Spéciale

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Au moment où la reine sortait un poignard de sa manche, Darlos entra. Aussitôt, Noka rangea son arme et se retourna. Puis, sans dire un mot, elle s'en alla. Le cœur d'Elora commença à se calmer et elle s'assit sur ses draps blancs. Le serviteur plongea son regard dans le sien.

- Darlos. murmura-t-elle J'ai eu si peur.
- Ne t'en fais pas. Je suis là. fit-il d'une voix infiniment douce et caressante

Il lui prit la main. Une chaleur apaisante émanait de sa peau, cela fit du bien à la jeune femme épuisée. Les bras de Morphée l'emportèrent rapidement dans le pays des songes où elle sombra complètement.

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Lorsqu elle se réveilla, elle était seule, toute habillée dans son lit. Elle s'étira, se lava et s'habilla prestement. Au moment précis où elle allait sortir, quelqu'un frappa à sa porte. Elle se crispa, espérant que ce ne soit pas la reine. Lentement, elle tourna la poignée. C'était Lora. La princesse était mi-figue, mi-raisin.

- Le prince a décidé d'avancer mon jour avec lui à demain. Tu penses que...
- T'inquiètes pas. la rassura son amie Tout ira bien.
- Et toi, ça c'est bien passé ?

Elora ne savait que répondre. Était-ce une bonne ou une mauvaise chose que Koldon s'intéresse fortement à elle ? Elle se rappelait la phrase qu'il avait dite : " Je tiens toujours mes promesses. " Phrase si énigmatique. Elle se mordit les lèvres et décida de répondre la vérité à la seule personne pouvant la comprendre dans ce palais.

- Je ne sais pas. Mais le jardin était somptueux.
- Tu sais, fit soudainement Lotus, je t'ai dit qu'aucun homme ne travaille chez moi. En fait, mon père est mort lors de la bataille de Pharos. Cela nous apporté la gloire mais nous avons tout perdu. L'équipement nous avait coûté une fortune et cela nous a ruiné. Ma mère aimerait que j'épouse le prince, cela nous assurerait un avenir. Seulement un mariage forcé... C'est dur pour moi. Mais si Koldon ne veut pas de moi, je serai forcée de me marier à un vieux goujat, riche mais laid et mauvais. Je l'ai appris ce matin dans une lettre de ma mère. Qu'est-ce que tu ferais à ma place ? demanda Lora, presque en larmes

La confiance que lui accordait la princesse la toucha. Elle réfléchit longuement, les yeux dans le vague. Finalement, elle répondit.

- Tu as un devoir à respecter. Reviens me voir après ta journée avec le prince. Alors nous trouverons une décision. En attendant ne te tourmente pas, nous allons visiter les jardins accessibles, car je suppose que celui que nous avons vu hier est réservé ?
- En effet. confirma-t-elle avec un léger sourire Celui que je préfère c'est le jardin de Tolym, le dieu de la flore. Mais j'aime aussi celui d'Arlyaka, la déesse de la lune.

Elora la suivit docilement. Le jardin de Tolym était le jardin central et aussi le plus grand. Évidemment, sa splendeur n'égalait pas celle de celui qu'elle avait parcouru la veille avec le prince mais tout de même. D'une beauté fragile et délicate, le jardin de Tolym était rempli de statues finements sculptés et de roses parfumée. En son centre, la statue du dieu en question trônait, entourée de bassins d'eau claire, de lotus et de roseaux. Tolym était fin, élancé, et son habit se composait uniquement d'éléments naturels, son front, ceint d'une couronne de lotus, son emblème, semblait plus blanc que les fleurs elles-même. En sa main dextre, un arbuste poussait et sa main gauche tenait une fleur de lys. Les couleurs pastels lui donnait l'air calme et reposé, aucune force ne se dégageait de lui, au contraire. Il semblait doux comme un agneau.

Elles s'y baladèrent en bavardant gaiement puis passèrent dans le jardin d'Arlyaka. Celui-ci contenait plus de points d'eau où la lune pouvait se refléter avec facilité. La plupart des plantes étaient blanches ou bleues, les couleurs de la déesse. On y sentait la fraîcheur et le calme. Au milieu du jardin, une fontaine sur laquelle était placée la statue d'Arlyaka. Tout en elle respirait la tendresse et le courage à la fois. Ses cheveux blancs encadraient une visage aux traits encore plus délicats que ceux de Tolym. Ses yeux de cristal bleu vous regardaient avec douceur et bonté sans pourtant manquer de courage. Ses lèvres pâles souriaient. Une grâce inée émanait de son corps. Sa robe de neige aux reflets azurés flottait sur ses bras et la ceinture d'argent en forme de "v" retenait le vêtement à sa taille. Ses pieds délicats touchaient à peine le sol, elle volait. Oui, une déesse. Et encore, il ne s'agissait que d'une sculpture.

Elora Tome 1 : La MarqueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant