Chapitre sept :

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                                                                                 - Harry Styles. -



Son dos percuta violemment la mur alors qu'un gémissement de douleur sortit d'entre ses lèvres à ce contact, les larmes commençaient à monter à ses yeux, sa gorge était nouée comme s'il était sur le point de vomir tout ce qu'il avait ingurgité depuis hier à n'importe quelle seconde. Mais ce qui l'inquiétait le plus ce n'était pas ces sensations désagréables à l'intérieur, non, ce qui l'inquiétait c'était le regard noir et glacial que lui lançait le châtain en face de lui. Il ferma la porte brutalement, les murs en tremblèrent, sa main resta un moment posée à plat contre une des parois du couloir, près du côté droit du visage du bouclé. C'était de l'intimidation, il voulait lui faire peur, lui donnait froid dans le dos et cette stratégie fonctionnait à merveille. Le bouclé, encore maquillé et habillé de son costume, baissa les yeux, honteux et trop faible pour affronter une telle influence sur lui. De toutes manières, s'opposer et riposter ne ferait qu'empirer les choses.


« Tu vas aller me retirer ce déguisement débile, te laver et après tu iras dans le lit. T'as dix minutes, pas plus. »


Après ces mots durs et tranchants, Maël rejoignit la cuisine pour aller se chercher une bouteille de bière, s'installant dans le canapé ensuite. Harry resta quelques secondes, contre le mur, à essayer de reprendre une respiration régulière. Pendant tout ce temps, il avait retenu son souffle, sa peau lui picotait encore à chaque endroit. Des tas de scénarios lui étaient passés en tête, les pires de tous, mais celui-là était de loin celui qu'il redoutait le plus. Et après avoir entendu le mot « lit » il savait très bien à quoi s'attendre. Une chose était certaine, il n'était pas prêt d'aller dormir, ni à passer une nuit paisible. Dix minutes devant lui, il rejoignit la salle de bains et retira son costume, ses vêtements rejoignirent le sol, il les plia alors soigneusement pour les poser sur la chaise. Il enclencha l'eau de la douche afin qu'elle chauffe un peu, se prit une serviette et alla ensuite se cacher derrière le rideau en plastique, les jets agressant sa peau. Tout d'abord, il lava son visage méticuleusement afin d'enlever tout le maquillage, l'eau se mélangeant à la peinture noire et blanche. Après cela, il savonna son corps partout et se rinça.

Une fois propre et le visage comme neuf, il revêtit un simple caleçon et se rendit directement dans la chambre, dans moins de cinq minutes son compagnon le rejoindrait. Mais, sûrement pas pour venir dormir à ses côtes, ça Harry le savait parfaitement bien. C'était rare qu'ils aient l'occasion de passer une nuit ensemble, souvent il finissait son sommeil sur le canapé dans le salon ou bien ne parvenait plus à fermer les yeux et allait s'occuper, dans une autre pièce. Il se coucha dans le lit, sur le côté, et attendit que la suite arrive. D'ailleurs, il ne tarda pas à entendre des pas se rapprocher et un poids s'affaisser sur le matelas à côté de lui. Une main froide ne tarda pas à saisir son épaule pour le tourner vers lui, le plus vieux abordait un masque glacial, ses yeux étaient sombres ils lançaient des éclairs.


« Déshabille-toi, allez. Je veux faire ça rapidement. »


Son ton était froid, autoritaire, Harry ne pouvait pas s'y opposer. Il releva alors son bassin et, les joues rougies, retira son dernier vêtement. Maël, de son côté, se mit debout à côté du lit pour retirer la totalité de ses vêtements et prendre un préservatif dans le tiroir de la table de chevet. Il y avait peu de lumière, seulement celle du couloir pour les éclairer, la nuit était déjà là, il faisait sombre et le plus jeune était épuisé mais il ne protesta pas. A place, il se mit à quatre pattes sur le lit et ferma les paupières afin de mieux accepter ce qui lui arriverait ensuite. Depuis des mois déjà, ils ne faisaient plus l'amour. Cela n'avait plus rien de sentimental. Plus de caresses, plus de tendres baisers, plus de mots doux. Seulement passer à l'acte de manière brutale et rapide. Ça ne durait jamais bien longtemps, le châtain avait simplement besoin d'un moyen pour évacuer sa colère et il l'avait trouvé de cette manière.

Dans le sexe, dénudé de passions et d'amour, c'était quelque chose de presque violent, de douloureux. Pour le corps et pour l'esprit. Un comportement d'animal, d'un homme qui voulait uniquement satisfaire ses besoins, ses pulsions. Ses mains agrippaient sa peau, la griffait mais ce n'était même pas excitant. Il ne prenait même plus de plaisir, mais il gardait les yeux fermés pour se donner un peu envie, et le pire c'était qu'il n'atteignait pas l'orgasme, pas souvent, ou Maël ne lui en laissait pas le temps. Comme s'ils n'étaient que des inconnus et pas deux garçons qui étaient sensé s'aimer depuis un moment.


« La prochaine fois... Tu m'écouteras et tu ne partiras pas sans me prévenir. Il poussa un grognement et se releva. Dans dix minutes je monte me coucher, seul. »


Harry frissonna, mais pas de plaisir, plutôt de peur. Les larmes tarissaient ses joues et il n'osait plus ouvrir les paupières tellement la réalité l'effrayait. Ses jambes tremblaient, son coeur battait la chamade au point de déchirer sa cage thoracique pour s'enfuir loin, il avait du mal à reprendre son souffle. Et quand il entendit la porte de la chambre claquer, le silence régner dans la pièce, il se laissa retomber sur le lit et enfoui sa tête dans le coussin pour pleurer. Il avait mal, son corps entier souffrait, salit par l'homme qu'il aimait. Salit par tout ce qu'il subissait, mais il continuait à croire que c'était pour son bien, que oui il avait fait une erreur en ne le prévenant pas. Et les erreurs se devaient d'être punis. Il pensait qu'en endurant tout cela, qu'en apprenant de ses fautes, il finirait pas être assez bien pour Maël et que tout redeviendrait comme avant. Les choses finiront par s'arranger, il en était convaincu. Évoluer et changer prenait du temps après tout.




                                                                                                 * * *


Le lendemain matin, Harry avait eu du mal à se lever, il avait passé une nuit épouvantable dans ce canapé, ne trouvant jamais une position assez confortable tellement son corps lui faisait mal. Deux nuits qu'il dormait sur ce meuble de salon. Chaque mouvement faisait crier ses os, comme s'ils allaient se déchirer d'une minute à l'autre. Juste avant de partir au travail ce lundi matin, son compagnon lui avait avoué qu'il l'avait retrouvé grâce à l'application de localisation qu'il avait activé sur son portable, un soir où il fut sous la douche. Pour toujours savoir où il se trouvait. Le bouclé n'avait pas très bien compris l'intérêt de le surveiller ainsi, mais ne fit aucune remarque et le laissa partir. Même après une douche bien chaude et longue, il se sentait encore ragoutant, il se répugnait. En se regardant la glace de la salle de bains, il remarque de nouvelles traces sur son corps, pas celles qu'on ferait par amour, pas ce genre de traces. Plutôt des bleus, des griffures vives et rouges qui picotaient, un ou deux cicatrices par endroit aussi. Le bouclé ferma les paupières et poussa un soupir tremblotant, ravalant ses sanglots avant de s'habiller pour cacher ses horreurs qui lui donnaient parfois envie de se punir lui-même. De faire toutes ces erreurs qui le conduisaient sur ce chemin.

En se dépêchant, le jeune homme arriva à l'heure au café, vêtu d'une petite veste et d'un pull, aujourd'hui il avait décidé de laisser ses cheveux libres, sans aucun bandeau. Meg le salua et il répondit d'un petit sourire faux, allant directement s'occuper de mettre les nouvelles viennoiseries dans la vitrine. Le début de la matinée se passa plutôt bien, rien d'extraordinaire, mais au moins il pouvait un peu s'échapper de son quotidien morose en venant travailler ici. Aux coups de dix heures, il ne tarda pas à être rejoint par Michael, le garçon vint le claquer un baiser sur sa joue et se mit en tenue avant de le rejoindre derrière le comptoir. Le garçon commença à lui parler de sa soirée, de comment avait terminée la fête chez Luke. Lui n'écoutait qu'en surface.


« Tu ne trouves pas qu'il était trop beau sérieusement ? »
« Qui ça ? Demanda Harry, n'ayant pas vraiment suivi la conversation avec son ami. »
« Ashton idiot, je t'en parle depuis tout à l'heure. »
« Oh eh bien... Je ne sais pas trop, on ne voyait pas très bien derrière son costume tu sais. »
« Mh, dis que tu étais plutôt intéressé par ce gars avec les mains en ciseaux là, tu as passé presque toute la soirée avec lui. Comment c'est déjà son prénom... Zack ? Zan ? Zel ?»
« C'est Zayn. Soupira le bouclé en rougissant un peu, détournant le regard. On ne faisait que parler, il était gentil, c'est tout. J'ai un copain je te rappelle. »
« Ouais, c'est pas vraiment à moi qui faut le rappeler monsieur jemisoleavecunbelinconnu.»
« Et moi, je te rappelle que tu as mis les croissants au four il y a dix minutes maintenant et qu'ils vont pas tarder à brûler si tu n'y vas pas. »
« C'est ça, évites le sujet Styles ! »


Après avoir poussé un énième soupir, le jeune serveur secoua la tête et regarda le garçon au cheveux rouges partir en souriant fièrement. Harry se concentra sur son travail, du moins il essaya du mieux qu'il put jusqu'à l'heure du midi. Michael décida de l'emmener manger dans un restaurant en bas de la rue, depuis le temps qu'ils n'avaient pas profité d'un bon repas chaud et copieux le midi. La plupart du temps, ils se contentaient d'un sandwich et d'une viennoiserie dans la salle du café, assit à une table à l'arrière de la cuisine. Le garçon aux cheveux rouges, un bonnet noir sur la tête à cause du froid mais aussi pour se donner un style, accaparait toute la parole. Ce qui ne dérangeait pas tellement son ami qui ne souhaitait pas tellement discuter, il aimait écouter les autres, souvent ils racontaient des choses qui ne changerait pas le monde, pas très importantes, mais c'était justement ce qu'il adorait. Quand ils furent dans le petit restaurant, après avoir regardé le menu, Michael choisi comme à son habitude une pizza quatre fromages. Harry, qui avait moins d'appétit, commanda une simple salade composée de tomates, de jambon et de bouts de chèvre. Ils discutèrent des nouveautés dans le café, des nouvelles de la famille, des amis ou des récents magasins qui venaient d'ouvrir leurs portes en ville. Le plus vieux s'était juré d'emmener le bouclé y faire un tour rapidement, un soir ou un week-end.


« Alors sinon... C'était ton mec à la fête de Samedi ? »
« Oui. »
« Il n'avait pas l'air de très bonne humeur. »
« C'est de ma faute. Soupira le brun en reposant son dos contre la chaise. Il dormait quand je devais partir, je ne voulais pas le réveiller alors je suis allé à la fête et j'avais complètement oublié de le prévenir. »
« T'étais plutôt trop occupé à faire la conversation avec ce beau métis là, vous vous êtes même isolés ! »
« Oui, parce qu'il avait mal à la tête. »
« Mal à la tête ? Le garçon aux cheveux colorés se mit à rire. A mes yeux, il voulait simplement te draguer, Harry. »
« Je ne pense pas. Et de toutes manières, j'ai déjà mon copain. »
« Il est pas du genre... Super protecteur d'ailleurs ? »
« Ça doit être cela, oui. »


Harry haussa les épaules et joua avec la paille dans son verre de limonade. Maël était quelqu'un de très compliqué à cerner, il avait eu beaucoup de mal à l'aborder quand il l'avait vu à la faculté et encore plus pour lui proposer un rendez-vous. Heureusement, ce ne fut pas lui qui avait fais le premier pas pour le baiser, parce que le bouclé aurait certainement tout raté. Comme aujourd'hui, il faisait tout de travers et c'était la raison pour laquelle son compagnon était si exigeant avec lui, la raison pour laquelle il levait la main sur lui. Pour lui apprendre à rester dans le droit chemin. Pour son bien, seulement pour leurs bien. Il se répétait ces mots sans arrêt quand il devenait violent ou quand il lui criait dessus. C'était pour se reconstruire, pour reprendre un bon départ. Alors dans cette optique, il présumait que ce n'était pas un si mauvais comportement, peut-être même était-ce sa manière de lui montrer qu'il était amoureux de lui. Sinon, il l'aurait déjà quitté depuis longtemps s'il ne ressentait plus rien à son égard.


« Faudra que je le rencontre un jour, en vrai je veux dire, ton Maël. Parce qu'à part son prénom et son âge, je ne sais rien à son sujet. »
« Il travail beaucoup la semaine... »
« Alors un Samedi soir ou Dimanche après-midi ? Je ne veux pas m'imposer mais j'aimerai bien rencontrer l'homme qui rend heureux mon petit bouclé. »


A ces mots, le brun manqua de s'étouffer avec sa boisson. Heureux ? Il ne définirait pas les choses ainsi, il savait parfaitement que sa relation amoureuse n'était pas au mieux en ce moment, voir même au plus bas. Mais justement, il se battait pour la faire revivre, en corrigeant ses erreurs, en se rentrant dans la tête qu'il devait changer. Cela prendrait du temps et demanderait des efforts considérables, efforts qu'il était prêt à faire pour nourrir et faire revivre son couple. Alors, non, en ce moment il ne respirait pas la joie, il était aussi en manque d'affection, pourtant il ne flancherait pas. Jamais personne n'avait rencontré son copain, pas même ses parents, ses proches, c'était une première. Il aurait pu trouver cela vexant qu'il n'ai pas encore était présenté aux géniteurs de celui dont il était amoureux, mais ils vivaient leur histoire seuls et c'était tout aussi bien. Les choses devaient se faire avec le temps et ils n'avaient pas non plus vécu des tas d'années ensemble. Harry croyait au grand amour, celui qui vous faisait rencontrer votre âme sœur, celui qui faisait battre votre coeur plus vite, celui qui chamboulait votre monde, celui qui collait ce sourire niais et dégoulinant d'amour sur votre visage. Harry croyait que son grand amour était Maël, il en était même convaincu, parce que personne avant lui ne lui avait jamais prêté la moindre attention.


« Je lui en parlerai ce soir, alors. »
« Super dans ce cas ! »
« Mais dis moi plutôt, tu comptes revoir ce fameux... Ashton ? »
« Et comment ! On s'est échangé nos numéros à la soirée, depuis on a pas tellement parlé mais c'est prévu qu'on se voie encore en dehors. »
« Il te plaît ? »
« Je ne sais pas trop, mais il est très attirant. »
« C'est vrai qu'il était très à son avantage en squelette. Rétorqua le bouclé en riant, goûtant à sa salade. »
« Sans rire, j'ai vu des photos de lui sans le maquillage et le costume, il est vraiment beau. »
« Des photos ? »
« Oui, il m'en as envoyé. Et j'ai son instagram aussi. »
« Est-ce que tu es certain qu'il est gay au moins ? »
« On verra ça au moment venu. »


L'aîné haussa les épaules et coupa une autre part de sa pizza tandis que son ami riait de plus belle. Michael n'était vraiment du genre à se prendre la tête, il vivait au jour le jour, surmontait chaque obstacle avec le sourire, Harry ne l'avait pratiquement jamais vu triste ou de mauvaise humeur à part quand il était venu une fois au café avec les cheveux verdâtres au lieu de bleus. Sinon, il apportait constamment la bonne humeur, il était tellement simple d'esprit, libre dans ses choix, dans ses règles que la vie semblait tout ce qu'il y a de plus facile avec lui. L'amour ? Il ne s'en souciait pas, sa rencontre avec la personne aimée se ferait avec le temps. L'amitié ? Tout le monde méritait d'être son ami. Le travail ? Tant qu'il faisait ses heures. L'argent ? Il passait dans les colorations et les tee-shirts de groupes. Tout le contraire du bouclé qui passait son temps à planifier les choses, s'inquiéter et sélectionner ce qu'il devait faire ou non. Il agissait un peu comme un robot, il analysait beaucoup, sûrement parce que son petit ami lui demandait de changer, de faire les choses correctement. Mais c'était pour son bien, il le savait.


« Sinon, tu penses le revoir ce beau garçon à qui tu parler à la fête toi aussi ? Demanda soudainement le plus vieux en mangeant sa dernière part de pizza. »
« Oh, Zayn ? Je ne sais pas du tout, s'il revient au café un jour. »
« Au café ?! »
« Mh oui, il venait pas mal depuis quelques semaines, je l'ai reconnu à la fête. »
« Sérieusement ? On dirait que la vie fait bien les choses. Il va forcément revenir te voir ! »
« Peut-être. Le brun haussa les épaules. On verra bien, mais peu importe j'ai... »
« Tu as un copain oui, je sais. Mais ce n'est pas une raison pour ne pas avoir d'amis. »


Harry soupira, au fond son ami avait raison, être déjà dans une relation ne l'empêchait pas de fréquenter d'autres garçons et créer des liens amicaux. Il n'y avait rien d'ambiguë à cela, rien du tout même. Et s'il se répétait constamment qu'il avait déjà un copain c'était uniquement pour se donner bonne conscience et se persuader qu'il n'y avait strictement rien de malsain à fréquenter un autre beau garçon. Zayn était un être magnifique, la vérité devait être admise, autant qu'il était intelligent, cultivé et intriguant. Il semblait vivre et respirer pour son art, passionné par ce qu'il produisait et ce que lui offrait chaque jour la vie. Le bouclé avait toujours tendance à trouver que les autres connaissaient une meilleure existence que lui, qu'ils parvenaient à être heureux à partir d'un rien alors que lui devait tout posséder pour qu'on lui décroche au moins un faible sourire. Comment les gens arrivaient-ils à se réjouir de choses aussi simples et lui craignait le moindre geste un peu déplacé ? Il était en manque d'attention, de gestes doux, de mots qui lui retournaient l'estomac et faisaient monter des frissons qui secouaient son corps. Il était en manque d'amour. Mais, il était convaincu qu'il retrouverait bientôt le chemin de ce sentiment quand il parviendrait à être comme Maël le veut, parce qu'après tout on ferait tout pour la personne qu'on aime, non ?




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Art & Coffee. || Zarry.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant