Il est devant moi. Là, sur le pas de la porte de ma chambre.
- Tu comptes me laisser entrer ?
- Non.
Ah non. Ça, l'ami, c'est hors de question.
- Comment ça, non ?- Non. Il va falloir que tu te fasses à l'idée.
- Tu le regretterais. Tu le sais.
Il a raison. Ça la fou mal. Mais... Je ne veux pas... Je ne sais pas si je suis capable de lui tenir tête. Pas aujourd'hui...
- Bon, ok... Viens.
Il a gagné. Il gagne toujours.
- Plutôt class, cet hôtel, ma belle.
Ce n'est pas vulgaire. C'est même doux. Et cela sonne bien...
- Tais-toi. Je ne te permets pas.
- Je n'ai pas besoin de ta permission.
Il s'est raidi. Tant pis. Sincèrement, aujourd'hui, je m'en fiche.
Il s' assoit sur mon lit et carresse lentement les draps.
- De la soie. J'en étais certain.
Un sourire triste se dessine sur son magnifique visage.
Il n'a pas pris une ride.
Je ne l'avais pas remarqué tout de suite, mais maintenant je vois clairement qu'il est fatigué. Ses traits sont tirés comme jamais et son regard méprisant me prouve que je ne me trompe pas.
Je le connais pas coeur.
Quand il est malheureux, il ne dort pas, ne mange pas, passe toutes ses journées à la salle de sport et masque sa faiblesse avec un air méchant.
C'est lui.
Juste lui.
Il me fixe intensément. C'est magique.
- Comme les nôtres, comme nos draps...
Ses yeux sont vides. Il paraît anéanti...
Qu'est ce que j'ai fait ?...
Des frissons me parcourent l'échine lorsque je le vois se déshabiller. Il retire doucement son tee-shirt et enlève ses chaussures, sans détacher son regard du mien.
Il penche la tête et fait mine de déboutonner son jean, pour s' arrêter en plein mouvement, laisser tomber ses bras le long de son corps et me fixer de nouveau en riant.- Comme tu l'auras deviné, j'ai sommeil.
Il s' allonge dans mon lit. De mon côté... Sur mon oreillé...
Mes yeux parcourent son dos. Chacun de ses muscles parfaitement dessinés me fait revivre l'enfer d'avant. Mon enfer. Ce merveilleux paradis qu'était mon enfer.
Je lutte pour fermer mes paupières.
Je reste un instant ainsi, debout au milieu de la pièce, à attendre que les battements de mon coeur se régularisent.
Lorsque je les rouvre, Thibault est assis, face à moi, une expression étrange collée au visage.
- Il n'y a eu personne d'autre, dit-il, mélancolique. Je savais que tu ne reviendrais pas, mais il ne peut y avoir personne d'autre que toi.
- Je...
- Non, Lara. Laisse-moi parler, laisse-moi aller au bout.
Je ferme la bouche et fais oui de la tête.
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Gone
Teen FictionTout effacer. Tout recommencer. Tout oublier, parce que le passé est trop lourd à porter. Lara va vite se rendre compte que fuir sa réalité est plus dangereux que cela n'en avait l'air.