Chapitre seize :

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La main avancée vers la poignée, suspendue dans l'air, légèrement tremblante. Il regarda derrière lui, il n'avait qu'à prendre sa voiture pour faire demi-tour pour se rendre chez Zayn. Mais, malheureusement, les choses n'étaient pas aussi faciles. Il devait, afin de montrer sa force, affronter la situation. Prendre sa vie en main. A présent, c'était lui qui la dirigeait. Il en était le maître absolue. Personne ne pouvait décider à sa place de ce qui devait se passer dans son existence, des choix qu'il devait prendre et de comment il la gérait. Alors, avec détermination, il posa sa main sur la poignée et l'enclencha pour entrer. Le salon était allumé, et la télévision fonctionnait. Il referma la porte, posa son sac sur le canapé et se débarrassa de son manteau. Un bruit de vaisselle se fit entendre de la cuisine, avant que Maël ne fasse son apparition dans la pièce. Contrairement à d'habitude, il ne travaillait pas. Alors qu'il était presque midi. Dans ses mains, une canette bière et, coincé entre ses lèvres, une cigarette. Il jeta un regard remplit de dédain au bouclé et recracha sa fumée dans l'air, un sourcil haussé.


« C'est maintenant que tu reviens ? »
« Oui. »
« T'étais où ? »
« Chez mes parents, je te l'ai dis par messages. Tu sais, ceux auxquels tu n'as jamais répondu. »
« Je l'ai cassé chez un pote, en soirée Samedi. Je l'ai déposé en réparation Lundi. »
« J'avais laissé un mot sur la table du salon, aussi. »


Effectivement, le brun baissa les yeux et vit encore le post-it jaune avec son écriture fine et précipitée dessus, à l'encre noire. Il n'avait pas bougé. Toujours à la même place. A côté d'une bougie à la cannelle éteinte et plusieurs cannettes de bières, un petit pot avec des chips. Des miettes partout, même sur le tapis en dessous. Le châtain haussa les épaules et prit une gorgée de sa boisson avant de la poser près des autres. Sa disparition, son mot, ne l'avait même pas assez inquiété pour qu'il pense à appeler chez ses parents, au moins pour prendre des nouvelles ou dire qu'il avait bien lu le petit message. Rien que ça, et le bouclé aurait su qu'il n'avait pas fait l'erreur d'aimer un homme qui n'en valait pas la peine pendant ces deux années. Là, tout était perdu. Depuis longtemps. Mais il avait fallu que quelqu'un d'autre entre dans sa vie, bouscule ses habitudes, son quotidien et ses sentiments pour qu'il le réalise. La réalité faisait un mal de chien. Plus encore que les coups.

Harry ne préféra pas s'étendre sur le sujet, sur les réactions qu'il aurait dû avoir. Lui faire une leçon de morale ne servirait à rien d'autre que lui attirer des ennuis. Il en avait déjà assez comme cela. Sans rajouter un mot de plus, il accrocha son manteau sur un cintre à l'entrée et prit son sac pour aller ranger ses affaires. Même s'il s'était bien reposé chez lui, qu'il avait su faire des nuits complètes, plus particulièrement quand Zayn l'avait passé avec lui, il était épuisé. La perspective de rentrer chez lui, de retrouver son quotidien ennuyeux l'avait ôté de toute énergie. Il voulait simplement se coucher et dormir tout le reste de la journée. Alors qu'il sortait les vêtements de son sac pour les poser sur le lit, il sentit tout d'un coup des mains s'aventurer près des boutons de son jean et un souffle chaud et éreinté sur sa nuque. Il se défit de son emprise et retira ses mains en soupirant. Le sexe était sûrement ce qu'il voulait le moins au monde en ce moment. Mais Maël ne semblait pas de cette avis puisqu'il reposa ses doigts chauds au même endroit et déboutonna son jean pour passer sa main à l'intérieur. Harry secoua la tête et essaya de se reculer, pour lui faire comprendre qu'il souhaitait simplement se reposer. Cependant, l'autre garçon grogna de mécontentement et le serra contre lui, en venant murmurer contre son oreille.


« Ne bouge pas, tu sais ce qui arrive quand tu me désobéis... »
« Je n'ai pas envie Maël. »
« Tu vas aimer, tu va voir. Laisse toi faire. »
« S'il te plaît... Sa voix dérailla sur la fin. »
« Chut, ne m'oblige pas à être méchant. »


Harry n'eut d'autre choix que de se taire et se laisser faire. Pour le moment du moins. Il laissa sa main, qui avait dû toucher bien des corps avant ce soir, glisser dans son caleçon. Ses lèvres dans son cou. Mais il n'y avait pourtant rien de sensuel ou excitant. C'était uniquement du sexe. Pur et dur. Pour le soulager. Le bouclé ferma les yeux en essayant de ne penser à rien, de trouver un moyen de le repousser sans en payer les conséquences. Il le fit se retourner face à lui, ses yeux sombres étaient débordants de désir et d'animosité, sa main continua son chemin sur ses fesses pour descendre ensuite son pantalon. Rapidement, sans même comprendre comment, ou pouvoir réagir, il se retrouva pousser presque brutalement contre le mur et coincé entre lui et corps chaud de Maël. Ses lèvres parcouraient la peau de son cou, la mordait avidement. Son bassin se pressait contre le sien, cherchait toujours un contact, une friction. Les gémissements qui sortaient d'entre ses lèvres ressemblaient à ceux d'un animal en rûte. Lui, ne ressentait aucun plaisir. Pas même le moindre frisson. Depuis longtemps. Parce qu'il savait comment cela allait se passer, il connaissait tout par coeur.

Mais ce qui le frappa, cette fois-ci, ce ne fut pas la brutalité habituelle du châtain ou le fait qu'il n'ai même pas demandé comment il allait. C'était ce parfum sur lui. Ce n'était pas la sien. Ce n'était pas l'odeur de son Maël. Il empestait un parfum de femme, quelque chose de doux et de fruité. Cela mélangeait à celui du sexe. Harry commençait à avoir la tête qui tournait. Ses mains sur sa peau étaient fermes, rugueuses et moites. S'en était totalement désagréable. Il n'y avait plus aucun plaisir, plus aucun amour. Que du physique. Un nécessité d'assouvir ses besoins. Voilà tout. Une fois que le plus vieux ne fut plus qu'en sous-vêtement, il agrippa les hanches du bouclé et le poussa sur le lit défait. Son sac encore remplit se retrouva au sol, ses chemises froissées et écrasées par leurs corps. Il voulait s'échapper, il aurait dû s'enfuir tant qu'il en avait la possibilité. Là, il ne pouvait plus tellement. Le poids de son copain était bien trop pesant sur lui. Ses doigts brûlaient sa peau, ses morsures y laissaient des plaies, des trous béants. Il tourna la tête sur le côté pour regarder par la fenêtre, il ne voulait pas surtout pas croiser son regard chargé de désir. Ne pas montrer sa faiblesse. Mais, ses yeux tombèrent sur un bout de tissu couleur crème qui attira toute son attention, il plissa les paupières et fronça les sourcils avant que sa respiration ne se bloque dans sa gorge. Un soutient-gorge.

La preuve était là, sous leurs yeux. Et cela voulait signifier deux choses. Premièrement, ce bout de lingerie confirmait bel et bien que Maël le trompait. Deuxièmement, qu'il avait ramené une fille ici. Et qu'ils avaient couchés ensemble dans ce lit. Dans leurs lits. Dans son lit. Sa respiration était rapide, saccadée. Il suffoquait. Il se sentait oppressé. Ses doigts et ses jambes tremblaient. Sa vision se troublait. Les draps étaient soudainement devenus encore plus sales, ils sentaient le sexe, la sueur et le shampooing pour femme. Elle n'était peut-être pas venu que pour le coup d'un soir. Peut-être avait-elle utilisé la salle de bain. Peut-être avait-elle mangé et dormit ici. Sur son coussin. Une bile se formait et montait en travers de sa gorge. Ses mains montèrent sur le haut du torse du châtain qui poussa un râle de plaisir, pensant que c'était pour lui faire plaisir. Mais bien au contraire puisque Harry, par une poussé d'adrénaline qu'il ne connaissait pas, le repoussa. Il tomba au sol dans un bruit sourd, mais pas trop violemment non plus. Le bouclé se releva rapidement, se rhabilla alors que tout tournait autour de lui. Son sac en main avec quelques affaires dedans, il sortit comme il le pu, sans regarder en arrière même si l'autre garçon l'appelait.


« Styles, j'peux savoir ce que tu fais ? T'as intérêt de venir t'excuser comme il faut là ! »


Cependant, il n'émit aucune réponse et saisit son portable qu'il avait laissé sur le meuble d'entrée, enfila son manteau et ses chaussures avant de sortir. La porte se claqua sur la voix du châtain, il l'ouvrit à nouveau et se mit alors à presque crier, encore en caleçon et les cheveux en bataille.


« J'te préviens petit merdeux, si tu t'en vas comme ça, sans t'excuser et revenir dans le lit finir ce qu'on faisait, tu ne remets plus le pied ici ce soir ! »


Harry serra les poings, dos à lui, il ravala ses larmes et se retourna alors d'un coup. Le visage tiré par la colère et la fatigue. Il lâcha un rire jaune, il avait envie de lui cracher au visage, de le pousser encore et de le frapper jusqu'à ce qu'il comprenne que cela veut réellement dire d'avoir mal. Mais réagir ainsi ferait de lui un monstre, il deviendrait comme lui, le contraire de ce qu'il voulait être. Donc, il essaya de se contenir. Maël le regardait avec énervement, ses yeux lançaient des éclairs, il pensait gagner. Seulement, son adversaire venait de se réveiller et il était de taille. Zayn lui avait répété de prendre son courage, de montrer sa force, de ne surtout pas se rabaisser et se taire, sinon il jouerait sur ça. Parce qu'il voyait bien que l'intimidation et les menaces fonctionnaient. Du moins, avant. Car maintenant, il avait trouvé un moyen de s'accrocher à quelque chose, à quelqu'un si le sol s'effritait et s'écroulait sous ses pieds.


« Tu pourras inviter ta pute pour qu'elle récupère son soutient-gorge, comme ça. »


Et après ses mots, il s'en alla définitivement. Juste après avoir vu l'étonnement dans son regard et sa mâchoire se contracter. Pas qu'il regrettait avoir eu une liaison avec une femme dans leur lit, chez eux, mais plutôt qu'il avait osé lui parler ainsi. Maël continuait de lui criait après, de lui lancer des insultes à la volée. Comme d'habitude. Harry ferma la portière de sa voiture, posa son sac du côté passager, et démarra la voiture. Ses mains tremblaient légèrement, mais il refusait de craquer devant cette maison où il ne se sentait même plus chez lui. Il démarra et serra ses doigts autour de volant en se dirigeant vers une adresse qu'il avait en tête depuis le début de la journée. Pour se détendre, il mit en route de la musique sur la radio, une playlist qu'il avait créée spécialement pour se calmer. La douce mélodie l'apaisa directement, il relâcha son stress et détendit ses épaules. Il avait osé. Il avait franchi le pas. Ce n'était qu'une simple phrase, il n'avait pas réellement affronté la situation. Mais il l'avait repoussé sans avoir peur, sans craindre de se faire taper en retour. Il lui avait dis non. Il s'était opposé. Pour la première fois de sa vie, sans avoir peur des représailles. Ce n'était qu'un petit pas, mais il avançait, il ne reculait plus. C'était déjà énorme à ses yeux.

Après plusieurs minutes de route, Harry gara son véhicule devant un petit lotissement. Il prit son sac et alla directement sonner au numéro inscrit sur son bout de papier. Ils n'avaient pas encore pensé à échanger leurs numéros. Peut-être étaient-ils plus habitués à parler en face à face, à se faire suffisamment confiance, pour ne pas se cacher derrière un écran. Une petit bruit se fit entendre, ce qui déverrouilla la porte d'entrée, la lumière du hall où se trouvait toutes les boîtes aux lettres s'alluma automatiquement quand il fit les premiers pas sur le sol. Sans attendre, mais en regardant tout autour de lui, il appela l'ascenseur qui le conduisit au troisième étage. Là, il se retrouva dans un couloir aux murs blancs et gris, l'aspect assez brut et sévère, presque neuf. Quand il eut trouvé le bon numéro, il toqua deux fois son poing contre la porte. Elle s'ouvrit à peine dix secondes après, sur le visage du métis. Les cheveux un peu en bataille, un tee-shirt avec quelques trous et des tâches de peintures séchées. Il en avait même une trace verte sur la joue.


« Bonjour Harry, qu'est-ce que tu... »


Seulement, il n'eut pas le temps de finir que Harry vint se jeter dans ses bras pour s'y blottir. Son sac se retrouva au sol, le froid rentrait dans la maison. Mais peu importait au fond. Il était en sécurité ici, contre lui. Rien ne pouvait l'atteindre, il était intouchable. Zayn referma ses bras autour de lui et caressa son dos, alors que lui relâchait totalement toute la pression. Il tremblait légèrement, il sentait les larmes monter à ses yeux. C'était tellement lâche de craquer ainsi, devant la personne qui vont incite à prendre votre vie en mains, mais il était également fier de lui. La musique le calmait certes, seulement le seul remède à son mal être en ce moment était le garçon qu'il tenait dans ses bras. Sentir son odeur. Sa chaleur. Son coeur s'emballer. Son corps frissonner sous son touché. Et ça le soulageait, parce qu'il comprenait qu'il n'était pas le sentir à réagir ainsi. Qu'il n'était plus seul. Ce moment de douceur se brisa quand une voix retentit et les fit se séparer, tous les deux un peu gênés. Le bouclé se sentait comme un adolescent qui venait de se faire prendre en train d'embrasser son premier copain.


« Zee, il fait super froid là, fais rentrer ton invité ou bien on va... Oh, salut ! »


Luke venait d'entrer dans l'entrée, un paquet de pâtes à la main et un sourire sur les lèvres, surtout adressé au métis qui lui fit les gros yeux. Harry récupéra son sac au sol et regarda autour de lui, alors que Zayn fermait la porte qui était restée ouverte tout ce temps. Ce fut uniquement quand il revint à ses côtés qu'il reprit la parole. Le blond les observait avec cet air amusé collé au visage, jouant avec l'anneau à sa lèvre inférieure.


« Harry, c'est Luke. Mon meilleur ami. Tu l'as déjà croisé à la fête où tu es venu avec Michael. Et Luke, voilà Harry. »
« Oui, je me souviens. Répondit timidement le brun. Bonjour, désolé si je vous ai dérangé. Je ne pensais que... »
« Non du tout, j'allais justement préparer des pâtes à la carbonnara. Tu aimes ça, j'espère ? »
« Euh... Oui, oui bien sûr. Merci. »
« Parfait, fais comme chez toi alors ! Même si Zayn se charge déjà de ça, je pense... Je vous laisse entre vous. »


Tandis que le blond rejoignait la cuisine, le métis poussa un grognement de mécontentement en levant les yeux au ciel. Harry, de son côté, se mordit la lèvre et se gifla mentalement d'avoir agit sur un coup de tête. Il avait totalement omis le fait que Zayn vivait en collocation avec son meilleur ami, s'imposait ainsi chez les gens n'était pas du tout poli. Il pensait à s'excuser et faire demi-tour, prétexter une excuse, mais la main qui glissa délicatement sur son bras l'en dissuada. Le jeune peintre lui sourit et lui fit signe de le suivre, ils longèrent un petit couloir, passèrent devant le salon puis une porte fermée avant de rejoindre une pièce au bout qui, à en juger par l'apparence, devait être sa chambre. Le premier détail qui frappait les yeux, c'était ces différents dessins, croquis et petites feuilles accrochées au dessus d'un assez long bureau. Ce dernier était jonché de pots de peintures, de pinceaux, de calepin... Un chevalet dans le coin de la pièce, près de la fenêtre, un siège devant. D'ailleurs, il devait être en train de peindre avant qu'il ne sonne, car la peinture sur le tableau inachevé semblait encore humide et fraîche. Le bouclé était en pleine contemplation, de chaque parcelle de cette pièce. Elle était tellement à l'image du métis.

Un skate dans un coin de la pièce, un paquet de cigarette sur sa petite table de chevet, un lit défait et une étagère avec du matériel d'art. Ce fut seulement quand il entendit la porte se refermer qu'il sortit de sa rêverie. Il se tourna vers le basané qui avait pris place sur le lit. Il posa son sac à leur pieds et fit de même.


« Désolé si je me suis imposé, j'avais oublié que tu ne vivais pas seul... »
« Ne t'en fais pas. J'attendais ton retour, en fait. Luke en avait assez de me voir tourner en rond d'ailleurs. »
« Ce sera juste pour cette nuit. »
« Tu peux rester ici autant que tu veux, Harry. »


Le bouclé osa enfin relever les yeux vers lui et un sourire gêné se forma alors lentement sur ses lèvres, le regard de Zayn était assez intimidant. Perçant, sombre mais sublime. Surtout lorsqu'il le regardait comme s'il se retenait de se jeter sur lui d'une seconde à l'autre, comme s'il allait le dévorer sous des millions de baisers. Et cela ne lui aurait pas déplus. Cependant, ce regard ne le dérangeait pas. Au contraire, il voulait lui demander de continuer à poser ses yeux sur lui ainsi, de continuer à essayer de voir et lire en lui. Personne n'avait eu un tel effet sur lui, avant. Maël ne l'avait jamais détaillé ainsi. A chaque fois qu'il posait son regard sur son corps, c'était uniquement parce qu'il y voyait un bon objet sexuel. Rien d'autre. Rien de doux, de sincère et de brillant, comme à cet instant là. Harry bougea doucement sa main et vint la glisser sur la jambe sur métis avant de venir chercher la sienne. Il mêla leurs doigts ensemble ce qui fit élargir son sourire et battre son coeur toujours plus fort. Ils s'allongèrent à moitié dans le lit, leurs épaules se touchaient, les pieds encore posés au sol. Le garçon caressa le dos de sa main en retour, il sentait à présent qu'il pouvait se confier, qu'il pouvait parler. Il serait écouté.


« Il était là quand je suis rentré. Il sentait le joint et la bière. Puis la femme, aussi. Mais ça, ce n'est pas nouveau. Je... Il m'a dit qu'il avait cassé son portable, qu'il n'avait pas pu répondre à mes messages ou les voir. Je ne le crois pas, mais j'ai l'habitude qu'il trouve toujours une excuse. Je lui avais un mot sur la table basse qu'il n'a, j'en suis certain, pas pris la peine de lire. Le brun haussa les épaules et poussa un soupir. J'ai préféré ne rien dire, je suis monté pour ranger mes affaires. Puis.. Il est arrivé. Je ne l'ai pas entendu. Il.. Il a posé ses mains sur moi, sur mon bassin, sur ma ceinture. Je savais qu'il voulait juste du sexe, tirer son coup et me laisser là. Comme toujours. La première fois, je l'ai repoussé. Il m'a dit d'arrêter sinon, il allait devenir méchant. Zayn lâcha un rire ironique et secoua la tête. Il a recommencé, il m'a déshabillé. Je me sentais pas bien du tout. Mais c'était encore pire dans le lit. J'avais l'impression de me sentir sale, pas à ma place, puis... J'ai vu ce soutient-gorge, à moitié sous la couverture. Je savais... J'ai toujours su qu'il me trompait, mais me rendre compte de ça dans notre lit, sous notre toit, ça fait tellement mal. C'est pas normal de se sentir comme un étranger chez soi. Je l'ai repoussé, je me suis rhabillé, j'ai pris mes affaires et je suis venu chez toi... Je ne savais pas quoi faire, mais je ne pouvais pas rester là-bas Zayn. Tu... Tu m'as dit de venir dès que je le voudrais, dès que j'en ressentirais le besoin et... »
« Et tu as eu tout à fait raison. Je préfère te voir heureux ici que couverts de bleus chez toi. »
« Ce n'est plus chez moi, je ne me sens plus du tout comme tel. Il a dû coucher avec une fille dans notre lit, pendant que je n'étais pas là. C'est pour ça qu'il n'a pas appelé, aussi. Il voulait la maison pour lui tout seul afin de pouvoir en inviter comme il le souhaitait. »


Admettre une telle chose lui brisait le coeur. Il avait aimé, sincèrement et profondément, un homme qui s'était joué de lui pendant tout ce temps. Un homme qui profitait de sa naïveté, de sa faiblesse pour en tirer son avantage et sa force. Pour le battre à sang, pour l'intimider et l'enfermer dans un cercle vieux, dans une vie d'enfer. Il savait qu'il existait pire, que des tas de femmes souffraient de maltraitances pendant des années sans pouvoir rien y faire. Lui avait la chance d'avoir su trouver une échappatoire, d'avoir une personne telle que Zayn à ses côtés pour le protéger et le soutenir. D'autres n'avaient pas cette opportunité, alors il devait la saisir avant que tout ne s'envole devant lui. Le métis se redressa sur son coude un peu pour le regarder, d'en haut, sa tête appuyée sur sa main. Il n'avait encore rien dit et pourtant ses yeux brillaient de sincérité.


« Tu sais, c'est peut-être précipité mais... Tu peux venir dormir ici autant de fois que tu veux, s'il t'empêche de revenir chez toi pour passer la nuit. Ma porte, notre porte, te sera toujours ouverte. »
« Je m'impose déjà assez dans ta vie comme ça, Zayn. »
« Moi, je ne trouve pas tellement, non. Le garçon sourit alors. Ce n'est pas pour me déranger d'ailleurs. »


Harry sentit ses joues s'enflammer sous ses mots, il ramena leurs mains liées devant eux, près de leur torse et joua avec ses doigts. Toujours ce sourire à la limite du niais sur ses lèvres. Il ne savait pas trop d'où cela venait, ce que ça signifiait réellement, mais il aimait ça. C'était bon, nouveau, addictif et réparateur. Ses plaies béantes au coeur semblaient se refermer lentement. Zayn lui donnait un nouveau souffle, une bouffée d'air pur. Et quand il le regardait, quand il posait ses yeux sur lui à son tour, il se disait qu'il pouvait facilement trouver mieux que lui. Quelqu'un qui ne lui poserait aucun soucis, quelqu'un qui n'aurait pas une relation compliquée avec son copain, quelqu'un qui en valait la peine.


« Pourquoi tu fais tout ça Zayn ? Tu m'aides, tu me soutiens, tu me conseilles, mais tu ne m'as jamais dit pourquoi tu faisais ça pour moi ? »
« Justement, pour toi. Ça fait peut-être partie des choses qu'on ne peut pas expliquer. Tu semblais si timide et resplendissant la première fois que je t'ai vu. Je me suis dit que ça devait cacher quelque chose, mais tout sauf ça... Quand tu m'as parlé de ta passion pour la photographie, quand tu m'as montré des clichés, je t'ai trouvé encore plus intriguant. Encore plus... Unique. Tu étais si réservé et tu cachais tellement de chose, j'ai essayé de trouver ce qui était sous le masque, sous ce beau sourire. Le basané glissa ses doigts sur sa joue, tout près de sa fossette. Et j'ai trouvé... Tu es simplement toi. Tu es Harry. Tu es brisé, tu te sens seul, abandonné et tu crois que tu ne mérite pas l'amour, parce qu'on te l'a fait croire. Pourtant, c'est faux, et je vais te dire... Tu es intelligent, talentueux, magnifique, brillant et réellement fort. Tu ne le sais pas, mais tu es fort. C'est dingue. De supporter tout ça, de savoir garder un sourire et marcher droit. Je te respecte pour ça. Parce que moi, à ta place, j'aurai flanché depuis longtemps. »
« J'aimerai juste avoir assez de force pour le quitter, mais c'est difficile. »
« Oui, je sais, je comprend. Mais... Souviens que tu n'es pas tout seul, Harry. Jamais. »


Jamais. Plus maintenant. Le bouclé hocha la tête, les larmes aux yeux et serra sa main dans la sienne pour dire : je suis là, je te sens aussi et je te remercie. Parfois, la plupart du temps pour lui du moins, les mots faisaient mal. Mais là, à ce moment précis, ils l'avaient emporté sur un petit nuage. Il se sentait aimé, respecté et utile. Sa main libre alla se poser sur le torse du métis, au dessus de son tee-shirt, ses doigts s'y accrochèrent. Lui se recoucha correctement sur le dos et l'attira contre son buste. Il posa sa tête bouclée sur sa poitrine, là où se trouvait son coeur. A travers le silence dans la pièce, il pouvait l'entendre très distinctement battre à une vitesse plutôt constante, assez rapide tout de même. Il ferma les paupières et poussa un petit soupir d'aise en sentant ses doigts se glisser dans ses cheveux. Zayn sentait la cigarette, la lessive et la peinture. Un mélange qui ne lui faisaient pas tourner la tête. Ou seulement dans le bon sens. C'était même agréable. Quand sa main se balada le long de son dos pour remonter ensuite jouer avec ses cheveux. Quand son torse se levait et s'abaisser sous le rythme de sa respiration. Quand les frissons chamboulaient son coeur et ravageaient son ventre. Rien de plus beau. Rien de plus sincère.

Harry se sentait tellement bien et à sa place ici, dans la chambre du basané, entre ses bras, qu'il finit par s'y endormir. Il manquait de sommeil et c'était toujours à ses côtés qu'il parvenait à le trouver. Comme par magie il était transporté dans le pays des rêves. Zayn resta plusieurs minutes ainsi, s'étant bien rendu compte que le garçon dormait et il n'osait pas tellement bouger ou cesser ses caresses de peur qu'il ne se réveille. Prudemment, il se retira de son étreinte. Il devait aller aider Luke en cuisine et lui expliquer un peu la situation. Le bouclé poussa un petit grognement mais saisit rapidement un coussin qu'il ramena contre lui. Le tissu avait la même odeur, la sienne. Il en était imprégné. Assit au bord du lit, le métis l'observa un moment dans son sommeil. Il était si paisible et calme, presque ôté de toute douleur ou tristesse. En apparence du moins. Il se mordit la lèvre et passa une main le long de sa joue avant de pencher pour venir poser ses lèvres sur son front. Puis, il murmura lentement près de sa peau quelques mots, que le bouclé croyait venir tout droit de son rêve.


« Ton copain n'est pas capable de t'aimer, alors moi je le ferai. Et je te montrerai que tu mérites tout le bonheur du monde. Je vais te sauver, Harry. Je te le promets. »


Il parlait dans le vide, il le savait. Mais cela comptait de prononcer ces mots à voix hautes, ou du moins dans un susurrement et pas seulement dans sa tête. Se libérer d'un poids sur ses épaules. Avant de quitter la chambre, il remonta la couverture jusqu'à son torse, l'admira quelques secondes avec un sourire, puis s'en alla à pas de loup, laissant simplement la petite lampe de chevet allumée et la porte fermée. Le bouclé avait besoin de sommeil, de repos et de tranquillité, alors il rejoignit la cuisine où se trouvait Luke. Des assiettes dans les mains, il était justement en train de disposer la table du salon. Ça sentait bon la carbonara, les pâtes finissaient de bouillir sous le couvercle.


« Harry se repose, je ne pense pas qu'il mangera tout de suite. »


Luke hocha la tête et mit ses couverts sur le côté, pour uniquement disposer leur table. Ils mangeaient devant la télévision et un film Marvel qui venait tout juste de commencer. D'abord en silence, puis le blond se mit à parler de son copain, du projet qu'ils avaient de faire un voyage à Amsterdam pendant les prochaines vacances. Ce n'était pas le plus cher et ils pouvaient se permettre de passer quelques jours là-bas. Zayn l'écoutait parler, hochant parfois la tête. Il n'avait presque pas touché à son assiette, et pourtant il adorait ce plat. Le problème, c'était la raison pour laquelle le bouclé dormait actuellement dans son lit. Maël n'avait pas pris de ses nouvelles pendant son séjour chez ses parents, il avait même sûrement profité de son absence pour ramener des femmes à leur maison et coucher avec, dans leur lit. Les coups, les insultes, l'adultère. Il avait remplit le tableau des pires injures et humiliations qu'on pouvait infliger à son partenaire. Harry était perdu, désespéré, chamboulé, faible, triste et il comprenait parfaitement. Il n'allait pas le laisser se détruire dans une telle relation, il devait l'en faire s'en échapper au plus vite. Comme promis, il allait l'aider. Parce qu'il ne méritait pas qu'on le traite avec autant de violence et d'irrespect. Personne d'ailleurs. Il n'était pas trop tard.


« Tu ne m'as pas raconté comment ça c'était passé chez lui au fait, quand tu y es allé ? »
« Bien, je suppose. On a parlé, longtemps. Puis il m'a demandé de rester dormir, que je ne pouvais pas venir que pour ça. Il avait besoin que quelqu'un soit là pour lui, pour lui tenir compagnie. Pour le rassurer. Il m'a demandé des conseils afin de quitter son copain. »
« C'est pour ça qu'il est là, il l'a fait ? »
« Non, pas encore. Il s'est enfui parce qu'il a compris qu'il avait couché avec des femmes pendant son absence. Chez eux. Et qu'il insisté pour qu'ils couchent ensemble là. »
« Oh mince... Mais c'est vraiment un monstre ce gars. »
« Je ne te le fais pas dire. Soupira le métis en jouant avec sa fourchette contre un bout de lardon, fixant son assiette. »
« Tu penses qu'il va le faire ? Quitter son copain, je veux dire... »


Zayn haussa les épaules. Il n'avait pas la réponse. Seul Harry pouvait la connaître et la lui donner. C'était lui qui avait les cartes en main à présent. Soit il choisissait de vivre un futur heureux ou de rester enfermé dans une relation sans amour et sans but, à part la souffrance. Ce n'était pas humain d'endurer cela, mais il ne pouvait pas l'obliger à tout quitter pour lui. C'était un acte égoïste. Alors, il espérait simplement qu'il prendrait la bonne décision, qu'il ne se ferait pas influencer par le pouvoir de manipulation et la force de Maël. Agir ou se détruire. L'espoir ou la perte. Les dès étaient lancés. Et le métis avait réellement peur. Peur de se retrouver blessé et brisé, lui aussi, au final par la décision qu'il prendrait. Parce qu'il s'était attaché au bouclé, il s'était attaché à ce qu'il était, à tout ce qu'il faisait. A son art, à sa passion pour la photographie, à la couleur flamboyante de ses yeux, à son sourire, à son sourire, à sa voix, à son histoire, à son odeur, à sa main dans la sienne, à ses lèvres sur les siennes. Il ne pouvait l'embrasser en retour, lui faire espérer quelque chose, pour ensuite le laisser tomber dans un gouffre. C'était impossible, pas vrai ? Harry n'était pas aussi vil et méchant, il ne pouvait imaginer une telle chose. Et pourtant il y pensait, sans cesse.


« Je ne sais pas. Je n'en sais rien du tout. J'espère pour lui... Il ne mérite pas ce qui lui arrive. Mais, je comprend qu'il prenne son temps pour y réfléchir. On ne peut pas abandonner toutes ses habitudes, tout ses principes et ses attaches du jour au lendemain comme ça. Simplement, je m'inquiète. »
« Pour lui ou pour toi ? »


La question fit relever les yeux au basané, il regarda son meilleur ami et passa une main sur son propre visage. Il s'en faisait pour Harry, évidemment. Pour sa santé, pour son mental, pour sa vie. Parce qu'à cause de son copain, elle était en jeu tous les jours. Mais, d'un autre côté, il s'inquiétait aussi pour lui-même. Si jamais le bouclé préférait garder sa relation, malgré tout, lui que deviendrait-il ? Que ferait-il ? Qui serait-il ensuite à ses yeux ? Un inconnu ? Un simple passant ? Il ne pouvait s'empêcher de penser à toutes ces possibilités. La possibilité que lui aussi serait, peut-être, blessé. Luke connaissait déjà la réponse, alors il posa sa fourchette sur la table et tendit sa main pour venir la glisser au dessus de la sienne. Au moins, il pouvait compter sur son ami si jamais les choses tournaient mal.


« Écoute, ne te prends pas la tête comme ça. Laisse les choses se faire et tu verras que ça ira. Il lui faut du temps. De ce que je vois, il a l'air de bien t'aimer. De tenir à toi et de vouloir que tu es restes à ses côtes. Alors, ne baisse pas les bras. Puis, vous vous êtes embrassés plusieurs fois, là il arrive à peine qu'il se jette dans tes bras. »
« Je ne sais pas trop ce qu'il ressent, tu sais. »
« Et toi alors ? »


Le basané baissa les yeux vers son assiette et inspira un grand coup. Il avait réfléchit assez longuement, durant ses nuits blanches et ses journées dans son lit, à ce que signifiait réellement ce baiser pour lui. Tout ce qu'il avait pu sentir, dans son être, à ce moment. Mais jamais encore il n'avait osé se le dire à voix haute, se l'avouer. Parce que la vérité faisait peur, la réalité l'effrayait totalement. Le paralysait presque. Car ça ne lui était jamais arrivé d'être autant concerné et attaché à la vie d'une personne. Jamais il n'avait juré à qui que ce soit de le sauver, d'être présent pour lui et le soutenir. Jamais il n'avait donné son entière confiance aussi facilement, jamais il n'avait autant ouvert son coeur à quelqu'un. Il se mordit la lèvre et regarda derrière lui, vers le couloir et la porte au fond, la sienne, avant de murmurer quelques mots. Quelques mots qui firent battre sa poitrine encore plus fort et qui tordait son ventre.

« Je l'aime bien. »
« Bien, c'est-a-dire ? »
« C'est à dire que je... Je suis tombé amoureux de lui. »

Art & Coffee. || Zarry.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant