chapitre 26 et 27

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chapitre 26


« Tu jures que tu ne vas pas péter un câble ? »

May

Il était presque minuit quand on est rentrées à la maison, et je n'avais plus qu'une envie : me glisser dans mon lit, m'endormir et ne plus me réveiller avant Noël.

Ma mère n'avait pas arrêté de nous serrer contre elle depuis la seconde où elle était arrivée sur la scène du quasi-accident. Même là, pour passer du garage à la maison, elle serrait April et s'agrippait à June, les yeux tout gonflés d'avoir pleuré.

– M'man, on n'a rien ! ai-je dit.

Mais elle s'est contentée de me serrer aussi. On a eu un peu de mal à franchir la porte comme ça, à quatre de front, mais on a fini par y arriver.

Je savais que ma mère s'inquiétait surtout pour June, mais j'ai réussi à les détacher en disant à June :

– Va te laver la figure, t'as l'air d'une araignée, avec ton truc Dior.

Elle s'est libérée aussitôt et m'a lancé un petit coup d'œil reconnaissant avant de filer à la salle de bains.

– M'man, ça va très bien, je t'assure, a répété April pour la millième fois.

– Je vais étrangler ce Blake, a grommelé ma mère. Quand je pense qu'il est parti en laissant June à cette fête...

Je commençais à me dire qu'il serait plus en sécurité en prison que dans la rue, où ma mère pouvait le choper n'importe quand.

– Si ça peut te faire du bien, je lui balancerai un coup de pied dans les coucougnettes, lui ai-je proposé.

Elle m'a regardée en silence. Puis, au lieu de l'inévitable laïus que j'attendais sur la violence qui ne résout rien, elle m'a demandé :

– Un gros coup de pied ?

J'ai rigolé.

– Compte sur moi. Je peux même lui...

Mais April ne m'a pas laissé le temps de dire à ma mère ce que je prévoyais de faire subir à Blake.

– Le plus important, m'a-t-elle coupée, c'est qu'on n'ait rien. Maintenant, on devrait toutes aller dormir.

Maman l'a serrée encore plus fort avant de l'embrasser sur le haut du crâne et de la laisser monter dans sa chambre. J'allais la suivre, quand ma mère m'a tirée en arrière et s'est plantée face à moi, les mains sur mes bras.

– May, m'a-t-elle demandé, que fait ce sac marin dans l'entrée ?

Elle avait les larmes aux yeux.

J'aurais dit qu'il s'était écoulé un siècle depuis que j'avais posé ce sac là. Mais non, il y était toujours. En revanche, il ne partait plus pour Houston.

– Je...

Mais j'ai senti mes yeux se mouiller aussi, et ma gorge se nouer.

– C'était juste une idée idiote, ai-je réussi à dire. Je voulais partir, mais je ne veux plus. Ça va aller, m'man. Ça va déjà mieux. Je vais mieux.

Elle me broyait toujours les bras, à me faire mal. Ça m'a rappelé que j'étais bien là.

– Tu comptes énormément pour moi, a-t-elle dit enfin. Et aussi pour ton père, et pour tes sœurs. Je sais qu'il s'est passé beaucoup de choses ces derniers temps...

april may & juneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant