Nouveau départ.Je regarde dans le vide. Du haut du vingt sixième étage de ce building New-yorkais, tout semble insignifiant. Oui, tout, sauf peut-être cette immense étendue bleue qui me fait face.
Je me sens transportée par la robe colorée de l'atlantique. Le soleil se couche sur l'horizon, emportant avec lui le peu de raison qui m'a poussée à quitter mon lit ce matin.Je me demande bien ce que je fais ici, devant cette baie vitrée, avec cet agent immobilier derrière moi qui ne cesse de déblatérer des sottises que je n'écoute même pas. Le pauvre. Ce gamin doit sûrement débuter dans le métier, et moi je ne fais strictement aucun effort pour lui montrer ne serait-ce qu'une once d'attention. Le pauvre, oui, le pauvre. Il est encore tout timide, innocent. Il doit avoir la vingtaine, tout comme moi, cependant il fait plus jeune, moins fatigué, mais surtout plus heureux. Oui. C'est bien cela qui nous différencie. Il a l'air heureux.
Je me retourne et le scrute. Il ne se rend pas tout de suite compte que je le regarde. En même temps, depuis que nous avons commencé les visites, il n'a jamais eu droit à une seule œillade de ma part.
Il fait les cent pas dans le gigantesque appartement que je vais bientôt acheter en vantant les mérites du constructeur de ce luxueux bâtiment. Oui. Luxueux, très luxueux, trop luxueux. C'est beaucoup trop grand pour une âme aussi vide que la mienne. Mais je préfère ne rien dire : il s' est donné trop de mal pour me satisfaire et m'impressionner. C'est d'ailleurs le cas. Ce loft est sublime, chaleureux et accueillant. En fait, c'est exactement ce dont j'ai besoin pour me reconstruire.
Mon Stefan Plaza en herbe ne remarque ma réelle présence que lorsque je toussotte, agacée que ma preuve de bonne volonté n'ai pas été observée. Quand il s'aperçoit que je le fixe, il s'immobilise. Visiblement, mon intérêt soudain le perturbe.
Il a du mal à trouver ses mots, mais réussi tout de même à bredouiller un petit :
- A... Alors... Euh... Ça... Il... Enfin... Vous.. Il vous plaît ?
Je ne peux m'empêcher de sourire : ce gosse est vraiment mignon.
- Oui Axel. C'est parfait. Merci beaucoup.
Il soupire de soulagement, libéré et souriant.
- David m'avait dit que tu me trouverais quelque chose de superbe, j'ajoute. Tu iras loin, petit.
Il rougit, fier de lui.
Axel remballe ses affaires et s'en va, sans oublier de me donner les clés et de me répéter combien il a été honoré d'être à mon service. À mon service. Rien que de me rappeler ces quelques mots prononcés il y a cinq minutes à peine me redonne le sourire.Je l'adore déjà, ce petit.
Et dire que ce matin encore je me trouvais à Paris...
Mais qu'est ce qui m'est passé par la tête ? Pourquoi est ce que je suis venue ici ? S'enfuir n'est jamais une solution... Enfin, maintenant, il est trop tard pour faire marche arrière. Je dois aller de l'avant. David le sait et il va m'y aider, il m'a promis de me trouver une place, bien que j'ai montré une certaine réticence envers son élan de générosité. Pourtant, il faut regarder les choses en face ; j'ai besoin d'un travail.Et puis, qui sait, si cela se trouve, c'est moi qui formerai le gamin.
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Gone
Teen FictionTout effacer. Tout recommencer. Tout oublier, parce que le passé est trop lourd à porter. Lara va vite se rendre compte que fuir sa réalité est plus dangereux que cela n'en avait l'air.