Chapitre 16

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Je suis affalée sur mon bureau, la tête dans les main et les yeux clos. Je ne peux m'empêcher de ressasser les événements de la veille. Malgré moi, je rougis. Dès que je me remémore la sensation de ses lèvres sur les miennes, un sourire idiot se dessine sur mon visage, sans que je puisse rien contrôler.

- Je ne te laisserai pas, je resterai avec toi. Je renverrai les autres, Lara, et je te protègerai.

Je carresse lentement chacune des parcelles rosées ayant effleuré ses lèvres, éperdue. Je sais que je ne devrais pas me complaire autant dans le souvenir de ce délicieux contact, si merveilleux soit-il, mais je ne peux pas arrêter de le jouer encore et encore dans mon esprit. "Pathétique", me dis-je, souriant de plus belle.

Il prend mon visage entre ses mains. Nous nous faisons face. Il plonge son regard dans le mien. Il essuie mes larmes. Toute pensée cohérente me quitte. Je suis comme transportée dans un autre monde. Je ne réfléchis plus.
Je ne sais comment, une des mains de Jackson se pose au creux de mes reins. Nous échangeons un regard étrange, perçant, doux...

J'aurais voulu que ce moment dure toujours. J'aurais voulu que le baiser qui a suivi cet échange ne finisse jamais. J'aurais voulu pouvoir affronter son regard ensuite, et profiter du sourire implicite que je savais s'y épanouir doucement. Mais j'ai pris peur. Et je suis partie. J'ai enlevé délicatement la main possessive qui m'entourait et ai essuyé les vestiges de mes larmes d'un revers de manche. Et je suis partie. Partie. Comme une voleuse. Et je rougis aussi à ce souvenir : je rougis de honte. Parce que je le veux pour moi, je veux qu'il toque à ma porte, riant devant mon air gêné, je veux qu'il me prenne dans ses bras et qu'il me soulève comme les princes le font dans les contes de fées, et par dessus tout, je veux qu'il m'embrasse jusqu'à ce que l'air m'en manque.

- Debout, La Belle au bois Dormant !

J'émets un son guttural très féminin avant de lever la tête et de poser les yeux sur le criminel qui a osé troubler le fil de mes pensées.

- David ?

- En chair et en os, mademoiselle.

Je bats des cils, geste s'apparentant sans doute plus à clignement de paupières très féminin également, vu de l'extérieur.

- T'as pas du boulot, toi ?

Il secoue la tête à la manière des petits enfants quand ils apprennent qu'ils peuvent dire "non".

- Non !

Tout fier, il vient se placer à côté de moi et me dis, son ton de voix frôlant le cri, qu'il part chercher sa grand-mère à la gare et qu'il revient bientôt.

Une femme merveilleuse, Jéane. C'est ce genre de personne digne et humble qui sera toujours là pour vous, rassurante et de très bon conseil.

Une perle.

Une perle rare.

"Tu es ma perle rare, Lara."

- Lara ? Lara ! Tu m'écoutes ?

Une main se balance devant mes yeux. Je mets un petit temps avant de comprendre qu'il faut que je revienne à moi. Je prouve mon attention en affirmant que j'ai hâte de voir sa mamie, et lui fais mon plus beau sourire. Beaucoup de sourires, en ce moment, tiens !

- Sois prudent sur la route !

- Je suis un as du volant, tu le sais bien !

- J'ai cru comprendre, oui.

Il me fait un joli clin d'oeil et se précipite en direction du parking. Gamin, va.

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