Chapitre 13 : « Lève-toi, grosse larve ! »

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Je regardai l'immeuble d'un œil noir. J'ignorais pourquoi, mais il me semblait que ce que j'allais y voir n'allait pas me plaire. Qu'est-ce qui pourrait mal se passer, de toutes façons ? Me répliquait la partie raisonnable de moi-même, et je devais bien admettre qu'elle avait raison, cette partie là. Que pouvais-je donc craindre à propos de l'immeuble de mon meilleur ami ? Même s'il y avait un incendie, c'était lui qui avait l'escalier de secours – ce qui était très étonnant, mais bon, passons – aussi décidai-je bientôt d'entrer quoi qu'il en soit.

Il fallait vraiment que Clément trouve un nouvel appartement – et un coloc un peu moins stupide, puisqu'il était incapable de se payer un appartement parisien tout seul – pensai-je alors que j'escaladais les innombrables marches de son escalier comme si c'étaient des montagnes. Sérieusement, non seulement son chez lui faisait plus ou moins la taille d'un placard à balai, mais en plus il n'y avait pas d'ascenseur. Tout ce qu'il y avait de bien dans son appartement de 3 mètres carrés, c'était l'escalier de secours, et il l'avait caché derrière un bureau.

J'arrivai devant la porte d'entrée, et je la trouvai fermée à clé, ce qui n'avait rien d'inhabituel. Je frappai donc trois coups du plat de la main sur sa porte, en lui ordonnant de m'ouvrir, parce que j'avais des donuts, et que j'allais les manger toute seule sinon. Comme il ne répondait pas, je soulevai le tapis pour m'emparer de la clé, et ouvris la porte de son appartement. Je me trouvai nez-à-nez avec une très jolie brunette, dont les yeux ambrés était cerclés de noirs. Je ne savais pas quand Clément avait eu le temps de ramener une demoiselle chez lui, après tout, il n'avait fini qu'une heure plus tôt. Mais bon, cela non plus n'avait rien d'exceptionnel... Je me souvins au dernier moment qu'une certaine Maëlys avait exigé un café,lorsqu'elle l'avait remplacé au pied levé un dimanche soir. Elle était décidément très jolie, si bien que je décidai de pousser mon meilleur ami à sortir avec :

- Oh, bonjour... Tu dois être Maëlys ? Tu veux un donut ?

La demoiselle parut bien surprise que je connaisse son prénom, puisqu'elle regarda Clément avec des yeux ronds tandis que son visage à lui se décomposa. Il m'avait parlé d'elle sur un ton anecdotique, pensant qu'avec tous mes problèmes j'allais l'oublier et le laisser vivre son absence de vie amoureuse tranquillement, mais il avait tord. Une partie de mon cerveau semblait étrangement réservée, en toutes circonstances,aux multiples rebondissements de sa vie. Maëlys m'informa qu'elle allait partir, justement, et qu'elle mangerait chez elle, mais me remercia tout de même. Elle avait l'air très polie, mais je ne l'appréciai pas beaucoup. Dès qu'elle fut partie, je m'assis sur le bureau de Clément, et, tout en lui tendant les donuts, lui demandai ce qu'il pensait de sa conquête.

- Eh bien... Jusqu'ici ce n'était même pas sensé être une conquête mais, grâce à ton intervention, maintenant elle pense que je suis son plus grand admirateur.

- Je pense que tu devrais sortir avec quelqu'un, lui fis-je les yeux écarquillés, peut-être pas elle, mais quelqu'un. Ça te ferait du bien, plus que de suivre les rebondissements de ma vie familiale...

- Je sortirai avec quelqu'un quand je trouverai une fille à ta hauteur, me fit-il avec un clin d'œil. Et puis, j'aime bien suivre tes rebondissements ! se défendit-il, c'est comme regarder une série !

Il adorait regarder des séries, mais n'avait plus le temps depuis qu'il était en internat,le pauvre petit chou. Il s'était donc résigné à suivre ma vie et à la transformer en série télévisée. Bien joué.

- D'ailleurs, tu veux entendre le nouvel épisode ?

Il rit, prit un donut dans la boîte, en arracha une grande bouchée, s'écroula dans son lit, et m'informa enfin qu'il acceptait d'entendre mes potins. Je pris une grande inspiration, et lui racontai tout depuis qu'il était parti. Tant de choses peuvent se passer en une seule nuit, n'est-ce pas ? Je tentai de ne rien oublier, et tout ce qu'il parvint à dire fut :

April By NightOù les histoires vivent. Découvrez maintenant