« C'est quand on est dans la merde jusqu'au cou qu'il faut marcher la tête haute. »
Je me souvenais parfaitement de cette nuit glaciale pendant laquelle on fêtait la nouvelle année. La neige tombée en journée recouvrait la rue où se situait la boite de nuit que nous convoitions.
Mon regard avait croisé celui du videur bien bâtis. Je pouvais apercevoir ses yeux vert derrière quelques mèches rousses. Son sourire m'avait chamboulé, réchauffant mon corps gelé et sa voix m'avait fait l'effet d'une caresse lorsqu'il s'était adressé à mon amie. Il avait ensuite ouvert la porte qu'il gardait sans briser notre contact visuel et je n'avais pu me résoudre à abandonner un homme si séduisant dans l'hiver silencieux.
Je fixai le panorama parisien que m'offrait la baie vitrée du studio, mon rêve de la nuit précédente toujours bien en tête. Cette rencontre semblait s'être faite la veille et pourtant six mois nous séparaient. Je soupirai contrariée, et avalai le peu de thé qu'il restait dans ma tasse en toisant la vielle Tour Eiffel. La journée était trop belle pour que je me laisse à déprimer sur le passé, et j'avais une tonne de vaisselle à faire.
Quittant le lit moelleux, je trainai les pieds jusqu'à la kitchenette. Le désordre qui y régnait me fit grimacer. J'avais la mauvaise habitude de laisser s'empiler les assiettes. Je déposai ma tasse dans l'évier plein et allai prendre ma douche avant de revenir m'occuper des plats. J'allumai le robinet et j'entrepris de me mettre au travail.
Une fois la tâche accomplis, je mis de l'eau à chauffer. Une seconde tasse de thé pour me motiver à essuyer tout ça n'était pas de refus. Torchon en main, je soupirai d'aise lorsque la sonnette raisonna. Sauvée par le gong.
Tout sourire, Simon pénétra dans le studio prétextant une envie de boire une boisson chaude en ma compagnie.- je n'ai pas de café, lui appris-je en retournant à ma vaisselle.
- c'est pour ça que je me le suis apporté, avoua-t-il en posant sa tasse sur le bar.Je levai les yeux au ciel face à son excuse pour venir me surveiller.
- tu fais quelque chose cet après-midi ?
Je haussai les épaules pour toute réponse et ouvris un placard trop haut pour essayer d'y ranger un plat.
- Maël m'envoie t'inviter au bowling, poursuivit-il. Ta sœur et Gabriel seront là ainsi que d'autres.
Le grand blond s'était levé pour venir à ma rescousse, il attrapa le récipient que je peinai à ranger et le fourra dans le placard. Son autre main se posa sur ma hanche, il resta dans mon dos. Je pouvais sentir son souffle sur mon coup et son regard sur moi.
- lâche-moi, l'avertis-je calmement.
- tu ne t'es pas parfumée aujourd'hui, m'apprit-il.Je me figeai à sa remarque. Repoussant ses doigts, je pus lui faire face. Il plongea son regard sapin dans le mien, ses narines cherchant à découvrir mes ressentiments. Il perçut le chagrin qui m'habitait sans arrêt depuis quelques mois. Son expression passa de la surprise à l'incompréhension, il ouvrit la bouche pour prendre la parole.
- Simon pousse-toi, le coupai-je sévèrement.
Mais je me savais impuissante face à sa force, s'il ne se décidait pas, s'il poursuivait sa découverte, il saurait en percevant ma culpabilité.
Il fronça les sourcils, et mon cœur s'arrêta, persuadé d'être perdu.
Sa main s'arrêta à quelques centimètres de mon visage, il essayait toujours de me déchiffrer mais elle retomba. Il sortit son téléphone et le mit à l'oreille.- Simon, indiqua-t-il les dents serrées visiblement agacé d'être ainsi interrompu.
Pour mon plus grand soulagement, son appel semblait important. Il détourna le regard et recula de quelques pas me laissant reprendre mon souffle. Je relâchai le bout de tissus et le déposai tremblante sur le plan de travail. Le loup ne me prêtait plus aucune attention. J'en profitai pour m'éclipser dans la salle de bain afin de vider la bouteille de parfum sur moi.
En revenant dans le loft, Simon, toujours pendu à son mobile, semblait soucieux.
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Cherry moi, s'il te plait.
Про оборотнейCherry a vingt quatre ans et cherche un nouveau sens à sa vie. Gracieusement hébergée par sa soeur aîné, elle se contente de respirer. Ce que personne ne sait, ce qu'elle cache derrière son attitude insouciente, c'est un désastre qu'elle cherche à...