chapitre 14 et 15

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chapitre 14


« Il n'y a pas grand-chose de pire qu'être seul au milieu d'une foule. »

May

J'aurais bien tué mes sœurs.

Pour vous dire à quel point je la sentais mal, cette soirée, j'aurais préféré étudier l'histoire européenne avec Henry, avec présentation de Stanford sur Powerpoint, même, plutôt que de pister June dans une fête de lycée débile. Je la connais, ma petite sœur. Elle a vu tous les films, écouté toutes les histoires, et elle était sûrement persuadée qu'aller à une vraie fête allait changer sa vie.

Ben voyons.

En plus, je trouvais qu'April flippait pour rien. Franchement, elle n'arrive même pas à prédire un séisme. Comment peut-elle savoir si ce qu'elle voit a une chance d'arriver ? C'était ridicule et, pire, il n'y avait pas moyen de la raisonner. Alors, j'ai dit d'accord, j'irai, j'espionnerai notre petite sœur.

Grossière erreur.

J'ai eu la première confirmation que j'avais fait le mauvais choix dès que le petit ami de Mariah s'est garé devant chez nous. Sous prétexte d'aller chez Henry, j'étais sortie cinq minutes plus tôt et je m'étais rendue invisible pour me cacher dans les buissons, où je me suis fait lacérer par les épines. Quand la voiture est arrivée, June est sortie en courant, j'ai foncé derrière elle comme une détective à la manque et je me suis glissée dans la voiture juste avant qu'elle claque la portière.

Où était ma vie dans tout ça ?

Au concours de la carrosserie la plus rouillée et du moteur le plus pourri, la voiture de Blake aurait sûrement remporté le premier prix.

– Salut ! a lancé June à Mariah, pendant que je me calais dans un coin en maudissant April.

J'avais découvert que June ne pouvait pas lire dans mes pensées quand j'étais invisible ; c'était déjà ça.

– Salut, Blake, a-t-elle ajouté.

Mais Blake s'est contenté de hocher la tête et de démarrer, la clope au bec.

J'étais sûre à 97 % que celui qui lui avait accordé son permis avait fumé la moquette.

Mariah et June caquetaient à propos de je ne sais quoi. Enfin, June surtout, parce que Mariah n'était pas très bavarde, mais c'était clair qu'elle était contente d'avoir ma sœur avec elle, quelqu'un qui, apparemment, ne pouvait penser que du bien d'elle.

– Ouais, répondait Mariah périodiquement.

Dès le premier feu rouge, Blake a interrompu les délires verbaux de June en se penchant pour embrasser Mariah.

Quand je dis embrasser, ça ressemblait plus à une ablation des amygdales. Vu que je n'ai jamais embrassé un garçon, je ne suis pas une experte ès questions amoureuses, mais ça ne faisait pas rêver.

J'ai glissé un coup d'œil vers June, sans avoir vraiment envie de voir sa tête. Elle avait l'air pas très à l'aise et super jeune, même si on n'a que treize mois d'écart. Elle n'aurait pas pu être une intello comme April, ou une nulle comme moi ? Pourquoi tenait-elle tant à être comme ces gens-là ? Je sais que je ne suis pas quelqu'un de cool, mais au moins, je n'ai pas d'amis demeurés.

Mariah s'est retournée vers June.

– Tu veux qu'on s'arrête prendre un truc à bouffer ? lui a-t-elle demandé. On va passer au Mac drive.

april may & juneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant