Chapitre 4

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5h48. Le jour se lève. Debout devant ma baie vitrée, j'ai l'impression que cet événement m'est réservé : qu'il n'existe que pour moi, pour me faire sourire. Et cela fonctionne. Je suis émerveillée. Comme une gamine, innocente. Cela arrive pourtant tous les matins... Et tous les matins je ne peux m'empêcher de fixer ce ciel si pur, si beau. Sublime. Parfait. Voilà les mots qui me viennent à l'esprit en regardant ceci.

Je ne sais pas si j'irai à l'agence aujourd'hui. Cela ferait trois jours si je me payais ce luxe. Ce ne serait pas correct. Pourtant, même si j'y étais physiquement, je sais que je ne serai pas concentrée. Les bribes de la conversation que j'ai eue la veille ne me sortent pas de l'esprit. Pas un seul mot, pas un seul instant.

- Comment ça, tu es partie ?

- Partie. Je suis partie. Dans le sens où j'ai déménagé.

Calme. J'étais calme. Très calme. Comment ai-je pu être aussi calme ?

- Partie, d'accord. Et où est ce que t'as décidé de migrer, hein ?

Elle s' était vite emportée. Et moi j'étais restée calme. Mais j'ai vraiment de sérieux problèmes, moi !

- Je... Ne te fâche pas...

- Me fâcher, moi ? Non, jamais !

Ironie. Avec elle, ce n'est pas bon signe. C'est même très mauvais signe.

- Je... Je suis...

- Mais tu vas me le dire oui ! Arrête de tourner autour du pot ! Parle !

- Je suis en Amérique. À New-York.

Silence. Ce silence. Ça non plus avec elle ce n'est pas bon signe.

- Vi ?...

Toujours rien. Le surnom affectueux marchait d'habitude.

- Vi, s' il te plaît... Dis quelque chose...

- Mais qu'est ce que tu veux que je te dise !, avait-elle hurlé.

Elle avait pris de grandes inspirations. Elle ne se calmerait pas. Pas réellement.

- De ce que j'entends, tu vas bien. C'est l'essentiel.

Respirations. Ce n'était pas bon signe. Ça allait repartir.

- Non mais je te l'avais dit ! C'est de la faute de l'autre cinglé !

Et voilà. Ça n'avait pas loupé. Mais si elle l'a insulté, c'est qu'elle ne pouvait pas faire autrement. Victoire est quelqu'un de doux, gentil et poli. Elle ne parle de cette manière que quand elle est à bout.

Et le pire, c'est qu'elle avait raison. C'est de sa faute. Et il y a des raisons d'être en colère. En colère à cause de moi, de ma lâcheté, de ma faiblesse... En colère à cause de lui.

- Ne crie pas. S' il te plaît. Je suis désolée...

- Désolée... Désolée... Tu ne mérites pas d'être désolée. Pas après ça. Si quelqu'un a à être désolé, c'est lui, et seulement lui.

Nous avions embrayé sur un autre sujet. Elle sait que je ne peux pas en parler. Peut-être n'aurais-je pas dû décrocher... Mais j'avais besoin de l'entendre, de savoir qu'elle allait bien, ma Victoire.

Je détourne mon regard de l'horizon. Je peux encore y aller. Aller bosser. Avec David. David. Comment est ce que je dois agir avec David ? Comment est ce que je dois me comporter ?

On toque à la porte. Tiens, c'est bizarre... Je ne connais personne : ni dans ce building, ni dans cette ville. À part David. David...

Je me dirige vers la provenance du bruit. J'ouvre. Qu'est ce que ?...

GoneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant