17 avril - La fuite

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Nuit correcte pour ma part. Brice a galéré avec le lit de camp qui a explosé au milieu de la nuit. En plus, il a eu froid ! De bon matin, c'est déjà le bordel, ça gueule de partout. Des types tambourinent à la porte pendant 20 minutes, je finis par aller voir, je tombe sur 3 Indiens qui font une tête pas possible puis se barrent sans un mot. Manifestement, ils se sont trompés de piaule, et ne s'excusent pas de nous avoir réveillés à 6h du mat. Je sais bien qu'on n'est pas chez nous et qu'ici les choses sont différentes, mais bon, ça fait toujours plaisir !

Je tente une excursion aux toilettes. Elles sont munies de loquets fonctionnels mais, apparemment, personne ne les utilise. En poussant les portes, on tombe donc sur des Indiens en train de chier et de fumer tranquillement, pieds nus dans un mélange d'eau et d'excréments très ragoûtants. Bref, c'est glauque. Ça nous renforce dans notre envie de partir d'ici.

On fout les sacs au cloak room, puis on essaie de prendre des billets pour fuir. J'attends le gars au guichet pendant 1h. Quand il arrive enfin, des dizaines d'Indiens prennent d'assaut le guichet et tentent de me déloger, avec leur technique habituelle et super fair play du TPMG (« Tout Pour Ma Gueule »). Je commence à être rompu à ce petit exercice de négoce et d'intimidation, alors je ne lâche rien et je me cramponne au guichet, en faisant obstacle aux grugeurs avec mes bras. Ils ne passeront pas ! Mais si ! Voyant ma technique, ils contournent carrément le guichet, ouvrent la porte de service, et entre dans le box du gars par derrière ! Carrément. De là, ils commandent leur ticket, pendant que quelques cons (dont moi) sont restés à l'extérieur, là où tout devrait se passer si on était un minimum discipliné... Bref, c'est la lutte, ça dure des plombes, le type me dit que y a plus de places pour Chennai, et que les billets pour Pondichéry ne peuvent s'acheter que plus tard. Misère.

On tente la gare ferroviaire, juste à côté. C'est encore un bordel monstre au guichet, et là on finit par nous expliquer que la vente est stoppée jusqu'à 18 h. Pour quelle *foutue* raison ? On ne saura jamais. Ça commence à puer sévèrement du cul, tout ça.

On fuit, pour essayer de louer un scooter histoire de visiter le coin (quand même !). On cherche pendant 1h un endroit pour louer un scooter (d'habitude ça se trouve absolument partout, Ooty serait donc une ville maudite ?). Quand on finit par trouver, de l'autre côté de la ville bien évidemment, le type nous explique qu'il n'a pas de scooter. Misère de misère, c'est un full total échec.

Du coup, on retourne à la gare routière. Là, on doit encore attendre. On arrive à choper des billets. En attendant le départ, on décide d'aller faire un tour au jardin botanique, histoire de pas partir complètement brecouille. Petite excursion en bus sightseeing, donc. Très intelligemment, la bande autocollante sightseeing fait tout le tour du bus, est très large, opaque, et fixée pile à hauteur de visage. Du coup, on ne voit rien. Un comble pour un bus censé emmener les gens voir le coin. Mais qu'est-ce qu'ils peuvent être c... des fois !

C'est dans ce bus que j'aurais eu une des discussions les plus cosmiques de mon séjour :

- (moi) On arrive dans combien de temps ?

- (le contrôleur) 4 km.

- Ok, mais dans combien de temps ?

- Toutes les 30 minutes.

Rendu à ce niveau de la discussion, j'abdique. C'est trop surréaliste.

On perd un temps fou dans la circulation (un énorme bus a cru bon de se jeter à contresens dans notre rue), on voit que c'est totalement blindé, on passe devant un amusement park totalement minable (j'ai rarement vu un truc aussi pathétique), puis on arrive enfin au jardin botanique. Il y a encore une queue monstrueuse. Je jette l'éponge, de toute façon il ne nous reste plus beaucoup de temps.

On rentre à la gare en rickshaw, la queue entre les jambes. Là, on récupère les sacs au cloak room, et on essaie de monter dans un bus pour Coimbatore, d'où l'on partira sur Pondichéry.

Et là, énorme échec : pas moyen de monter dans un bus. Quand ils arrivent à la gare, ils sont déjà presque pleins. Les rares sièges encore disponibles sont pris d'assaut alors que le bus n'est même pas arrêté. Les gens courent, s'accrochent comme ils peuvent, grimpent, jettent des sacs, des serviettes, n'importe quoi, pourvu qu'ils mettent quelque chose sur un siège, ce qui vaut plus ou moins réservation. Du coup, impossible de monter. Même en faisant le forcing, les bus sont tellement pleins, et nous on est 2 à lutter avec nos gros sacs. Mécaniquement, physiquement, ça ne rentre pas, tout simplement. Quelle merde !

Un flic plus ou moins compréhensif nous dit de tenter notre chance dans une gare en amont, histoire de shunter l'afflux de gens. Un autre type nous suggère de prendre un taxi collectif. Il nous en montre un déjà presque plein, il reste justement 2 places, et s'apprête à partir pour Coimbatore. Résignés, on choisit cette option (400 roupies pour 2, ça reste correct). Le gars est cool et nous dépanne bien avec son tuyau, on lui laisse donc quelques roupies. Et c'est parti pour 3h de routes de montagne, compacté à je-sais-même-pas-combien dans un taxico ! Une fois de plus, les paysages sont magnifiques. En résumé, Ooty, c'est un cloaque dans une région superbe. Le type conduit évidemment comme un fou furieux, tout en klaxon et en dépassements acrobatiques. On finit par arriver à Coimbatore, mais on n'est pas au bus stand d'où l'on doit partir. Un type veut nous emmener en rickshaw pour 200 roupies, on refuse poliment, c'est hors de prix. On préfère monter dans un bus, ça nous coûte 5 roupies ! En quelques minutes, on y est.

On a quelques temps à attendre, du coup on se pose pour boire un énorme Fanta. On trouve une buvette qui a l'air sympa avec des chaises, des tables et des ventilos. Cool. Mais à peine a-t-on fini notre Fanta qu'on est harcelé à la consommation ou invité à vider les lieux. Enfin, on n'a pas tout compris, mais c'est l'impression très désagréable qu'on a eu devant tant d'insistance et d'incompréhension mutuelle. Après une journée pareille, ça fout quand même les boules.

Tout crades et blasés, on finit par se poser sur les marches d'escalier du bus stand, et on prend notre mal en patience. Brice tente une excursion aux chiottes. Il en revient dépité. Je n'ai pas trop demandé, mais apparemment ce qu'il a vu ne devrait pas être vu par un être humain. En tous cas pas par un Occidental non habitué.

Le bus a 1h30 de retard. Et, apparemment (mais on n'a pas tout compris), on aurait pu le prendre à Ooty directement. On ne saura jamais, tant la vérité (et son interprétation) est fluctuante dans ce pays...

C'est donc reparti pour une nuit de bus. On est juste derrière le chauffeur, donc tout près du klaxon, et on prend tous les phares dans la gueule. So lovely.



Trip Warrior en IndeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant