CHERUB 1 - Un Enfer Décisif

Chapitre 19 - 5 mars 2016

Quatre jours avant la fin du programme d'entrainement, Kerry nous réunit dans le dojo. Samuel n'avait fait aucune allusion au baiser. J'étais on ne peut plus perplexe, le coeur complètement chamboulé. Kerry nous mit en ligne et nous dit, faisant les cent pas devant nous :

Bon... il ne vous reste que quatre jours avant la fin du programme d'entraînement, et comme vous l'imaginez, vous n'allez pas le passer à rien foutre et à glander. Nous allons donc nous rendre dans un endroit dont vous ne saurez la destination qu'une fois sur place. Bonne chance à tous.

Puis elle nous laissa parler un peu avant l'arrivée de ľhélico, qui eut du retard et arriva que le lendemain matin. Je rejoignis discrètement Samuel, qui s'était éloigné du reste de la bande. Il était appuyé à la rambarde, les cheveux dans le vent, le regard vers le couchant. Je dégluti avec peine. Je ne l'aime pas, je ne l'aime pas. Me répétai-je avec peu de conviction. Je ne l'aime pas, je ne l'aime pas.. Je m'appuyai à la rambarde à côté de lui, essayant d'avoir l'air la plus naturelle possible.

Tu es ridicule.. Me murmura-t-il sans cesser de fixer l'horizon.

Qu'est-ce-qui te fait dire ça ? Demandai-je l'air faussement outrée.

Il se tourna vers moi lentement, pesant ses mots et hésitant.

Et bien... disons que ça fait 4 jours que tu me fais la totale : regard en coin, rougissement, air aussi naturel que celui d'ET...

Samuel tu m'as EMBRASSÉE...

Et je suis prêt à recommencer...

Le temps sembla s'arrêter. Il n'existait plus rien, à part lui et moi. Je me foutais de l'Afrique, de la crasse, de la sueur et du désespoir. Mais il avait douze ans... l'âge pouvait-il me bloquer ?

Le baiser fut doux. Il me laissa un léger flottement dans la gorge, des jambes en cotons et un esprit complètement perdu. Mes émotions partaient totalement en cacahuètes.

Le soir nous quittâmes notre chambre discrètement pour nous retrouver en haut de la colline à côté du dortoir. Nous restâmes là longtemps, à contempler les étoiles, serrés l'un contre l'autre.

Je pense avoir fais une erreur... Me dit-il.

Je me redressai sur mes coudes, intriguée.

A.. A quel moment ?!?

Quand je t'ai embrassé.. Me dit-il de but en blanc.

C'est-à-dire ?

Je n'aurais pas du te demander sa, je ne suis qu'un gamin après tout.. Et toi... Non, je ne pense pas devoir infliger ça.. tu n'as pas a subir mes enfantillages.. Antoine te convient sûrement beaucoup mieux..

Il avait prononcé la dernière phrase avec dédain et jalousie, cela s'entendait dans sa voix. Je me levai d'un bond, ma colère nullement inventée.

Alors c'est comme ça que tu me vois ?!? Une fille qui a le béguin sur un mec de son âge mais qui, PAR GENTILLESSE, préfère céder aux avances d'un plus jeunes ?! Et bien peut-être que tu as raison ! Mais peut être pas ! T'en fais quoi de mes sentiments à moi ?! Ma voix se brisa sur la dernière phrase. Oh et puis tu as sûrement raison, je dois me faire des idées.. Je ne dois absolument pas t'aimer... Mon p'tit frère, oui, c'est sûrement ça. Je dois sûrement remplacer mon petit frère par toi....

Je m'assis par terre, la tête dans les mains. Samuel passa maladroitement son bras autour de mon cou, et je n'osai même pas me dégager.