Chapitre 21

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James, le sourire aux lèvres, s'avança à mes cotés et passa son bras autour de ma taille. Je remuais et tentais de le repousser. Il n'y prêta aucune attention et raffermit sa prise avant de m'entraîner à l'intérieur. Je n'aurais pas dû. Désormais, je ne souhaitais qu'une chose : être partout, sauf ici.

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Pdv Jake

Je courais. Je courais aussi vite que je le pouvais car plus je tardais plus le fil de ma vie s'effilochait. Je traversais la cour à une vitesses surhumaine. De loin, les sentinelles semblaient avoir reconnu leur chef puisqu'elles s'empressèrent d'ouvrir les portes du palais avant que je m'y engouffre comme un courant d'air. Je m'élançais dans les couloirs, dévalais les escaliers et bousculais quelques domestiques. En quelques secondes j'étais arrivé au pas de la fameuse porte : la porte du conseil. Dans cette salle se réunissait tous les hauts dignitaires et fonctionnaires qui conseillaient mon maître. Parmi eux, on comptait les ministres humains et vampires de Grande-Bretagne mais également ceux des nations composant le royaume Kataïev. Il était même probable que notre allié Ian Aristarkh ait envoyé quelques ambassadeurs pour le représenter. Je savais que cette entrevue était très importante. Mon maître me blâmera surement pour l'avoir interrompu mais il me tuera certainement si je ne fais rien. Je pris mon courage à deux mains et poussais les lourdes portes. Comme je m'y attendais une cinquantaine de regards se braqua sur moi. Je déglutis. Ils étaient tous assis autour de d'une imposante table de pierre au plateau poli. Alexander était le seul debout. Lorsqu'il m'aperçut, sa voix déclina. Ses sourcils se froncèrent. Il laissa tomber le bras qu'il tenait tantôt pointé vers le planisphère peint de dorures à même le mur. Un silence gênant tomba sur l'assemblée. Enfin, il se dirigea vers moi. Le claquement de ses pas sur le sol de marbre blanc résonna un écho. Fidèle à ses habitudes, il était vêtu d'un simple costume d'encre taillé sur mesure et bien que la salle soit vivement éclairé il m'apparaissait aussi sombre qu'une nuit sans étoiles. La lumière des lustres dansaient sur son visage et révélait cet implacable sourire en coin que je lui connaissais. Il me dépassa pour m'entrainer hors de la salle: à l'abri des oreilles indiscrètes. Il referma la porte du petit cabinet dans lequel il m'avait poussé et d'un calme olympien m'intima de parler :

- Maître... C'est à propos de la fille...

La malice déserta son visage. Il releva les yeux : ils étaient vides.

- Quoi ? Qu'y-a-t-il ? Lâcha-t-il.

- Elle n'est pas chez elle... Comme vous le craignez, elle s'est rendue à l'une de ces excessives soirées de lycéens dans les beaux quartiers... Ce n'est pas tout, elle n'est pas seule : un garçon l'accompagne...

Il n'en fallut pas d'avantage pour me retrouver au sol. Un ample revers de bras m'avait blasé. En un battement de cils mon maître avait disparu. Dieu, quelle furie le tourmentait encore ?

Pdv Amelia

Voilà déjà une heure que j'évitais James. Ma tête me tournait un peu je n'avais pourtant bu aucun verre. La salle était bondée de lycéens qui se frottaient les uns contre les autres au rythme d'une musique infernale. L'air en devenait âpre et suffocant. La chaleur glissait si bien sur ma peau qu'une goutte de sueur perlait à ma lampe. Je respirais. L'atmosphère nauséabonde était lourde des fumées de cigarettes qui infiltrèrent mes poumons. J'étouffais. N'y tenant plus je sortis respirer l'air frais. Pour une nuit froide de décembre les températures étaient étrangement douces. Sur la terrasse, une horde d'adolescents ivres se bousculaient et s'amusaient à rependre des cochonneries dans la piscine dont l'eau avait pris une teinte indescriptible. Je m'éloignais rapidement d'eux et zigzaguais entre les détritus qui jonchaient la pelouse. Je m'enfonçais un plus au fond du jardin là ou se trouvait un carré d'herbe épargné par la fête. Un néon enfoncé dans le sol illuminait le pied d'un arbre finement taillé. Je décidais de m'y adosser et reposais ma tête contre le tronc. J'entendais au loin les échos de la musique mais ne m'en souciais pas et laissais mon esprit vagabonder. Je restais ainsi un long moment.

Les Voeux du Sang/DynastieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant