1. Où comment tout à commencé

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Bien avant la sonnerie annonçant le début des cours, ce fut des cris perçants et exaltés qui résonnèrent dans la cour du lycée d'Huntington Beach. Durant le week-end, des affiches avaient été accrochées dans tout le lycée pour annoncer le grand retour des Emblem3 – un groupe formé de trois jeunes du lycée qui avaient participé à X-Factor – le jour même. Bien sûr, tout le monde ou presque était fier de pouvoir dire qu'ils avaient été dans le même lycée qu'un groupe connu nationalement. Bien que, même si Drew Chadwick et Wesley Stromberg avaient passé deux années dans ce lycée, Keaton Stromberg, le membre le plus jeune du groupe et accessoirement frère cadet de Wesley, n'y avait passé que quelques mois. Un concert était prévu en fin de journée, ce qui ne manquait pas d'attiser encore un peu plus l'excitation des adolescents. Mais ce ne fut qu'à l'arrivée d'Emblem3 lors de la pause déjeuner que l'ampleur de l’événement fut réellement révélée. Les cris résonnaient dans le lycée tout entier, et si certains lycéens n'avait pas été mis au courant de la venue des garçons, ils ne pouvaient à présent plus l'ignorer. Les trois jeunes hommes traversaient la cour d'un pas assuré, saluant leurs amis et signant des autographes, un beau sourire accroché sur leurs lèvres. Tout se déroulait sans accroc jusqu'à ce que Wesley bouscule une jeune fille. Cela aurait pu en rester là, mais Wesley en décida autrement. Il se retourna vers la jeune fille qui, elle, continuait son chemin avec ses amis.

- Eh, la cinglée ! Tu pourrais au moins t'excuser !

La jeune fille s'arrêta et se tourna lentement vers lui avec un air irrité sur le visage.

- Ça va, Wesley, tempéra Keaton en essayant de détourner son frère.

Mais celui-ci ne comptait pas bouger. La jeune fille était apparemment sur le point de répliquer mais ses amis ne lui laissèrent pas le temps de prononcer le moindre mot et l'entraînèrent avec eux.

- J'ai dis ça va ! répéta Keaton en poussant son frère pour qu'il avance.

- C'est bon, lâche-moi.

Les trois amis continuèrent à saluer des fans, à prendre des photos et signer des autographes pendant une bonne dizaine de minutes, jusqu'à ce qu'un bruit tout à fait différent vienne briser l'euphorie de ce moment. C'était un bruit sourd et détonant, un bruit qui, sans même en savoir l'origine, vous glaçait d'ores et déjà d'effroi. A partir de cela, tout se passa à la fois très vite, et à la fois comme si c'était une scène de film tournée au ralenti. Il y eu quelques cris, puis un deuxième bruit, et certains se mirent à courir. Une jeune fille se distingua du reste de la foule. Peut-être était-ce parce que les larmes qui roulaient sur ces joues étaient des larmes de rage et non de peur, ou peut-être était-ce parce qu'elle avait une arme dans les mains. Elle tira un troisième coup, et tout bascula définitivement. Quelqu'un tomba et du sang se répandit sur le goudron. Chacun se protégeait comme il le pouvait. Certains étaient cachés sous des tables, d'autres derrière des arbres, d'autres encore essayaient de rentrer dans des bâtiments. Il y eut un cri strident, déchirant, puis plusieurs autres coups sourds. La jeune fille armée ne semblait pas avoir de cible précise, comme si son seul but était de faire le plus de mal possible. Elle changea de direction et s'avança vers un garçon terrifié et paralysé, plaqué contre un mur. Il semblait tellement jeune, tellement innocent et tellement inoffensif à cet exact moment. Alors que la jeune fille s'avançait toujours plus, l'arme pointée devant elle, une autre femme émergea de sous une table et se dressa entre la tireuse et sa cible.

- C'est sa première année, il ne t'a rien fait, et je doute même fortement du fait que tu lui ais déjà adressé la parole.

La jeune tireuse ne répondit rien, se contentant de garder son arme braquée sur elle. Comme ravivés par cet acte héroïque, deux garçons sortirent de leur cachette et s'avancèrent silencieusement dans le dos la tireuse. En les voyant arriver, la jeune sauveuse comprit immédiatement qu'elle devait gagner du temps ou, faute de mieux, garder l'attention de la tireuse centrée sur elle si elle ne voulait pas deux morts de plus. Bien qu'elle ne connaissait pas les deux garçons, elle ne les avait même jamais vu, ils se comprirent tous les trois en un seul regard.

- Que tu veuilles tirer sur des gens, ok, poursuit-elle. Mais fais-moi une faveur, d'accord ? Prend-en toi à des gens de ton âge.

Personne ne s'attendait à ce que la tireuse réagisse ainsi au quart de tour, après tout elle n'était qu'une adolescente, et il est difficilement imaginable qu'une personne vivant dans la période la plus insouciante de sa vie puisse réagir d'une manière si violente et si cruelle. Mais la jeune fille qui se trouvait en face du canon de l'arme, elle, l'avait pressenti. Deux coups éclatèrent à ses tympans, une douleur insoutenable fit soudain son apparition, et elle plongea dans le néant. Mais ce sacrifice ne fut pas vain, les deux jeunes hommes se jetèrent sur la tireuse et la plaquèrent à terre, l'éloignant de son arme. Les sirènes ne mirent que quelques minutes de plus à retentir, et bientôt tout fut enfin finit. Que ce soit les pompiers, les autorités ou les curieux venus voir ce qu'il se passait, tous restèrent abasourdis par la scène qu'ils avaient devant les yeux. Comment une enfant avait-elle pu commettre un tel massacre ? La tireuse fut arrêtée par des policiers, les blessés furent emmenés à l'hôpital et on recouvrit les morts d'un drap blanc. En seulement quelques heures, l'affaire avait prit une dimension internationale. Dans tous les pays, on parlait de la tuerie du lycée d'Huntington Beach, dans tous les pays, on essayait de savoir pourquoi une jeune fille sans histoire avait pu se transformer en tueuse. Des commémorations pour les trois morts furent organisées dans toute les États-Unis les jours qui suivirent, et les chambres d’hôpital des quatre blessés se remplirent de fleurs au fil des jours. Cinq jours après le massacre, les Emblem3 se rendirent à l'hôpital pour voir les blessés. Ils avaient annulés leurs concerts des deux mois suivants, ils ne pouvaient décemment pas partir après ce qu'il s'était passé. Ils arrivèrent à l'accueil de l'hôpital ou une infirmière les reçut.

- Je peux vous aider, jeunes hommes ?

- Oui, répondit Drew, on vient voir les blessés de la fusillade.

- Je suis désolée, les visites sont interdites au public.

- On est pas le public, insista Keaton. Enfin, je veux dire... On était élèves dans ce lycée avant de partir pour une émission de télévision, et c'est le jour où on est revenu que s'est passé la fusillade...

- On ne restera pas longtemps, promit Drew, on veut juste voir comment ils vont.

L'infirmière sembla réfléchir un moment puis elle soupira.

- Bon, d'accord. Il y en a trois au premier étage et une au sixième.

- Merci beaucoup.

Une boule au ventre et la gorge serrée, ils passèrent dans les chambres des trois premiers blessés. Un s'était prit une balle dans la jambe et les deux autres dans l'épaule. Sur leurs trois visages se lisaient l'incompréhension, la peur et la douleur. Comment comprendre que quelqu'un que vous ne connaissez pas ou très peu vous prenne pour cible et vous tire dessus ? Comment expliquer que quelqu'un veuille détruire votre vie sans aucune raison apparente ? Les trois garçons restèrent environ dix minutes avec les trois premiers blessés. Heureusement, chacun d'entre eux se remettait vite et ils pourraient bientôt sortir de l'hôpital et essayer d'aller de l'avant. Tous trois étaient déjà complètement bouleversés et remués quand ils entrèrent dans l’ascenseur pour monter au sixième étage.

- J'imagine que c'est la fille qui s'est interposé qui est au sixième...

- Mais pourquoi elle est pas au même étage que les autres ? demanda Keaton.

- Vu ce qu'elle s'est prit, j'imagine que c'est pas le même type de blessure, observa Drew.

Et effectivement, ce ne fut pas le même tableau qu'ils eurent sous les yeux quand ils entrèrent dans la chambre. La jeune fille était reliée à beaucoup de machines aux bruits incessants et l'intubation laissait deviner qu'elle ne respirait plus seule. Des dizaine de bouquets de fleurs étaient entreposés sur les tables, et même sur le sol. Un homme qui devait avoir une quarantaine d'années était assi sur un fauteuil à côté du corps inanimé de la jeune fille. Il ne cessait de fixer son visage pâle et immobile et les larmes roulaient presque malgré lui sur ses joues.

- June, murmura Drew quand il fut assez près pour distinguer le visage de la jeune femme.

Wesley fronça les sourcils et l'homme releva la tête vers eux.

She's looking at the ground, I'm looking at the sky || Emblem3Où les histoires vivent. Découvrez maintenant