Gone

Chapitre 12

《 La musique chasse la haine chez ceux qui sont sans amour. Elle donne la paix à ceux qui sont sans repos, elle console ceux qui pleurent.》

- Pablo Casals

" - I've been searching for you all night long, trying to understand what I did wrong "

Cela fait maintenant quelques heures que je chante cette même phrase, sur la même mélodie. Les mots sont venus d'eux-mêmes, comme s'ils étaient restés bloqués au fond de ma gorge depuis trop longtemps. Mes doigts frôlent délicatement les cordes de la jolie guitare sèche que je tiens près de moi. Le contact de l'instrument me procure une sensation de sécurité inexplicable. La rime avec laquelle je joue commence à me lasser. Je pose l'objet qui me sert à m'accompagner et me rassieds. Je contemple chacun des murs qui m'entourent. Blanc, taupe, noir. Un dégradé qui a tout de suite été l'un de mes premiers coups de coeur lorsqu'Axel m'a fait visiter l'appartement. Je me retourne vers la porte de mon antre pour apercevoir la petite tête brune de ma meilleure amie coincée dans l'embrasure.

- Ça fait longtemps que tu es là ?

- Assez pour te conseiller sérieusement de changer de disque ! Un peu de rock, enfin, Lara !

Je souris. Cette fille possède une ressource de joie inépuisable.
Elle s' approche doucement et me rejoins pour venir se coller à moi.

- Alors ?...

- Alors, je l'ai laissé.

Elle détache son regard du mien pour lancer :

- C'était la meilleure solution.

Pour seule réponse, je fixe un point imaginaire devant moi.

- Et sinon, qu'est ce que tu as fais de beau ?

- Je me suis baladée.

Je ne veux pas lui parler de l'hôpital. Je ne veux en parler à personne.

Pas de pitié.

Plus jamais de pitié.

- Qu'est ce que tu lui as dit, Victoire ?

- Que tu étais passée à autre chose.

Je redirige mon regard vers elle.

- Quoi ?

- Tu mérites mieux, Lara. Tu sais aussi bien que moi que tu aurais souffert. La preuve : tu l'as planté au beau milieu d'un dîner romantique ! D'ailleurs, où est ce que tu es allée ?

Je dois lui dire. De toute façon, elle sentira que je lui cache quelque chose et ensuite ça sera parti pour l'interrogatoire interminable.

- À l'hôpital.

Elle plonge son regard dans le mien, la bouche béante, en levant les mains eu ciel.
Elle cherche à parler, sans succès.
Je continue, voyant bien qu'elle ne comprend pas.

- Je suis allée faire des analyses de routine et ils ont trouvé une tumeur dans mon cerveau...

Je souffle et essaie de respirer calmement. Je retiens le flot de larmes qui menace de s' échapper de mes yeux et reprends.

- Ils m'ont opéré hier soir. Après ça, je suis rentrée à l'hôtel, pris mes affaires et embarqué sur le premier vol pour New York.

Elle passe nerveusement sa main dans ses cheveux.

- Et tu y es allée... comme ça ?

- Sur les conseils d'un ami.

- Et comment tu l'as vécu ?