avait changé.
C'était une soirée déguisée, à laquelle il fallait apporter un cadeau, et je n'avais ni déguisement, ni cadeau. Je répondis rapidement à Léo que, non, je n'avais pas d'idée pour lui, et pas de déguisement non plus si cela l'intéressait, et que s'il avait des idées pour moi, cela m'arrangerait beaucoup. J'envoyai dans le même temps des SMS de détresse à Chloé et Clément, et partit m'habiller pour une matinée de shopping. Rien de tel qu'une très bonne excuse telle que celle-ci pour aller acheter des vêtements dont on n'a pas besoin... Même si ma partenaire habituelle de shopping, Elaine, ne pouvait pas vraiment m'accompagner.
Dans mon dressing, j'enfilai une robe pull grise qui m'arrivait à mi-cuisse, qui était faite d'un très joli cachemire, et qui transpirait la simplicité ; sautai dans un collant noir transparent, et une paire de Repetto rouge bordeaux. J'attrapai mon manteau Hermès, en cachemire blanc, celui qui ressemblait à s'y méprendre à un peignoir, et que j'aimais plus que ma première paire de Louboutin – et pourtant...
Je fourrai le bazar habituel (clés, portable, porte monnaie et tube de rouge à lèvre) dans le premier sac qui me tombait sous la main (un cabas Mickael Kors noir clouté), sortit de ma chambre en trombe, attrapai une pomme dans la corbeille de fruit, et appelai l'ascenseur, qui arriva tout de suite après que j'eus appuyé sur le bouton... J'avais un pied dans l'ascenseur quand il me vint soudain à l'esprit une idée de génie.
Je fis donc demi tour pour aller dans l'Atelier, dans lequel l'artiste du moment était en plein travail. Comme d'habitude, je restai bouché devant ce que ces gens étaient capables de produire en l'espace de seulement quelques semaines. Nous avions choisi celui-ci tout particulièrement parce qu'il était réputé pour travailler extrêmement vite, et que, quoi qu'on puisse dire, le mois de décembre était le plus compliqué à assumer, avec les fêtes et les cadeaux à acheter
L'artiste, un dénommé Christian Riverra, âgé de seulement 24 ans, venait juste de sortir de l'école de stylisme Chardon-Savard après avoir tenté d'intégrer une école d'art appliqués. Il s'était alors rendu compte que sa passion à lui, c'était de dessiner et de coudre des œuvres d'art. Nous l'avions mis à l'épreuve de créer un défilé en un mois. Elaine avait engagé des amies à elle, qui étaient des mannequins toutes plus renommées les unes que les autres, toutes aussi charmantes qu'elle l'était elle-même, et il était en train de faire les dernières retouches, alors qu'il lui restait plus d'une semaine. Christian était peut-être l'artiste le plus rapide que j'aie jamais vu dans mon appartement.
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April By Night
ChickLit« Je veux vous dire comment il est possible que nous ayons été si semblables et que nous soyons aujourd’hui ennemis, comment j’aurais pu être à vos côtés et pourquoi maintenant tout est fini entre nous. » Albert Camus De nombreuses années après la d...