chapitre 7

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« On est comme... les sœurs Halliwell ! »

April


J'aurais préféré être n'importe où, plutôt que coincée dans une voiture avec mes sœurs. June pépiait sans arrêt à propos de sa jupe et de Mariah et Dieu sait quoi, puis elle se mettait à glousser en me regardant dans le rétroviseur. May boudait parce qu'on ne voulait pas la mettre dans le coup et, une fois arrivée à la maison, elle est montée dans sa chambre d'un air furieux.

– Crétines de frangines qui font mumuse avec la télépathie... a-t-elle marmonné.

– J'ai entendu ! a lancé June.

– C'était fait pour ! a répliqué May.

Qu'elles se disputent si elles voulaient. J'avais d'autres chats à fouetter, comme le fait qu'apparemment, j'allais sortir avec Julian.

J'étais déjà en train d'élaborer mon plan de « Comment éviter Julian pour toujours et à jamais ». J'avais décidé d'arriver en avance au lycée pour ne pas le croiser devant nos casiers, je prendrais tous mes livres avec moi pour ne pas le voir pendant la journée, et je traînerais assez longtemps le soir pour qu'il soit parti quand je retournerais les ranger.

C'est chouette, les plans. J'aime bien avoir un plan.

– C'est à lui que tu penses ?

En levant le nez, j'ai vu June dans la cuisine, les poings sur les hanches, attendant visiblement une réponse.

– Quoi ?

– T'as pas écouté un mot de ce que je viens de dire ! m'a-t-elle rétorqué. Mais je t'en veux pas. Je comprends, t'es sans doute trop occupée à penser à Julian.

– Je ne...! ai-je commencé à protester.

Puis, j'ai revu ma position :

– Je vais rester très calme, ai-je repris. Extrêmement calme. J'irradie le calme comme un yogi, telle que tu me vois.

– Mais oui, dalaï-lama.

– Tu ne pourrais pas parler normalement ?

June a rigolé.

– Pourquoi ? Scoop, April : on n'est pas normales.

– Toi, c'est sûr, tu ne l'as jamais été.

Je suis montée dans ma chambre, impatiente de me retrouver seule, à l'abri de ma petite sœur télépathe.

– J'estime à sept sur dix tes chances de changer d'avis là-dessus, a-t-elle crié dans mon dos.

Mais j'étais déjà trop loin pour répondre.

En passant devant la chambre de May, je l'ai vue allongée sur son lit avec son iPod, en train de classer ses photos sur son ordinateur. Je les avais regardées deux ou trois fois ; il n'y avait que des photos de Paris et de chanteurs français et ce genre de trucs.

– Tiens, voilà cinquante pour cent des fouineuses paranormales ! a-t-elle dit en levant le nez. Dégage.

J'ouvrais la bouche pour répondre quand June s'est mise à hurler en bas :

– On s'est fait cambrioler ! Vite, appelez la police !!! Allez voir s'ils ont pris quelque chose dans ma chambre !

J'ai foncé dans la mienne pour m'assurer que mes Harry Potter y étaient encore. Mon père et moi, on avait lu toute la série ensemble, et je ne pouvais pas concevoir qu'il leur arrive quelque chose. Ils étaient là, rangés dans l'ordre dans ma bibliothèque. En bas, June hurlait toujours.

april may & juneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant