Chapitre 8

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- Pourquoi est ce que tu me fais croire que je perds la tête ?

- Parce que je te fais perdre la tête, Lara.

Il sourit.

Je cale mon visage dans le creux de son cou. Le vent froid de décembre me frigorifie. Mais avec lui à mes côtés, étrangement, je me sens bien. Je n'ai besoin de rien d'autre que de lui.

- Si jamais tu te sens seule, perdue, tu dois savoir que tu n'es pas seule... parce que... je le ressens avec toi, je...

- Je sais. Moi aussi je t'aime.

Aucun échange de regards. Nous n'en avons pas besoin. Nous nous contentons de fixer le levé du soleil. C'est notre moment, notre truc à nous. On dit bien d'ailleurs que :《 Aimer, ce n'est pas se regarder l'un l'autre, c'est regarder ensemble dans la même direction. 》
Un homme de coeur, sans doute, cet Antoine de Saint-Exupéry ; un homme qui aura beaucoup souffert, à mon avis...

- Tu sais, Lara, je suis jaloux du soleil. J'en suis jaloux parce que là, maintenant, toute ton attention est portée sur lui. Parfois même, je jalouse la pluie, cette pluie qui caresse ta peau et qui te fais frissonner. Je jalouse souvent le vent qui s' engouffre dans tes vêtements. Je le jalouse parce qu'il te fait rire. Peut-être même plus que moi...

- Mais Thibault, je n'aime rien ni personne autant que toi.

- Je le sais, et j'ai peur de t'aimer encore plus... Mais ce dont j'ai une peur bleue, Lara, c'est de te faire plus de mal que de bien.

- Tu es ce qui m'est arrivé de meilleur.

- Je suis jaloux de la façon que tu as d'être heureuse sans moi.

- Je...

- Pourquoi est ce que tu ne me quittes pas, Lara ?

- Parce que je ne supporterais pas d'être loin de toi.

- Mais tu serais heureuse.

- Arrête. Je me dois de savoir vivre sans toi... Toi aussi.

- Mais moi, moi je ne peux pas...

- J'ai toujours su que tu reviendrais différent, changé. J'ai su l'accepter. Voilà pourquoi je ne te quitte pas.

- Tout ce que j'ai vu, ce sont des gens brisés, de la misère... Les enfants ont des armes, Lara, des enfants...

- Oui. Tu me l'as déjà dit.

Je ne saurais dire combien de fois nous sommes allés dans ce parc, combien de fois nous nous sommes assis sur ce banc à scruter les reflets rosés du soleil dans l'eau claire de ce lac...

Ce sont les plus beaux souvenirs de ma vie.

Jamais je ne pourrai aimer quelqu'un autant que lui.

Il était, il est et il restera le seul amour de ma vie.

- J'y vais.

- À vendredi ! Reviens vite...

Victoire me serre fort dans ses bras. J'ai droit à un clin d'oeil de la part de Julien.

GoneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant