chapitre 12 et 13

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chapitre 12


« Je n'y vois rien. »

June

Mon pot de crème hydratante est tombé par terre tandis que May et moi, on se précipitait dans le couloir. Je crois même qu'elle a disparu quelques secondes. On est arrivées en même temps dans la chambre d'April.

Ses livres de cours étaient éparpillés partout sur son lit ; elle avait dû s'endormir en faisant ses devoirs. Elle avait les yeux écarquillés, et sa respiration était tellement saccadée que ses épaules en étaient toutes secouées.

– Qu'est-ce qui se passe ? ai-je soufflé. Qu'est-ce que tu as vu ?

April a secoué la tête.

– Un... un rêve, a-t-elle réussi à articuler. Rien de grave. Désolée.

J'ai rampé sur le lit pour m'installer à côté d'elle.

– C'est rouge, lui ai-je dit. Ton cerveau, tes pensées, tout est rouge.

Je crois que ma voix tremblait un peu. Je ne distinguais rien derrière tout ce rouge dans sa tête.

– C'est quoi, tout ce rouge ? ai-je demandé. Et ce bruit, ça vient d'où ?

Alors que May essayait de m'écarter, notre mère est apparue à la porte.

– April ? Chérie, qu'est-ce qu'il y a ? Ça ne va pas ?

– Tout va bien, lui a-t-elle répondu. Juste un rêve idiot.

J'ai secoué la tête. Elle me repoussait, pensant à tout et à n'importe quoi pour me maintenir à distance. Elle y mettait tant de force que ça me faisait presque mal physiquement.

– Arrête, ai-je soufflé. Je n'y vois rien. Arrête de faire ça.

– June...

Ma mère est venue s'asseoir à côté d'April, en passant un bras autour de ses épaules.

– June, chérie, laisse-lui un peu d'air, m'a-t-elle dit doucement en me caressant la joue.

Je suis restée là à regarder ma sœur, qui me fixait de ses grands yeux bleus glacés, effrayants. Elle avait vu quelque chose, et elle m'en interdisait l'accès.

Je pense que May, elle, savait ce qui se passait.

– April, ai-je insisté. S'il te plaît. Dis-moi.

May s'est installée à côté de moi et m'a tirée en arrière.

– Tout va bien, m'a-t-elle dit. Laisse-la tranquille.

Je l'ai repoussée pour m'asseoir au bout du lit.

Je sentais qu'April était bouleversée et je ne comprenais pas pourquoi, ni pourquoi elle refusait de me le dire. C'était comme entendre une musique de film d'horreur sans avoir les images. C'était ma sœur ! La règle n'était-elle pas de partager, entre sœurs ? Surtout nous !

Elle était encore un peu haletante, et notre mère l'a regardée en lui caressant le bras.

– Ça va ? lui a-t-elle murmuré.

– Oui, a dit April. Je vous assure, c'était juste un rêve idiot.

– Menteuse, ai-je dit tout bas.

May a glissé un bras autour de mes épaules et m'a serrée contre elle, un truc qui n'est pas dans ses habitudes. Je devais avoir l'air secouée.

Mais je ne voulais pas qu'elle me touche, pas alors qu'elle me mentait. Je l'ai rejetée d'un coup d'épaule et me suis levée.

april may & juneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant