Elora Tome 1 : La Marque

Cœur de rubis

Épuisée, Elora s'arrêta. Elle venait de terminer le bijou. La pierre vermeille flamboyait sous les lampes. Il faisait nuit à présent, et la paysanne ressentait vivement la faim qui tiraillait ses entrailles. Elle n'avait pas diner. Pourtant, elle n'arrivait pas à détacher ses yeux de son œuvre. Elle était comme hypnotisée par le rubis. Finalement, Angela posa une main sur son épaule. La jeune elfe tressaillit.

- Tu devrais te reposer tu sais. Un domestique a préparé un repas, il va l'apporter dans ta chambre.
- Oui, j'y vais.

Elle se leva et salua le bijoutier.

- Le prince vous payera.
- Non, non, non ! C'est un cadeau que je vous fais.
- C'est un ordre du prince. Vous n'allez quand même pas me faire des cadeaux à chaque fois que vous me voyez !
- Bien, si c'est un ordre de Sa Majesté, je m'incline. Mais je répète que vous feriez une sacrée joaillière. En échange je demande que vous reveniez me voir.
- C'est accordé. fit la prétendante en riant

Et elle regagna sa chambre. Naonaka et son frère l'attendaient déjà avec des plateaux forts appétissants : un bol de soupe fumante avec du lard, du pain, du vin et des pâtisseries composaient chacun d'eux. Ils avalèrent le tout en un clin d'œil.

- Bon, bonne nuit Elora ! dit Vastino Demain, on finalise ton chef-d'oeuvre...

*******

Quand la paysanne se réveilla, elle eut la sensation que ce serait une journée soit merveilleuse, soit terrible.

" Alors, prête pour la grande aventure ? demanda Ly
- Tiens, te revoilà toi ! Ça faisait longtemps.
- Disons que j'ai eu quelques complications...
- Je ne savais pas qu'un esprit pouvait avoir des complications. Je peux m'habiller sans que tu t'insinue dans ma tête où... ?
- Je n'ai jamais dit que j'étais pur esprit ! Et au fait, si j'étais toi je mettrai la robe bleue or et blanche.
- Apparement non. soupira intérieurement Elora en répondant elle-même à sa question "

Elle sortit la robe recommandée. Elle partait du bleu-nuit en haut pour descendre en dégradé jusqu'au blanc le plus éclatant qui soit. De fins fils d'or étaient brodés dessus, formant de grandes arabesques étincelantes. Une ceinture haute en soie d'un rose extrêmement pâle, et de longues manches d'un tissu transparent orné de nacre complétaient l'ensemble. On aurait dit une robe toute droit sortie d'un conte féerique : très délicate mais pas moins sublime pour autant.

" Il faut avouer que tu as du goût.
- Disons plutôt que nous avons les mêmes... répliqua la voix avec une pointe de malice "

A peine eut-elle finit de l'enfiler, après un rapide passage sous la douche, que quelqu'un toqua à la porte.

- Entrez ! lança-t-elle en finissant de mettre ses bijoux

Quand la porte s'ouvrit, elle portait à présent une véritable tenue de princesse avec des bracelets d'argent au poignets, un collier d'agate blanche, béryl jaune et lapis-lazuli, et enfin, illuminant tout le reste, un diadème de diamants et saphir. La servante qui entrait resta pétrifiée devant tant de splendeur. Finalement, elle finit par balbutier :

- Vo.. Votre petit-déjeuner.
- Merci mademoiselle. remercia Elora souriante
- Vous êtes magnifique. ne put s'empêcher d'ajouter la domestique

La paysanne jeta un coup d'œil au miroir. Elle savait pertinemment que dans quelques jours, à moins qu'elle ne devienne la femme de Koldon, tout cela serait finit. Adieu bijoux et robes raffinées, retour aux tenues beaucoup plus appropriées à un travail dans les champs. Regretterait-elle tout cela ? Non, certes pas. L'argent dans le royaume était, selon elle, parfaitement géré. Le roi, ou prince, à qui revenait les collectes des impôts, avait droit à 25 % pour lui et son entourage afin de garder une bonne image pour les pays étrangers et son propre peuple. Les 75 % étaient administrés par le dirigeant et ses conseillers entièrement pour les Oxylais. Ainsi, il y avait une équité parfaite.