Gone

Chapitre 9

Il pleut. Je regarde les gouttes d'eau s' échouer sur la fenêtre de la chambre que j'occupe.
Le réveil a été difficile. Dix sept heures. J'ai dormi dix sept heures.
Il est deux heures du matin. Paris est encore endormi, lui. Je ne sais pas ce que je fais encore ici, près de ce lit qui n'est pas le mien, à ressasser de vieux souvenirs, plus tristes les uns que les autres.

Mon téléphone n'arrête pas de sonner. Ce doit être Victoire. Il n'est que vingt heures en Amérique, mon nouveau chez moi.

New York ne me manque pas.
Victoire ne me manque pas.
David ne me manque pas.

Tout ce qui pourrait emplir mon coeur serait inutile.

Je n'ai besoin que d'une chose : le voir. J'ai peur de sa réaction. Je ne peux pas y aller sans y laisser de plumes.

Il me manque, lui.

Tellement...

- Qu'est ce que tu fais debout ?

Je ne lui réponds pas. Je ne veux pas aller dormir. Pas à côté de lui. Pas maintenant. Pas après ce qu'il vient de me faire.

Chaque endroit que son poing a frappé me fait atrocement souffrir.

La douleur est indescriptible.

- Je n'ai pas sommeil.

Il essaie de me ramener vers lui, de m'obliger à lui faire face.

Pour la première fois, je résiste.

Je fixe la Tour Eiffel. Mon regard ne se détache pas de la vue que m'offre l'espace vitré.

Sa prise est de plus en plus ferme.

Je me retourne, résignée.

- Ne me mens pas. Jamais. Tu entends ?

Je penche la tête vers la droite et baisse les yeux. À quoi bon répondre ? À quoi bon soutenir son regard ?

Il prend doucement mon menton et redresse calmement mon visage.

Ses yeux sont pleins de larmes.

Je sais qu'il ne peut pas se contrôler mais cette fois-ci, il est allé trop loin.

J'ai peur. Très peur. Je suis terrifiée.

- Pourquoi tu ne me quittes pas ?...

Une perle salée coule le long de sa joue.

Parfois, je me demande qui de nous deux souffre le plus. Lui, ou moi ?...

- Parce que je ne pourrais pas vivre sans toi. Tu le sais. Je te l'ai déjà dit.

C'est à moi de placer une main sur son visage. J'écrase la fugitive de mon pouce. Rien ni personne n'a le droit de se perdre sur ses lèvres. Rien, personne, sauf moi.

- Mais... Mais je... Je te...

- Tu devrais voir quelqu'un...