Les Voeux du Sang/Dynastie

Chapitre 13

- Tu peux disposer Jake. Je crois t'avoir donner assez d'instructions pour les nuits et les journées à venir... N'oublie pas ce que tu risques... Je t'aime bien mais je crains que cela ne sois pas suffisant pour te sauver d'un quelconque échec... Tu as carte blanche, utilise tous les moyens que tu veux mais d'ici le Bal d'Hiver je veux avoir toutes les clefs en main... J'ai beaucoup de travail, plus que je n'avais prévu... Veille à ce que personne ne me dérange.

------------------------------

Pdv Alexander

Dès que Jake fut sorti, une nouvelle vague de sentiments ébranla mon corps déjà si tendu. Que se passait-il bon sang ? Les émotions les plus brutes se livraient une formidable bataille en mon âme éteinte et se fracassaient les unes aux autres dans un tumulte effroyable. La haine vengeresse envers Brown ainsi que pour mes autres ennemis encore terrés tels des lâches, le mépris profond pour l'incompétence innommable de Jake sans compter la condescendance et l'insubordination d'Ethan. Il avait beau être mon meilleur ami depuis plus d'un millénaire, un appui irremplaçable nécessaire à mon règne, l'héritier incontesté de la Dynastie Aristarkh et de son siège en Royaume d'Italie : il demeurait sur mes terres et me devait donc respect et obéissance. A cela s'ajoutaient les quelques mille et uns problèmes auxquels un Prince de mon rang était confronté chaque jour...

Une fureur démoniaque irradiait mon corps mais celle-ci n'était rien face au désir brulant qui embrasait un peu plus mon coeur si sombre. Une colère démesurée m'emplissait : la rage d'éprouver ces émotions qui ne me semblaient plus qu'un souvenir lointain du passé. Je ne contrôlais plus rien, je ne répondais plus de moi même : je n'étais qu'une ombre dans le néant. Depuis que mes yeux s'étaient posés sur elle tout avait changer : mes priorités n'étaient plus les mêmes, mes pensées s'évadaient pour aller la retrouver. Elle l'avait rallumé. Cette flamme qui s'était éteinte il y tant d'années. Il y a exactement 1176 ans...

Flash-Back

Blanc. Le sol, les arbres, le ciel : tout était blanc. Le temps paraissait suspendu dans ce paysage immobile seulement troublé par la longue chute des épais flocons. Ils ruisselaient des cieux comme ruissèleraient des larmes. Ils tourbillonnaient un instant pour enfin venir se mêler à la fourrure immaculée de ma cape.

Mes pas étaient légers et silencieux, creusant à peine le splendide tapis de neige. Rien ne bougeait dans cette nature paisible, pas une autre trace ne se mêlait aux miennes... Soudain, mon oreille frémit. Attentif, je relevais la tête et portais instinctivement ma main gantée de cuir à la garde de mon épée. Le mystérieux bruit se réitéra et immédiatement, comme me l'avait soigneusement appris Coraline, je disposais tous mes sens aux aguets. J'esquissais un pas, un second, puis un autre et encore une multitude jusqu'à ce que mes jambes animés par la soif de sang m'entrainent à travers la vallée enneigée. Enfin, au détour d'un chemin, les battements d'un coeur sauvage, les effluves d'un sang pur et rebelle m'assaillirent, me figèrent. Je n'osais bouger, par peur de perdre ces odeurs et ces sont délicieux. Dissimulé par les longues aiguilles d'un haut sapin, je scrutais les arbres attentivement, à la recherche de cet humain qui troublait mes sens. Lorsque mes yeux se posèrent dans le creux où convergeaient les deux collines mes canines effilées pointèrent sur ma lèvre inférieure. Mes yeux se plissèrent et revêtirent leurs belles couleurs rouges et or.

L'humain encapuchonné dans ses fourrures me faisait toujours dos. Ses bras tenaient fermement un arc tendu pointé vers le sol à l'affut d'un quelconque gibier en ce froid hivernal. Je m'approchais toujours plus comme le dangereux prédateur que j'étais. Mes canines défiaient le vent gelé et brulaient de retrouver la douce chaleur familière d'une carotide gorgée de sang frais. Une vingtaine de centimètres me séparaient encore de la frêle créature. Ma main se leva mais à mon plus grand étonnement l'humain si se retourna alors que mes doits effleuraient son épais manteau.