Cherry moi, s'il te plait.

(18)

« L'amour c'est comme le jardinage, ça commence par une pelle et ça fini par un râteau. »

Une douleur vive enflamma ma poitrine alors que je m'écrase lourdement contre le sol.

- Lève-toi, grogna la femme dans mon dos.

Elle avait sérieusement un problème. Et plus son ton se faisait hargneux plus la colère s'installait au plus profond de mon être. Une chose était certaine, nous ne serions jamais amies.

Difficilement, je me remis sur mes pieds. Je ne comptais plus le nombre de fois où la harpie m'avait fait mordre la poussière.

- Ne tourne jamais le dos à ton adversaire !, reprit-elle pour la quinzième fois.

Son poing s'abattit sur mon épaule, sa force me projeta à quelques mètres de ma position initiale. Je me retournai vivement et la foudroyai du regard. Elle ne haussa pas même un de ces affreux sourcils roux. Michelle se contentait de croiser les bras en fixant le bas de mon visage.

Sa capacité de compréhension était plus élevée que la mienne. Elle avait tenté lors de mon premier regard de tueur de lutter contre ma dominance et elle avait lamentablement échoué. Peut-être que si je ne m'étais pas méchamment moquée de sa piteuse performance, elle ne s'acharnerait pas ainsi sur moi.

- Aller bouge-toi, ordonna-t-elle. Essaie de m'atteindre.

Son petit sourire illuminant son visage bien trop pâle me foutait salement en rogne. Et la louve en moi... non, je grognai.

- On ne va pas y passer la journée chaton, me titilla-t-elle.

A bout de nerf, je me lançai sur elle. Je savais pertinemment qu'elle n'attendait que ça. Si bien que j'embrassai magnifiquement son poing alors qu'elle ne bougea pas d'un pouce. Mon nez craqua et la douleur accompagna le bruit. A nouveau, je m'étalai sur le sol.

Mon bourreau soupira.

- Trop lente, commenta-t-elle. Et tu comptais te ruer sur moi ou me frapper ?

- Te sauter, répliquai-je tout en vérifiant que mon nez n'était toujours qu'en un seul morceau.

- Debout, siffla-t-elle.

Trop lente à son goût, elle m'assena un coup de pied dans la hanche. Puis, elle me prit par le bras et m'obligea à me relever.

- Arrête de penser comme un humain, continua-t-elle. Ressens ta nouvelle force. T'as aucune capacité que ce soit en attaque ou en défense. T'es lamentable.

- J'ai un talent caché, me défendis-je.

- Il serait tant de le montrer, tu ne crois pas ?, se moqua-t-elle.

- Désolé, m'excusai-je. Il faut qu'on soit entièrement nue pour ça.

Le poing qui s'écrasa contre mon ventre me coupa le souffle. Celui qui s'affala contre mon dos me fit perdre l'équilibre et je rencontrai encore le sol. Cette fois, j'avais très envie de rester à lui faire un câlin.

Mais la catin rousse me tira les cheveux pour me remettre debout. Décidément, elle s'acharnait.

- T'es idiote ou tu le fais exprès ?, enchaîna-t-elle. Plus tu sors de connerie plus je prends plaisir à te frapper.

- Et j'adore ça, haletai-je.

- Ferme-les yeux, m'ignora-t-elle. On va essayer autre chose puisque tu es incapable de voir venir les coups. Aller, ferme-les !

Je soupirai. De toute façon, elle ne lâcherait pas l'affaire. Sagement, je me plongeai dans le noir. Privée de la vue, je redoutai sa prochaine baffe.