Gone

Chapitre 15

Je respire. Enfin : je respire. Chaque bouffée d'air frais qui pénètre mes poumons est comme une renaissance. Je me sens bien. Libre. Ici, là, dehors, je me rends compte que tout est possible, que tout est encore possible pour moi. Je vais y arriver. C'est certain.

Je reprends les foulées. Ne jamais s' arrêter. Cela demande plus d'efforts de recommencer à courir plutôt que d'aller plus lentement, de prendre son temps.

J'avale 4 à 4 les 698 marches qui me séparent de mon chez-moi. Je suis épuisée. Mais que cela fait du bien ! Je claque la porte derrière moi et reprends mon souffle, mes mains ancrées dans mes genoux. Vivante. Je me sens vivante.

La baie vitrée me fait face, offrant un panorama parfait sur le ciel pur. Le soleil est levé depuis peu de temps. J'ai toujours préféré le levé au couché, peut-être à cause de l'impression de nouveauté qu'il dégage, du sentiment de force, de puissance et d'assurance qu'il me donne.

Victoire a passé la nuit ici. Sur le canapé. Elle s' est invitée, en quelque sorte. Je me traîne jusqu'à la douche puis m'habille. J'entends de petits braillements en provenance du lit de camp de Vi. Je m'approche et me penche doucement sur elle. Elle est tellement mignonne quand elle dort...

Elle émet quelques grognements et fini par se réveiller.

- Qu'est ce que tu fous là ?

Je souris.

- Sympa dès le réveil, celle-là !

- Ouais je sais, je sais, je suis une pure merveille !

- Mouais, mouais...

Elle me regarde, un sourire magnifique sur son beau visage. Elle se met à jouer avec quelques unes de mes mèches qui lui chatouillent le nez. Ma Vi, ma gamine... Ah la la...

- J'ai faim.

- Mais c'est super ça !

Tirement de langue. D'accord, d'accord.
Je me relève, ses mains toujours dans mes cheveux.

- Tu comptes me lâcher un jour ou bien ?...

- Je suis bien, moi, là !

Je soupire. Désespérante, je vous dis !

Deux heures plus tard, je m'engouffre dans mon bureau. Axel n'est pas là... Étrange... Le gosse arrive toujours longtemps à l'avance...

Les dossiers se sont empilés. Mais le gamin ne bosse donc jamais ?

Ce n'est que vers onze heures que mon acolyte se décide à m'honorer de sa présence.

- Laisse- moi deviner ! Ton réveil n'a pas sonné !

- Ha. Ha. Ha. Très drôle. Non mais non. Je... Enfin... Avec... Avec Kris on a... Pas beaucoup dormi cette nuit, tu vois ?

Je souris.

- Je vois, je vois.

Mon assistante à l'air épuisée, en effet. Les cernes sous ses yeux et le petit sourire timide qu'elle me dédie en passant devant ma porte témoignent de son manque de sommeil. Voilà qui éveille ma curiosité.

- Mais donc... Toi et Kris, vous...

- Elle est fantastique...

- Je prends ça pour un oui !

- Belle, intelligente, gentille, attentionnée... Que demander de plus ?

- Mon petit Axel est amoureux !

- Comme jamais...

Je laisse la nouvelle victime de Cupidon à ses douces pensées et me reconcentre sur la fameuse montagne de travail qui m'attend. Toujours les mêmes qui bossent !