Nous étions rentrés plus tôt que prévu, finalement. J'avais dû quitter l'hôpital à la fin des horaires de visites, et ce fut Clément qui me jeta quasiment hors de la pièce : « laisse-moi dormir, au lieu de me torturer ! »... Je décidai de retourner au chalet en hélicoptère avec Camille, histoire de prendre les valises, et de dire au revoir aux Schwarz (je ne me serais pas pardonnée de sauter cette étape, surtout maintenant que Camille m'avait dite tout ce qu'elle pensait... Et surtout, qu'elle m'avait pardonnée). Je n'avais alors aucune idée de comment j'allais retourner à Genève le lendemain : il allait bien falloir que je ramène Clément à sa famille, et pour ça, je devais le mettre dans un avion. Et l'aider à éviter les paparazzis – même si je doutais fortement que la nouvelle de sa chute ne soit pas déjà dans tous les journaux. Il allait prendre très cher, souriais-je. Bien fait. La prochaine fois, il réfléchirait, avant de me faire paniquer, en prenant des risques insensés.
Ce fut Camille qui conduisit de mon chalet à celui de ses parents. Je n'allais pas risquer de provoquer un deuxième accident en une seule journée – quoi que, si je l'avais fait, j'aurais eu beaucoup moins de mal à revenir à Genève. Ses parents, après m'avoir obligée à manger chez eux, refusèrent de me laisser rentrer chez moi ; Camille et moi dûmes donc dormir dans sa chambre, que j'avais toujours connue : nous avions passé la nuit à retracer ces deux dernières années, que nous avions passées sans échanger un mot. Elle me parla de son nouveau copain ( un Américain du nom d'Alex, qui travaillait comme perchiste, et qui, d'ailleurs, était au télésiège le plus près de chez moi ce jour-là, peut-être l'avais-je aperçu ? )... Elle me fit beaucoup rire, et, finalement, je pris la décision de tout lui raconter, absolument tout ; mes découvertes familiales, les messages d'Élinor... Elle fut si choquée qu'elle en perdit sa fameuse ironie.
Le lendemain, France, qui ne travaillait pas, avait pris la décision de m'emmener à Genève, et Camille ne consentit à me laisser partir qu'après lui avoir fait la promesse ( avec le petit doigt) de l'appeler dès que possible. France m'avait conduite à l'hôpital, puis nous avait emmenés, Clément et moi, à l'aéroport ; où elle m'avait fait promettre, à son tour, de revenir avant 2015. Je promis, et nous fûmes de retour à Paris.
Cela faisait trois jours que nous étions revenus, et Clément squattait l'appartement – de toute façon, il ne pouvait pas faire grand-chose tout seul, avec ses plâtres qui occupaient plus de la moitié tout son bras droit, et sa jambe opposée. Je commençais à me faire à l'idée d'être en couple avec un grand blessé de guerre, et j'en étais tout à fait heureuse, en réalité, lorsque, en ouvrant son paquet de cigarettes, je découvris encore un message de celle qui, longtemps auparavant, dans une vie qui semblait antérieure, avait été ma sœur.
« Even though I'm probably not the person you want to see the most on Earth right now, blood still is thicker than water ain't it ? Anyway. I've got answers to questions you haven't even thought about yet, and if you want them, meet me somewhere in town... you have every clue to find ( and in the good order ), in Snow's favourite place, today at 3 P.M. Love.
- Eli. »
Alors, c'était aujourd'hui, le grand jour ? Sept ans plus tard, j'allais enfin l'immense chance d'avoir la possibilité de revoir ma sœur ? Mais elle avait raison. Je n'avais aucune envie de la revoir. Je n'avais aucune envie de réfléchir à ses énigmes, je voulais rester dans mon appartement avec mes amis (d'ailleurs, il était apparu que la menace d'Elaine de quitter la coloc n'avait été qu'une proposition en l'air, au grand désespoir de Chloé) et mon copain. C'était bizarre de l'appeler ainsi, d'ailleurs. Mais mes colocs, eux, avaient fait péter le champagne quand on leur avait annoncé la nouvelle : « C'est pas trop tôt ! » s'étaient-ils tous exclamés en chœur, avec leurs accents respectifs...
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April By Night
ChickLit« Je veux vous dire comment il est possible que nous ayons été si semblables et que nous soyons aujourd’hui ennemis, comment j’aurais pu être à vos côtés et pourquoi maintenant tout est fini entre nous. » Albert Camus De nombreuses années après la d...