chapitre 24 et 25

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chapitre 24


« Je ne pouvais pas m'imaginer les lâcher, jamais. »

June

L'espace d'une minute, j'ai cru qu'on était mortes. Toutes.

Puis j'ai commencé à avoir mal à la tête et je me suis rendu compte que si j'étais morte, je n'aurais sans doute pas une migraine du feu de Dieu.

Ça sentait le pneu brûlé, et le crissement du dérapage m'agressait encore les oreilles. En rouvrant les yeux, j'ai vu le tableau de bord et May penchée sur moi, si près que je sentais son haleine chaude sur ma figure. On aurait dit une guerrière quand elle avait bondi sur le volant pour dévier notre trajectoire, le visage illuminé par les phares.

– June ? disait-elle. June ? Ça va ?

– Ouais, ai-je répondu lentement.

J'avais mal à la tête, mais je ne m'étais pas cognée. Je bougeais les jambes et, si on avait percuté quelque chose, le choc n'avait pas dû être trop violent.

Je n'avais rien.

– Où est April ? ai-je demandé brusquement. Et toi, ça va ? Où est-elle ? Où est Mariah ?

Mariah, sous le choc, était déjà sortie de la voiture en titubant. Elle regardait la scène de l'accident, le phare avant droit que May avait défoncé en braquant vers le parking, avant de déraper sur le gravier et de rentrer dans la barrière en bois.

– April n'a rien, m'a répondu May. Et moi non plus. Regarde, elle est là-bas. Elle va bien. Elle a son air niais habituel. Allez, June, tout va bien, ne pleure pas.

– Je ne pleure pas, ai-je rectifié machinalement.

Pourtant, elle avait raison ; je pleurais. Je ne m'en étais pas aperçue avant qu'elle me le dise.

Je suis sortie prudemment de la voiture et j'ai tenu la porte à May pour qu'elle sorte derrière moi. À la seconde où elle a été dehors, j'ai jeté mes bras autour de son cou et serré si fort que j'ai failli lui briser quelques côtes. Je m'attendais à ce qu'elle me repousse, ou qu'elle me vanne sur mes activités nocturnes, mais au lieu de ça, elle m'a serrée à son tour, et j'ai réalisé qu'elle pleurait aussi.

J'ai entendu des pas lourds sur le gravier derrière nous, et je me suis écartée juste le temps d'attraper April pour l'attirer dans notre cercle. Elle sanglotait, encore sous le coup de la panique. J'ai serré mes sœurs et on s'imbriquait parfaitement, comme des pièces de puzzle parfaitement à leur place. Je ne pouvais pas m'imaginer les lâcher, jamais, comme si les laisser partir revenait à renoncer à ce qu'il y avait de mieux en moi.

On est restées comme ça un moment, à pleurer sur l'épaule les unes des autres, tandis que les sirènes se rapprochaient. Finalement, j'ai relevé la tête pour demander :

– Est-ce que quelqu'un...?

– Non, a répondu April dans un hoquet. Non, tout le monde va bien. Même la voiture n'a rien, à part un phare.

– C'est May qui s'est jetée sur le volant, ai-je expliqué, tandis qu'elle confirmait d'un hochement de tête. Elle n'était pas là, et tout à coup, pouf !

Je me suis remise à pleurer, des grosses larmes qui débordaient et devaient tracer sur mes joues des rivières de mascara Dior.

– Désolée, ai-je suffoqué. Je n'aurais jamais dû sortir avec Mariah ! Je... je ne savais pas ! Je pensais que tout irait bien !

april may & juneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant