Chapitre 19

26 3 1
                                    

Une vibration... Une sonnerie. Une vibration... Une sonnerie.

Je ne sais pas si je dois décrocher. Je n'ai même pas pris la peine de m'informer quant à l'identité de l'appelant. Non, parce que je ne veux pas parler. Je regrette d'être partie.

La curiosité l'emporte sur ma fierté, après deux secondes de débat silencieux intensif.

Gabriel

Je me jette sur presque sur l'écran et hurle un "allô" trop enthousiaste.

- Lara !

Je souris. Cela faisait longtemps. Je pensais qu'il m'avait oubliée...

- Gabriel, je souffle.

Le soulagement se mêle au bonheur. J'avais besoin de réconfort et sa voix me l'apporte.

- How are ya, baby ?

Son accent tchip me fait tomber à la renverse. Ya ? Vraiment ?

- Tu sais que je pourrais mal le prendre, Darlin'.

- Oh mais ce serait une fatale erreur, Milady.

Je peux presque l'entendre sourire. Oui, le son des voix se modifie lorsque l'on sourit.

- Tu sais que tu me manques, enfant ingrat ?

- Ingrat ? Moi ? Qui tente de te joindre depuis plus dix minutes maintenant ?

- J'aime me faire désirer.

- Je vois ça !

Silence. Il me manque une réponse, une affirmation. Impoli !

Je me racle la gorge, tentant de lui rappeler ma dernière confession.

- Oui madame ?

Je bouillonne.

- Ne fais pas comme si tu n'avais pas entendu, français !

Il se plaint vaguement avant de dire d'une traite un sourd "moi aussi tu me manques" à peine audible.

- Voilà qui est mieux.

- Fais pas ta maline, amerloque de reconversion.

Je me tais. Je ne suis plus en Amérique. L'Amérique me manque. David me manque. David est en Amérique. Je veux rentrer.

- Lara ? Ca va ? J'ai dit quelque chose qu'il ne fallait pas ?

Je reprends mes esprits, sors de ma légère torpeur et articule rapidement une réponse négative. Ni convaincante ni convaincue, d'ailleurs.

- Menteuse. Aller, dit tout à tonton Gabi.

Je mets un petit temps avant de me lancer. Après tout, d'un point de vue très objectif, je ne le connais pas. En fait, ce type m'est un parfait étranger.

- Je doute. Voilà. C'est aussi simple que ça.

Aucun son. Plus rien. Que...?

- Le doute, ma belle, c'est compliqué.

Merci mon dieu, il ne m'a pas abandonnée comme une idiote.

- J'ai besoin d'approfondissement, trésor.

Je respire un grand coup. Extériorise, ma fille !

- Mon meilleur ami m'a dit qu'il m'aimait. Je l'ai embrassé et...

- Tu l'aimes ?

Il m'a coupé gentiment, presque pour me délivrer. Je ne m'attendais pas à ça. Est ce que j'aime David ? En amitié, certainement pas : j'ai brisé nos liens il y a à peine deux jours. Et puis il y a Jackson...

GoneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant