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« Le frigo est un bon exemple pour montrer que ce qui compte est à l'intérieur. »

Tout au fond de moi, dans l'obscurité de mon inconscient, je pouvais percevoir un faible bruit. Comme un ronronnement, inaudible au premier abord, mais bel et bien présent. Il y avait quelque chose. Une chose étrangère, tout au fond de mon être.

Je voulais hurler, violée par cette intrusion. Mais dans l'ombre, je n'étais rien d'autre qu'une pensée. Tel un cauchemar, je ne pouvais qu'exister dans ce silence complet. Sans jamais pouvoir, appeler à l'aide. Malgré tout mon désespoir, aucun signe de vie, aucune trace du temps...

Jusqu'à ce qu'une infime étincelle illumine, l'espace d'une seconde, le noir.

Tout s'activa soudainement. Comme réveillée en sursaut, mes yeux s'ouvrirent sur un mur de pierre. Mon crâne me lançait, alors que doucement mon corps se ranimait.
Je me trouvais sur un lit de fortune, dans une petite pièce très peu décorée. Derrière moi, je découvris un mur de verre donnant sur un laboratoire. Une dizaine de personne s'affairait derrière la vitre sans me prêter la moindre attention.
Ce petit spectacle s'éternisa. Les scientifiques en blouses blanches s'agitaient dans tout les sens. Concentrés par leur travail, ils s'animaient sans cesse. Je percevais chaque mot prononcé, chaque bruit raisonnant et quelque chose me poussait à croire qu'une oreille ordinaire n'en aurait pas entendue la moitié. Que m'avaient-ils fait ? Et qu'attendaient-ils de moi ?

Un mouvement attira mon attention au fin fond de la deuxième pièce. Un homme barbu et vêtu d'un smoking entra, sans prendre la peine de saluer les autres. Il se dirigea d'un pas déterminer dans ma direction. Un agaçant sourire collait à ses lèvres trop pulpeuses. Il s'arrêta à ma vitre, fit mine de regarder son reflet et réajusta sa cravate. Ses yeux globuleux se posèrent sur ma personne.

- Vous nous avez causé beaucoup de contre-temps, Cherry Deans, débuta-t-il.

- Merci.

Il se figea avant d'élargir ce stupide sourire.

- Vous avez sans doute beaucoup de questions à me poser, reprit-il. Je serai heureux de vous renseigner.

- Vous devriez changer de barbier, lui suggérai-je. Vous ressemblez à un de ces sans-abris dans le métro.

Il ne s'offusqua pas pour ma plus grande frustration. J'en déduisis qu'il connaissait mon caractère. Mais il n'était pas au bout de ses surprises.

- Un autre conseil ?, se renseigna-t-il. Nous pouvons passer à l'essentiel. Je suis sûre que vous êtes curieuse de savoir ce que nous avons fait à votre ami... quel était son nom déjà ?

Touchée. Je serrai les dents, luttant contre cette soudaine rage qui m'implorait de lui sauter à la gorge. C'était stupide, une vitre me séparait de lui. J'allais me ridiculiser.

- J'ai une mémoire courte, se plaignit-il. Et il me semble que vous avez vu le résultat de toute façon... votre question pourrait donc être, comment un Loup-Garou a-t-il pu subir ces souffrances sans se défendre ? Nous avons commencé par menacer la vie de sa compagne. Vous, en l'occurrence. Il est devenu docile et nous a laissé lui injecter notre drogue. Test concluant. Son corps a cessé de lui obéir. Et vous imaginez le reste.

Un grognement bourdonna autour de moi. Il lui avait infligé un million d'entailles avant de le déposer à l'agonie dans notre lit. Le grognement se fit plus fort alors que la colère grandissait. Nom de Dieu, je grognai !

- Cherry, calmez-vous, me proposa-t-il. Vous n'êtes pas un animal voyons.

Il mentait... il puait le mensonge et il adorait ça.

Cherry moi, s'il te plait.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant