Les Voeux du Sang/Dynastie

Chapitre 52

J'espérais que ma décision satisfera le plus grand nombre et ne provoquerait pas de nouvelles dissensions. Quoi qu'il en soit, jamais je n'aurais pensé que les plus grandes difficultés viendraient de mon propre camp.

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Pdv Alexander

Nous avions quitté le camp Eagle Plains une fois que les dangereuses lueurs de l'aube eurent cessé d'irradier les vastes étendues blanches.

La plupart de mes hommes avaient pu profiter des dernières heures de la nuit pour régénérer leurs forces et se préparer pour la longue journée qui nous attendait. Nous devions en effet par courir deux cent quatre-vingts kilomètres, ce qui représentait d'ailleurs la plus longue jonction de notre périple et donc la plus risquée. Nous avions non seulement davantage de chances de nous faire surprendre par une patrouille de lycans mais également de nous faire purement et simplement désintégrer si nous ne parvenions pas à prendre Elsa avant le coucher du soleil. Le crépuscule aura lieu peu après dix-huit heures. Sachant que nous étions partis à huit heures trente précise, il nous restait moins de dix heures pour réussir notre entreprise.

Le brouillard s'était levé peu après notre départ et ne faisait que s'épaissir à mesure que nous avancions. Dans ma course effrénée, je jetais un coup d'oeil sur ma gauche ; à l'endroit même où était censé se trouver Calvin Donovan. Dans les épais méandres vaporeux, je ne distinguais rien si ce n'est un vaste écran blanc sans commencement ni fin. Alors, je me fiais à mon ouïe afin de m'assurer de sa présence ainsi que de celle des vampires sous mon commandement que je ne discernais pas davantage.

Ce que je constatais n'augurait rien de bon. Ma section semblait s'être disloquée en petits groupuscules qui dérivaient de part et d'autre, faute de visibilité, de notre trajectoire initiale. Si je n'intervenais pas immédiatement, ma section serait bientôt mise en déroute et dispersée tous azimuts, condamnée à errer dans la lande canadienne jusqu'aux destructrices leurs du crépuscule. Alors, je ralentis donc progressivement ma progression espérant que les vampires qui suivaient encore mes traces le percevraient. Finalement, je m'arrêtais complètement. Quelques secondes s'écoulèrent avant plusieurs dizaines de vampires me rejoignent. Malgré mes précautions, quelques collisions se produisirent du fait des quelques vampires qui n'avaient pas perçu le ralentissement d'allure.

- Pourquoi nous arrêtons-nous ? Nous n'avons pas effectué la moitié du chemin. Questionna Calvin Donovan qui avait repris forme humaine malgré le froid et sa nudité.

- Le brouillard nous égare. Plus nous avançons, plus la section se disloque. Nous devons vérifier notre cap et retrouver, si c'est encore possible, les groupuscules qui ont dévié. Expliquai-je en consultant tour à tour la boussole que je superposais sur la carte que je venais de déplier.

- Si nous nous sommes dispersés, il est très probable que les autres sections soient également en mauvaise posture. Remarqua Byron qui venait tout juste d'apparaître sur ma droite tandis que je corrigeais notre cap.

- Chaque chose en son temps. Nous devons d'abord rassembler les vampires de notre propre section. S'ils ne se sont pas trop éloignés, je dois pouvoir les retrouver.

Sur ces mots, je fermais les yeux pour m'ôter à toute distraction et me concentrais uniquement sur mon ouïe. Maintenant, que nous nous étions immobilisés, les interférences étaient moins nombreuses. En prêtant attention jusqu'au plus faible son qui me parvenais, je réussis à déterminer simultanément la position des différents vampires égarés. Malheureusement, mes pouvoirs bien que puissants ne me permettaient pas de d'influencer leur volonté de manière à ce que chacun d'entre eux emprunte la « bonne » direction. Mais, mes hommes me connaissaient ; du moins ils avaient connaissance de mon pouvoir. Ainsi, si je leur indiquais le chemin, j'étais certain qu'ils le suivraient. J'invoquais donc les limbes. De sombres volutes nuancés de gris et de noir s'amassèrent au creux de mes paumes avant de dégringoler jusqu'au sol. Pareil à des serpents, elles se mirent à arpenter le sol en diverses directions sous la forme de fins sillons. Dans certains cas, mon pouvoir dû poursuivre les vampires qui, malgré leur errance, ne s'étaient pas arrêtés avant que finalement ceux-ci ne remarquent leur fil d'Ariane salvateur.