Gone

Chapitre 5

- Qu'est ce que tu as, chérie ? Tu as peur ? Non, il ne faut pas. Jamais je ne te ferai de mal, jamais.

Nous sommes chacun d'un côté du canapé. Oui, j'ai peur. Alors je m'éloigne le plus possible...

- Regarde-toi, tu es ridicule, mon amour.

Il recommence. Il me rabaisse pour ensuite me lancer ses surnoms amoureux. Je déteste cela. Mais je ne peux pas lui en vouloir. C'est au dessus de mes forces.

Il se rapproche de moi. Lentement. Je me colle à l'accoudoir. Je ne peux pas lui échapper.

Il me prend le menton. Je frissonne. J'ai peur. Oui. Chaque fois qu'il me touche, j'ai peur. De plus en plus peur.

- Je t'aime, tu sais...

Il attend une réponse. Mais si je lui réponds, je sais très bien ce qu'il va se passer.

- Je t'aime, Lara.

Il a haussé le ton. Je baisse les yeux. Je ne pleure pas. Je ne pleure plus. Je suis habituée à ce qu'il joue avec mes sentiments.

- Bon sang, tu n'écoutes pas, tu n'entends pas ?...

Chuchotements. Le calme avant la tempête. Je dois répondre. Tant pis.

- J'écoute.

- Bien.

Sa main quitte mon cou et descend doucement le long de ma colonne vertébrale pour ensuite venir se poser sur ma hanche gauche. Je frissonne. Encore. Il rit. Il sait le pouvoir qu'il a sur moi. Et moi, je ne peux pas m'empêcher de ressentir ce que je ressens.

- Alors, tu n'as rien à ajouter, petit coeur ?

- Je... Non.

- Tu es sûre ?

J'hésite. De toute façon le résultat sera le même : que je parle ou pas, que je dise ce qu'il veut entendre ou autre chose.

- Je... Moi... Moi aussi je t'aime.

Et comme à chaque fois que cette conversation a lieu, il me dit :

- Tu sais , trésor, l'amour, c'est un sentiment très douloureux.

Il plonge alors son regard dans le mien. Il esquisse un petit sourire en coin.
Voilà. Son poing gauche est encore sur mon ventre, comme s' il essayait de sentir ma souffrance. Mais cela ne fait plus mal. Je ne ressens plus la douleur. En tout cas, pas à cet endroit, pas physiquement.

Mais mon coeur, lui, saigne.

Sans interruption.

Par ce que moi, moi je l'aime.

Profondément.

Inconditionnellement.

Moi, je l'aime comme une folle.

C'est quand il pose ses lèvres sur les miennes que je me réveille. Ce rêve hante toutes mes nuits sans que je ne puisse rien y faire.

Victoire arrive en courant dans ma chambre, paniquée.

- Quoi, qu'est ce qu'il y a ? Pourquoi tu cries ?

Elle est en sueur. Elle non plus ne dort pas bien. On se demande pourquoi.

- Ça...

Non. Je ne peux pas lui mentir. Pas encore.

- Non, ça ne va pas. Pas du tout. Je le vois... Je... Je rêve et je ne peux pas contrôler... Il est dans ma tête... Il...