« Qui a dit que j'avais pas de sentiment putain ? J'ai tout le temps faim. »
Je jouai distraitement avec le coussin du canapé. Le regard perdu dans le tapis en fourrure blanc, j'attendais patiemment qu'on s'intéresse à moi. C'était frustrant de voir que mes retrouvailles avec ma mère avaient dévié à une entrevue entre elle et Tristan. La jalousie me gagnait peu à peu, au fur et à mesure qu'elle lui posait diverses questions. Elle riait à toutes ses réponses, les yeux pétillants, allant même jusqu'à lui toucher le bras. J'avais préféré reluquer le paillasson, refoulant l'agacement qui grandissait en moi. Ma propre mère ne m'accordait aucune attention et elle avait bien vite oublié que son "adorable gendre" ne faisait plus partie des vivants. Je n'avais même pas eu l'occasion de lui raconter les circonstances de sa mort qu'elle s'était précipitée sur l'Alpha.
- Cher !, s'emporta-t-elle tout à coup me sortant de mes ruminations.
Je levai la tête, surprise qu'on me sonne. Enfin, Tristan avait quitté la pièce, et je compris ce soudain intérêt pour ma personne. Ma réaction était digne d'une gamine...
- Où est-il passé ?, m'inquiétai-je.
- Un appel urgent, s'exaspéra-t-elle. Merci de suivre la conversation chérie ! Tu es née sous une bonne étoile ma fille.
- Quoi ?
- Comment, me reprit-elle en soupirant. Cet homme est fabuleux !J'écarquillai les yeux. Elle ne pensait tout de même pas que...
- Et tu me fais honte, reprit-elle sur le même ton. Tu aurais pu trouver une tenue plus appropriée...
- Maman..., soupirai-je.
- Qu'en est-il de Boris ?, demanda-t-elle finalement.
- Baptiste, la corrigeai-je.Elle acquiesça en souriant tristement. Son regard s'emplit de compassion et elle posa sa main sur la mienne.
- Il a eut un accident, mentis-je. Les secours n'ont rien pu faire pour lui...
- Oh, mon ange !, s'exclama-t-elle. Je suis tellement désolée... c'était un si bon garçon...
- Je suis sincèrement désolée de ne pas t'avoir appelé mais...
- Ne t'en fais pas pour ça !, me coupa-t-elle. Je comprends parfaitement. Mais tu sais que je suis là, tu peux me faire confiance. Je suis ta mère après tout.Pour sur, elle l'était. Ses grands yeux bruns me rappelaient les miens, la couleur de ses cheveux était identique à la mienne et les traits de nos visages étaient plutôt semblables. Elle me prit dans ses bras et me serra. Je fermai les yeux et profitai de cet instant. Sa chaleur m'avait manqué. Et son odeur...
Je m'écartai d'elle et la dévisageai. Elle garda son sourire maternelle et versa du thé dans sa tasse.
- Maman..., murmurai-je. Tu n'as rien à me dire ?
- De quoi parle-tu ?, s'étonna-t-elle avant de porter la tasse à ses lèvres.
- Loup-garou, clamai-je.
- Oh, ça, enchaîna-t-elle. C'est sans importance Cher, tu veux du thé ?Sa désinvolture n'aurait pas du me surprendre et pourtant je restai muette devant elle. Elle avait toujours tout pris à la légère, que ce soit le divorce demandé par mon père des années plutôt où le fait d'être devenu une Louve.
- Qui t'as fait ça ?, m'indignai-je.
- Du calme ma belle, me sermonna-t-elle. Je voulais essayer et par chance mon nouveau compagnon est un Loup. J'aurai adoré te le présenter, mais il n'a pas pu venir avec moi, il est resté à New York.
- Essayer ?, m'étranglai-je. Mais ce n'est pas une paire de chaussures !
- Voyons, je sais tout ça, ne t'inquiète pas pour moi, renchérit-elle. Bois.J'hésitai à lui jeter la carafe en plein visage. Son manque de sérieux m'exaspérait, elle prenait ça pour un jeu. J'adorai ma mère. Mais je pouvais comprendre à cet instant pourquoi mon père lui avait claqué la porte au nez. Elle se croyait invincible, ne prêtant pas attention aux détails qu'elle jugeait sans importance. Et elle restait là, à siroter son thé.
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Cherry moi, s'il te plait.
WerewolfCherry a vingt quatre ans et cherche un nouveau sens à sa vie. Gracieusement hébergée par sa soeur aîné, elle se contente de respirer. Ce que personne ne sait, ce qu'elle cache derrière son attitude insouciente, c'est un désastre qu'elle cherche à...