Elora Tome 1 : La Marque

Complications

" Et une journée de plus. pensa Elora en se levant"

Elle choisit cette fois dans sa garde-robe un vêtement très léger, très fin mais opaque, le plus coloré de tous : des oiseaux multicolores semblaient virevolter sur elle, la parant de milles teintes. La robe s'évasait à partir de la taille en plis ondulants à chacun de ses mouvements, les épaules étaient dénudées et les manches recouvraient la totalité des bras, s'ouvrant en fleur au poignet. Nulle ceinture n'enserrait ses hanches. Elle se para ensuite d'un bracelet d'or commun et d'un bracelet plus recherché en forme de branche fleurie de couleur blanche et argentée. Pour finir, elle coiffa ses cheveux en une tresse qu'elle orna de minuscules paillettes nacrées et plaça sur le côté de sa tête un hibiscus rouge vif. Quelques mèches tombaient élégamment sur son front. Elle s'observa un instant devant la glace et se jugeant prête, partit vers la salle à manger.

Darlos se trouvait, selon se prévisions, devant sa porte. Elle n'aimait pas l'idée de jouer avec les sentiments d'autrui mais elle devait savoir s'il l'aimait réellement ou si ce n'était qu'une mascarade. Comme elle si attendait, il ouvrit des yeux ronds d'admiration.

- Mademoiselle, chuchota-t-il, vous m'impressionnez toujours par votre beauté.

Elle le regarda avec un air épris puis alla manger. Le petit-déjeuner était délicieux comme tous les repas ici. Elle finit rapidement, sans s'occuper des airs de convoitise des autres filles. Le domestique n'apparaissant pas, elle décida d'aller à la bibliothèque royale. Elle avait toujours été passionnée de lecture mais sa pauvreté l'avait empêchée d'en avoir. C'était donc une bonne occasion d'aller lire gratuitement.

La bibliothèque était, comme toute chose dans ce palais, immense. Le plafond devait se trouver à quatre mètres de hauteur et les étagères l'effleuraient. Devant ces piles de livres, elle ne sut que choisir. Elle réfléchissait à trouver un moyen d'atteindre le haut des étalages lorsqu'une vielle dame surgit face à elle. Elle avait des cheveux grisonnants retenus en chignon serré et des lunettes tenaient sur l'extrême bout de son nez. Elle portait également une ample robe noire tombant jusqu'à ses pieds. Son œil, scrutateur, fixa Elora et elle remonta ses lunettes en haut de son nez. Ses yeux s'écarquillèrent.

- Vous cherchez un livre en particulier ? demanda la vielle femme d'une voix grinçante peu agréable
- Heu... Non. C'est à dire que... Vous êtes la bibliothécaire ?
- Évidemment jeune fille. Donc ? Pas de livre en particulier ?
- Non.
- Alors je vous conseillerais...

La vieille dame se retourna prestement et alla chercher quelque chose puis revint en un éclair.

" Décidément, pensa Elora, les vieilles personnes sont toutes habiles ici ! "

La bibliothécaire tenait un livre en cuir brun-rouge. Ce n'était certes pas le plus raffiné de tous mais il attirait la paysanne. Le titre indiquait : " Devins et Légendes ". La prétendante remercia la vieille dame et s'installa à une petite table ronde, bien au calme. Elle inspecta tout d'abord le sommaire. Un nom retint son attention : " La légende de Tatkan " Elle ne la connaissait pas. Toutes les autres lui étaient familières, toutes des contes pour enfants, mais elle n'avait jamais entendu parler de celle-ci. Elle ouvrit donc à la page correspondante et commença à lire.

Un homme inconnu du nom de Tatkan était parvenu jusqu'au royaume d'Orkalni, le pays des elfes. On ne savait pas d'où il venait et il prétendait pouvoir voir l'avenir et de changer le cours de l'histoire. Ses dons furent prouvés. Il devint l'homme le plus respecté du royaume. Mais un jour, un an après son arrivée, la famille royale qui l'accueillait mourut dans un terrible accident. Tatkan dénonça la déesse Kanouk d'être à l'origine de cet "accident". Furieuse, la déesse le chassa du territoire elfique. Outré, il annonça à la déesse que cette décision causerait sa perte. Une elfe la battrait ou mourrait. Kanouk ricana, qui pourrait bien se mesurer à elle, déesse de la guerre ? Elle n'écouta donc pas Tatkan. Il fut banni et jamais personne ne le revit.