chapitre 4

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« J'ai entendu le craquement et vu l'étincelle. »

April

Le lendemain, je me suis levée sans avoir dormi de la nuit. Je n'avais pas arrêté de faire de drôles de rêves, avant de m'apercevoir que je ne rêvais pas ; c'était des flashs d'événements qui allaient se produire. Difficile de faire plus flippant, à part quand May a disparu au volant. (À ce propos, elle ne s'est toujours pas excusée pour la trouille qu'elle nous a flanquée. Mal élevée, elle ? Si peu.)

Je n'avais rien vu de capital. J'avais juste appris que le chat de notre voisin allait servir de casse-croûte à un coyote quinze jours plus tard, que June en serait toute chamboulée et qu'elle insisterait pour lui organiser un enterrement. C'était à peu près tout. Bref, rien de bien sérieux... À moins d'être le chat !

Du coup, je me suis demandé si je ne devrais pas creuser un peu les choses, au cas où une catastrophe risquait d'arriver. Est-ce que c'était devenu ma responsabilité ? Est-ce que le sort de la planète dépendait de moi ?

Je n'avais rien à perdre à vérifier.

Des nuages nucléaires ? Non. Une apocalypse ? Pas dans l'immédiat. Un cambriolage à main armée chez nous dans vingt minutes ? Peu probable. C'était comme des non-scoops dans ma tête : « Les trucs qui risquent le moins d'arriver aujourd'hui ! Flash info à onze heures ! »

À sept heures trente, j'étais dans la salle de bains, sachant que June n'en aurait pas besoin avant sept heures trente-deux, heure à laquelle elle tambourinerait à la porte pour que je la laisse entrer. Elle a déboulé pile à l'heure.

Ça m'a fait un peu flipper, pour être honnête.

– Apriiiil ! a-t-elle braillé. Faut que je te parle !

J'ai ouvert avec ma brosse à dents dans la bouche.

– Quoi ?

Elle s'est glissée à l'intérieur, une main sur la poignée. Ses yeux ronds lui mangeaient presque tout le visage.

– Bon, a-t-elle annoncé. J'ai besoin de toi.

J'ai craché dans le lavabo, je me suis rincé la bouche et je me suis tournée vers elle :

– Quoi ?

– T'as l'air toute flagada et paniquée ! Il s'est passé un truc ? Tu as vu une tumeur dans le cerveau de maman ? May continue à fumer ? Ou alors elle...?

Elle s'est arrêtée et m'a regardée :

– Houla. Tu ne serais pas dans une phase capitaine Morbido, toi ?

– Qu'est-ce que tu crois ? Je suis un peu à cran, là. Je n'ai pas beaucoup dormi.

– Bienvenue au club. Bref, j'ai besoin de savoir un truc.

Elle s'est éclairci la gorge avant de brandir une minijupe rose qui avait l'air d'avoir été taillée dans un nuage.

– On va se moquer de moi si je porte ça aujourd'hui ?

J'ai cligné deux fois des paupières.

– Tu me fais marcher.

– Pas du tout.

– Mais si.

– Écoute, je sais bien que May et toi, vous avez lancé le concours de la nana la plus tarte du bahut, a maugréé June. Ne vous gênez pas pour moi. Mais il y a aussi des gens qui préfèrent être appréciés par leurs semblables.

Elle m'a remis la jupe sous le nez :

– C'est oui ou c'est non ? On va se moquer de moi ?

– Franchement, je doute d'avoir reçu le don de prédire l'avenir juste dans le but de te rendre populaire.

april may & juneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant