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« Le rire c'est comme les essuie-glaces. Ça ne stoppe pas la pluie, mais ça permet d'avancer ! »


La chose ne bougeait pas. Seul son faible souffle confirmait sa présence dans le laboratoire. Nous étions restée un long moment sur nos gardes avant que je ne me lasse. La bête ne se réveillerait pas de si tôt et j'avais besoin de repos, quoi qu'en dise la Louve en moi. Elle lutta contre moi alors que je cherchai à m'endormir.

Lorsqu'elle s'agita une seconde fois, le réveil fût des plus désagréable. Elle grognait faiblement, m'obligeant à ouvrir les yeux pour scruter la pièce dans ses moindres détails.

Les bruits de pas se rapprochèrent, et l'unique porte s'ouvrit. Quelques personnes en blouses blanches investirent le labo. L'une d'elle s'approcha de ma cellule, elle s'appliquait à ignorer ma présence mais la curiosité troublait ses gestes. Elle prit une grande inspiration, s'accroupit et lâcha le plateau repas d'une main puis elle ouvrit une petite trappe dans le mur de verre. Elle hésita une seconde de trop et la Louve s'immergea dans tout mon corps, essayant par tout les moyens de m'obliger à sauter sur l'occasion.

La femme ne remarqua pas les tremblements de mes mains alors que je tentai de garder le contrôle de mon corps. Il ne servait à rien de l'effrayer plus qu'elle ne l'était. Je ne passerai pas par cette ouverture. Et je mourrai de faim. Elle déposa le plateau et s'empressa de refermer la trappe. Elle se leva rapidement et fit demi tour afin de quitter la pièce. 

La Louve rageait contre moi alors que je quittai mon lit de fortune pour m'emparer du plateau. J'ignorai une nouvelle fois ses protestations, et entamai pour petit déjeuner, avec ou sans poison.

Je regrettai aussitôt les repas de Élisabeth, ce truc n'avait pas de goût. La Louve s'en fichait pas mal et attira mon attention à l'extérieur. Trois hommes s'étaient rapprochés de la cellule au centre de la pièce. Le plus costaux se risqua à pénétrer à l'intérieur. Il se saisit de l'épaisse couverture et la retira d'un coup sec avant de quitter la petite pièce. Dans une cage, un loup étendu respirait faiblement. Son pelage gris de m'en apprit pas d'avantage sur son identité.

- Pourquoi est-il toujours inconscient ?, s'inquiéta le plus petit.

- Les soldats ont suivit tes instructions à la lettre, Thomas, affirma le costaux.

Le troisième fit le tour de la cellule, étudiant d'un oeil intrigué l'animal.

- Tant pis, nous commencerons donc par les prélèvements, reprit Thomas.

Résolut, l'homme se tourna vers le bureau non loin et attrapa une seringue. Il se rapprocha de la cage en continuant à parler à son collègue. Il ouvrit la porte et s'approcha des barreaux sans quitter le loup des yeux. Il approcha l'aiguille du pelage et écarta soigneusement les poiles.

- Faites taire ces grognements !, pesta-t-il tout à coup à deux doigts de percer la peau de la bête.

Les visages se tournèrent vers moi, comme si l'assemblé s'apercevait enfin de ma présence.

Collée à la vitre, j'observais leurs faits et gestes et un râle continu sortait du fond de ma gorge. Je cessai tout à coup. Obnubilée par les scientifiques, la Louve en avait profité pour me rapprocher du mur de verre et signalait son mécontentement. Je frissonnai à l'idée qu'elle puisse être capable de prendre possession de mon propre corps sans que je m'en rende compte.

Tout à coup, un hurlement retentit dans la pièce et j'eus à peine le temps d'apercevoir le dénommé Thomas détallait comme un lapin. On referma aussitôt la cellule de verre. Le loup s'était redressé et grognait à son tour. Montrant ses féroces dents aux trois hommes, il les obligea à reculer d'un pas.

Cherry moi, s'il te plait.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant