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« Tu ne peux pas rendre tout le monde heureux. Tu n'es pas un pot de Nutella...  »


La semaine s'était difficilement écoulée. Mes moindres faits et gestes surveillés par mes baby-sitters officiels, j'étais autorisée à quitter la demeure des Loups en leur compagnie pour me rendre au travail. Ma vie sociale se résumait à mes gardes du corps et Élisabeth principalement lorsque je la croisai dans la cuisine du manoir. Simon m'évitait comme la peste, Grâce s'occupait des plus jeunes, et je restai enfermer dans ma chambre le reste du temps, lorsque je n'aidais pas Eli avec les tâches ménagères.

La journée touchait à sa fin, alors qu'au fin fond de la réserve je pestai contre le monde entier. L'un des Loups chargé de ma surveillance ne cessait d'interrompre mon travail pour s'amuser ou me montrer son mécontentement d'avoir reçu cet ordre. Ce n'était pas ma faute si son boss était un paranoïaque. Comme si je risquai quoique ce soit en servant du café. Le Loup avait insisté pour m'accompagner à l'arrière, prétextant qu'on lui avait ordonné de ne pas me quitter des yeux. C'était stupide. Ruminant seule en prenant la caisse emplit de canettes, je fis demi-tour et entrepris de remonter l'escalier. Lorsque mon pierre rencontra la première marche, je poussai un cris et me mis à injurier le bon Dieu. Mon inattention ne fit qu'empirer mon humeur et j'allai poser ma charge sur le comptoir en faisant un boucan monstre, juste devant le fameux Loup.

- que c'est-il passé ?, s'inquiéta-t-il en me dévisageant.

Je marmonnai un "rien" et rangeai les boissons au frais. Il resta planter derrière moi une dizaine de minutes alors que je finissais de vérifier les stocks. Un coup d'œil à l'heure m'apprit qu'il serait bientôt temps de quitter mon poste. J'avais hâte d'aller m'enfermer au milieu de la meute. L'ironie m'arracha une grimace et j'entrepris de nettoyer une dernière fois le bar puisque l'autre s'était décidé à rejoindre son pote.

En refermant mon casier, j'avais une furieuse envie de m'échapper par la porte de service. Hélas, Nicolas m'appela alors que je m'apprêtai à actionner la poignet de la dîtes porte. Revenant dans la salle, l'heureuse surprise de découvrir Simon accoudé au comptoir suffit à m'anéantir. En bonne rancunière je ne le saluai pas, me contentant de prendre le paquet que me tendait mon collègue.

Je poussai un cri en ouvrant le colis, et le lâchai par la même occasion. Le Loup blond se précipita de mon côté et examina l'objet et son contenu... un rat mort.

- c'est quoi ce délire ?, s'exclama Nicolas aussi blanc que je devais l'être. Débarrasse-moi de ça, par pitié...

Il recula le plus loin possible de nous avant de poser ses yeux livides sur moi.

- qui t'as envoyé ce truc..., déglutit-il.

- aucune idée, répondis-je en essayant de maîtriser les tremblements de ma voix. Simon, referme ça, s'il te plait... l'odeur est...

Je me précipitai jusqu'au sanitaire pour y rendre mon dernier repas. Les effluves du cadavre m'étaient revenus comme une gifle en plein visage, me retournant l'estomac.
Le ventre vide, j'allai au lavabo me rincer la bouche. La silhouette dans le miroir ne faisait pas la maline pour une fois. Le teint trop pâle, mes yeux brillaient, et je replaçai une mèche derrière mon oreille. Puis, espérant qu'on est éloigné le présent empoisonné, je me risquai à retourner dans la salle. Seul Simon m'y attendait et il me fit signe de le suivre. Il posa sa main dans mon dos lorsque je passai à sa hauteur et il me conduisit à l'extérieur. L'air frais me fit un bien fou et le Loup m'aida à monter dans sa grosse voiture.

Simon était bien trop calme face à la situation. Il démarra le véhicule après m'avoir jeté un énième coup d'œil.

- où sont passés les autres ?, demandai-je.
- ils nous devancent de quelques minutes, m'apprit-il.
- tu as prévu Tristan ?, repris-je.
- évidement.

Cherry moi, s'il te plait.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant